La Chine est devenue en moins de deux décennies une référence en matière de développement. Partie de rien, elle est aujourd'hui adulée par les économies occidentales auxquelles elle n'a rien à envier. C'est pourquoi, selon cette réflexion parvenue à notre rédaction, l'Afrique peut s'inspirer du modèle chinois pour booster son développement.
Le processus de transition économique en Chine est très instructif dans la mesure où il peut fournir un nombre d'enseignements intéressants et importants pour d'autres économies en transition, quant à la stratégie de réforme à poursuivre : son rythme, les secteurs à cibler en priorité, son ordonnancement et les ingrédients clés.
Premièrement, l'état initial de l'économie à réformer détermine laquelle de l'approche graduelle ou de la thérapie de choc est la stratégie de réforme la plus appropriée. Ainsi, la Chine a commencé son processus de réforme dans une position relativement avantageuse. En effet, même si l'économie ne fonctionnait pas efficacement en raison des distorsions générées par le système de planification, il n'en demeure pas moins qu'elle affichait une croissance positive, une inflation et des déficits faibles, une épargne élevée et un faible endettement extérieur. C'est la raison pour laquelle l'économie chinoise n'a pas eu à recourir à une transition avec un programme de stabilisation macroéconomique. Par ailleurs, la Chine a maintenu le contrôle politique centralisé entre les mains du parti communiste, à la différence des autres économies de transition en Europe qui ont vu la fin de leurs Etats communistes. La réforme politique n'étant pas à l'ordre du jour, le point de départ de la réforme économique en Chine résidait dans une relative stabilité économique et politique.
L'agriculture comme tremplin
Deuxièmement, la réforme a été initialement focalisée sur un secteur de l'économie qui offrait les plus fortes chances de réussite. Dans le cas de la Chine, il s'agissait du secteur agricole, un secteur clé en termes d'emploi, qui a été sacrifié pendant la période de planification centralisée. Etant donné le potentiel considérable et la probabilité de réussite de sa réforme, il représentait un bon tremplin pour la mise en œuvre de réformes ultérieures. Sa croissance rapide pendant la première période de réforme a amélioré considérablement la productivité à travers la réallocation des ressources, la croissance de la production et l'augmentation du revenu des paysans. Cette dernière a généré une épargne rurale considérable et donc des fonds pour l'investissement dans les entreprises des communes et des villages, qui allaient constituer la composante dynamique majeure du secteur non étatique. Suite à ce premier succès, la cible des réformes est devenue le secteur industriel, au milieu des années 1980, où l'accent a été mis sur une plus grande autonomie des entreprises.
Un ingrédient unique et dynamique
Troisièmement, dans le secteur industriel, la Chine possède un ingrédient unique et dynamique : les Entreprises des Communes et des Villages (ECV). En effet, les ECV contribuent de façon majeure aux exportations et au développement de l'économie de marché. Elles ont créé environ 100 millions de nouveaux emplois depuis le début du processus de réforme et favorisé l'industrialisation du monde rural. Bien que les aspects du phénomène ECV soient spécifiques à la Chine, leur expérience fournit des enseignements intéressants pour les autres économies en transition, notamment l'importance de la libéralisation des marchés et de la concurrence, la nécessité de soumettre les entreprises à la sanction de la contrainte financière et le besoin d'incitations appropriées pour les collectivités locales.
Quatrièmement, les économies en transition devraient s'intégrer, le plus vite possible, à l'économie mondiale. A cet égard et depuis le début de la réforme économique, la Chine s'est progressivement ouverte et intégrée dans l'économie mondiale, une percée qui s'est traduite par une augmentation de son commerce extérieur et des flux d'investissements directs étrangers en sa faveur. Il faut souligner ici que le choix par le gouvernement chinois de l'ouverture et de l'intégration économique a été en grande partie inspiré par les expériences de ses voisins régionaux dynamiques. Un choix payant puisqu'en moins de deux décennies, la part de la Chine dans les exportations mondiales a presque triplé. La politique d'ouverture lui a permis d'accéder à la technologie et aux idées occidentales par le biais des investissements directs étrangers (IDE), qui ont joué un rôle clé dans son processus de développement économique.
Par ailleurs, la Chine jouit d'une position avantageuse grâce à ses liens culturels, familiaux et historiques avec Hong-Kong. Enfin, avec une main d'oeuvre relativement bon marché, qualifiée et flexible, la Chine restera une destination attractive pour les IDE, notamment