Cela fait un an que Monsieur François Hollande a été élu Président de la République française, le 16 mars 2012 exactement. L’énorme retentissement qu’a suscité cet événement en Europe et dans le monde s’explique sur le plan international par la géopolitique mondiale et les antagonismes qu’elle génère à différentes époques. En 1981, la guerre froide attisait le vent des conflits sur une base idéologique héritée des péripéties de l’émergence du bloc soviétique face à l’hégémonie occidentale. Même si la France a perdu depuis longtemps de son aura de grande puissance, elle s’honore encore en 2012 de son influence culturelle dans le monde, particulièrement en Afrique. Dans l’Hexagone même, la grande effervescence vécue le jour de l’élection et les jours suivants est à mettre sur le compte de deux appréciations, l’une marquée à l’aune de la subjectivité et l’autre procédant d’une analyse de fond.
Le premier élément s’attache à montrer combien l’hyperactivité de Nicolas Sarkozy avait été considérée comme de l’activisme politique aux yeux d’une majorité de Français. Le deuxième porte sur des actes de gouvernements qui auront été des cristallisateurs d’inégalités sociales (les cadeaux fiscaux). Dans le domaine de la fiscalité généreuse pour les entreprises les plus importantes, du genre CAC 40, la gauche dans son ensemble avait tiré à boulets rouges sur le gouvernement de droite, montrant avec raison combien il était aberrant de crier au gaspi attribué au pouvoir de gauche et de laisser filer à l’étranger des milliards d’euros nécessaires à équilibrer les comptes (sécurité sociale, chômage, différents déficits assortis aux énormes anomalies budgétaires accumulées depuis trente ans) de l’État-Providence.
Les erreurs programmatiques du gouvernement de Nicolas Sarkozy touchent à la réduction drastique du nombre des fonctionnaires, la révision cavalière des différentes cartes (carte scolaire, carte des tribunaux, des hôpitaux), la réforme des retraites, etc.
En 2008, 1 an après l’élection de Nicolas Sarkozy, les problèmes économiques s’aggravent, les taux de chômage prennent l’ascenseur avec à la clef la fermeture d’entreprises. Certaines ayant trouvé refuge sur des terres plus accommodantes pour leurs intérêts disparaissent du paysage français. La grande crise éclate. Et dans cette fourmilière se débattent les gouvernements occidentaux où la mondialisation libérale est sur un nuage au-dessus de ce qu’on appelle les pays émergents les irradiant de leur lumière alors qu’ils tournent le dos aux vieilles nations d’Europe qui ont cru un peu vite que la boîte de Pandore qu’elles ont ouverte dans un élan faussement altruiste allait fournir des gages d’un surcroît de prospérité pour leurs régions exclusivement au détriment des habituels «damnés de la terre». C’est le contraire qui se produit sous nos yeux. Qui a dit que les rapports de force n’étaient jamais statiques ?
Le 16 mai 2012, la France bascule pour la seconde fois en moins de cinquante ans à gauche. Avènement expliqué par les mêmes dispositions d’esprit en ce sens que les Français brûlent vite ce qu’ils ont adoré et adorent ce qu’ils ont brûlé. Probablement un fond de leur passé émergeant de la Barbarie nordique (Germanie) fustigée naguère par Saint Remi, évêque de Reims, lors du baptême de Clovis, le premier roi des Francs, une des tribus germaniques encore païennes. Un éminent Français, Franz Olivier Gisbert, éditorialiste au Point renchérit : «La France n’est pas l’Allemagne. Notre pays est ronchon, individualiste et volontiers émeutier. C’est sans doute pourquoi Hollande avance en colimaçon et prend des chemins de traverse.» (Le Soir du 17 septembre 2012).
Du 12 mai 2012 jusqu’à ce jour, un an seulement a passé, et voilà que déboulent de toutes parts les anathèmes contre un Président qui n’a pas d’autorité, particulièrement selon l’opposition de droite qui lui attribue tous les maux de la terre. Dans la majorité, les invectives ne volent pas haut non plus.
«De quelque côté qu’il se tourne, le Président de la République voit sortir des fumerolles : aux confins de la majorité, Jean-Luc Mélenchon appelait à manifester le 5 mai «contre la finance et l’austérité pour l’avènement de la 6e République». (Le Monde du 3 mai 2013) De même, au parti communiste, il règne un air de fronde depuis le blocage au niveau du Sénat de contre-propositions du PC au projet de loi sur le nouveau cadre de travail. Les écolos ne décolèrent pas à cause de ce qu’ils appellent «les tergiversations de M. Hollande par rapport à son programme de compagne».
Aujourd’hui, la cote de popularité de François Hollande est au plus bas (25%) aux dernières nouvelles. Mais, parmi les griefs retenus contre Hollande, très peu sont consubstantiels à sa gestion : le nombre des chômeurs augmente sans cesse, le remède serait-il la croissance sans austérité budgétaire, la confiance ou la rigueur tous azimuts ? Pourtant, les économies européennes ne décollent pas à l’exception de quelques îlots aux dirigeants marqués par la volonté inébranlable de raboter les dépenses sociales, de démolir des pans du système d’aide aux pauvres.
La France serait-elle la seule à tordre le cou à la finance internationale et aux politiques libérales, sources d’austérité budgétaire et de dérégulation de la fiscalité ? François Hollande devra-t-il reprendre le chemin inverse de François Mitterrand en 1983 en procédant à des nationalisations et devra-t-il compter sur le soutien total des Français sans se trouver pris par des courants contradictoires qui oscillent entre l’individualisme atavique et le mépris feutré du collectivisme ?
Débrouiller cet écheveau compliqué est le signe des dieux et non des hommes, fussent-ils d’indécrottables débatteurs.