Depuis un certain temps, on débat sur l’environnement pour une meilleure vie sur la planète. Au Congo, le président Denis Sassou Nguesso a consacré une longue réflexion à ce propos dans son livre «L’Afrique : enjeu de la planète». L’Afrique pourrait se définir malheureusement comme une poubelle dans laquelle toute la casse de la technologie occidentale et la contrefaçon chinoise sont reversées ces derniers temps, surtout que les Chinois ont ouvert leurs portes aux commerçants africains. Désespoir et indifférence caractérisent l’africain devant cette arrivée massive de produits mécaniques et électroniques de l’Occident ainsi que des contrefaçons de la Chine. Pourquoi l’Afrique est-elle devenue un dépotoir quand on sait qu’elle était encore «propre», il y a quelques années ?
Depuis la crise économique des années 80 qui a fait que le continent décide de suivre les politiques d’ajustement structurel sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale, le pouvoir d’achat des africains subit une chute vertigineuse provoquant la paupérisation des «larges masses populaires». Dans la zone franc, la dégradation du pouvoir est accentuée par la dévaluation du franc CFA en 1994 par Balladur. En panne de liquidités, les africains se sont rabattus sur les produits de seconde, voire de troisième main. Une situation onéreuse à court terme et financièrement abordable pour l’africain. Cette dégradation du pouvoir d’achat va favoriser l’arrivée d’une panoplie de produits bon marché en provenance de la Chine, premier pays champion dans la contrefaçon technique et électronique, phénomène qui a aussi touché l’Occident qui se bat pour l’endiguer, contrairement à l’Afrique dont les contrôles de douanes aux frontières sont aléatoires. Aussi, le continent apparait comme un véritable dépotoir car trop «indulgent» au niveau de la réglementation sanitaire et environnementale, ce qui favoriserait l’entrée massive des produits de contrefaçon en Afrique, situation amplifiée par la corruption et la complaisance des autorités africaines qui font fi de la paupérisation de leurs sujets.
L’importation des véhicules et appareils électroniques d’occasion devient un véritable danger écologique sur un continent où n’existe pratiquement pas une politique de recyclage des produits usagés. Des études ont révélé que 25% seulement des ordinateurs et téléphones portables ainsi que d’autres appareils électroniques d’occasion arrivent en bon état sur le continent. Et, ce que l’on pourrait présenter comme un moyen pour réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud, apparaît comme une exportation de déchets toxiques. Quand on voit la place qu’occupent largement les véhicules et appareils d’occasion dans les foyers africains, on est en droit de s’interroger sur la qualité de vie de ces derniers dans quelques années quand ils seront abandonnés à l’air libre. Une éventuelle source de maladies cancérigènes… Depuis quelques années, il a été démontré qu’un nombre croissant de véhicules et d’appareils électroniques d’occasion s’exportent vers le continent. Quatre africains sur cinq, par exemple, possèdent des téléphones portables que ces derniers jettent dans la nature quand ils deviennent hors d’usage. Et comme les services de voirie sont aléatoires dans la plupart des villes africaines, où il n'y a pas d’usine de recyclage de ces appareils comme en Occident, on peut imaginer les dangers que courent les africains, pour la plupart analphabètes dans le domaine des nouvelles technologies. Et ces dangers sont accentués par l’arrivée des produits électroniques bon marché importés de Chine et d’autres pays émergents. En Afrique, on attend toujours que l’Occident réagisse contre les dangers de ces produits pour en faire autant. On l’avait malheureusement remarqué dans le scandale du lait frelaté dénoncé en septembre 2008 par la presse occidentale. Et comme les appareils de la contrefaçon tombent souvent en panne, l’africain est obligé de s’en procurer à tout moment et il peut le faire en raison de leur prix abordable. Conclusion : les appareils usagés s’entassent dans la nature à une vitesse exponentielle, une bonne partie de la population africaine utilisant maintenant massivement ce genre de produits.
On voit par exemple comment, dans les pays développés, les véhicules hors d’usage sont envoyés à la casse et que les appareils électroniques déjà utilisés (piles, ordinateurs, appareils-photo, frigos, postes de télévision…) sont repris par les vendeurs à l’achat d’un nouvel appareil. Cela ne se fait pas dans les magasins africains. Il revient aux politiques de penser à la mise en œuvre des conditions de recyclage de ces produits pour éviter certains dangers écologiques. Car en Afrique, les populations ne réalisent pas en général les dangers de certaines matières premières telles l’uranium qui entre dans la fabrication des appareils qu’ils utilisent. Et ces derniers sont souvent laissés dans la nature, et parfois au fond des fleuves et rivières avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer au niveau aquatique.
Aussi des mesures économiques doivent être envisagées. Il faut stimuler le pouvoir d’achat des africains pour réduire la pauvreté. Pour cela, le développement des politiques favorables à la création d'emplois et à la bonne marche du micro-entrepreunariat s'avère primordial. Les autorités africaines doivent lever les obstacles à une concurrence généralisée pour baisser les prix. Et l’État doit faciliter l’accès au crédit et l’investissement pour que les entreprises locales deviennent compétitives. Et l’État doit surtout favoriser l’émergence d’une industrie de recyclage locale qui pourrait transformer l’Afrique dépotoir en une grande usine de recyclage respectant les normes d’hygiène et de sécurité en vigueur. Et cela favoriserait aussi le développement d’un secteur productif.