Article publié le 2012-07-04 par Par Saïda Lamouatagh, Art Universel, Photo : Michael CHIA Culture
Bai Kamara junior - artiste musicien, «La chanson est reine au service de l’auditeur» [05/2012]
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Bai Kamara junior, né en Sierra Léone, a fait du chemin depuis la sortie de son premier album soul acoustique en 2001, intitulé «The Living Room/ Intrinsic Equilibrium». Présent depuis de nombreuses années dans le spectre musical national et international, enchaînant collaborations, projets et tournées, il nous revient aujourd’hui avec un quatrième album solo «This is home». Un disque qui sait faire vibrer la corde sensible des coeurs insensibles. Rencontre avec un artiste engagé et organique.

Le Nouvel Afrique (LNA) : Bai, qu’est-ce qui vous a conduit à faire de la musique ?

Bai Kamara jr : Je me rends compte aussi que vous pourriez me demander pourquoi ça m’a pris si longtemps avant que je me décide à devenir musicien. La musique a toujours été présente autour de moi, sous diverses formes. Dans les années 80, je suis parti à Manchester (Angleterre) pour poursuivre mes études commerciales. J’y ai trouvé ma première guitare acoustique et un an après, mon cousin m’a acheté mon premier ampli. Ce n’est qu’en arrivant à Bruxelles, au début des années 90, que je me suis décidé à faire de la musique professionnelle. Le paysage musical bruxellois riche de musiques jazz, blues, funk m’a encouragé dans cette voie. J’y ai découvert d’excellents musiciens, avec qui je continue de jouer aujourd’hui.

LNA : Vous avez débuté comme compositeurparolier, et avez joué dans divers groupes (bands). Quand avez-vous décidé de vous lancer dans une carrière solo ?

BKJ : La raison principale de me lancer dans une carrière solo est que j’avais très envie de découvrir et d’explorer de nouvelles choses. Cependant, il est important de savoir que je ne suis pas un artiste solo, en soi, j’ai ma bande de musiciens. C’est vrai aussi qu’on me réserve souvent en solo pour les concerts. J’ai été dans mon premier groupe durant presque huit ans, et à un moment, j’ai eu le sentiment que nous étions arrivés, en tant que groupe, à la fin de notre destination musicale.

LNA: Fondamentalement, votre musique s’inspire de la Soul. Pouvez-vous définir votre style musical, «the Bai Kamara Jr touch», aux lecteurs du Nouvel Afrique ?

BKJ : Vous avez raison. Fondamentalement, mon style musical est la Soul, telle une graine plantée en moi dans mon enfance en Sierra Leone, et qui, depuis, ne cesse de se développer. Grâce à mes oncles et mes tantes, j’ai découvert des artistes «soul» bien connus dans les années 70, tels que Marvin Gaye, Curtis Mayfield. J’essaye continuellement d’apporter d’autres styles musicaux à mes fondamentaux. Autrement dit, mon cocktail est à base de soul, j’y ajoute du funk, du jazz, du reggae, du latino, et je mixe le tout.

LNA: Vous avez travaillé et êtes parti en tournée avec de nombreux musiciens et artistes de tous horizons. Parmi eux, Youssou N’Dour, Habib Koité, Cassandra Wilson, Keziah Jones, Zucchero, Dani Klein de «Vaya con Dios», Quentin Dujardin, Tuur Florizoone, parlez-nous de ces rencontres …

BKJ : J’aime collaborer avec d’autres artistes, c’est une expérience inouïe. Avant tout, c’est une manière d’élargir ses horizons. Je me sens chanceux d’avoir eu l’opportunité de travailler avec tous ces artistes.

J’ai rencontré Youssou N’Dour à Genève en 2002, au concert de charité organisé à l’occasion du 50e anniversaire de l’UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés). J’ai été invité avec d’autres artistes à travailler avec Youssou au Sénégal, sur un album appelé «Refugees Voices». Youssou était très aimable et serviable à tous les niveaux. Il m’a guidé et encouragé. Sur place, j’ai beaucoup appris de lui. A mon retour en Europe, Youssou et moi sommes restés en contact, et durant l’année 2003, j’ai assuré les premières parties de ses concerts en Belgique.

Travailler avec une artiste comme Dani Klein a été une autre expérience artistique très enrichissante, tant sur scène qu’hors scène. En 2008, j’ai fait toutes les premières parties lors de sa tournée en Belgique, jouant vingt minutes dans des salles bondées, devant un public, son public, qui n’avait jamais entendu parler de moi. En général, j’ai été très chaleureusement accueilli, ça m’a donné davantage d’assurance en tant qu’artiste-interprète solo. Plus remarquable encore, à chaque concert, Dani avait l’habitude de m’inviter en plein milieu de son show pour chanter avec elle «Substitute », une chanson que j’avais composée. De cette façon, d’artiste inconnu j’étais devenu artiste à part entière. Grâce à cette rencontre et cette collaboration, j’ai pu être un témoin privilégié sur sa manière, bien à elle, de travailler avec son groupe, j’ai beaucoup appris.

Durant une session musicale avec Tuur Florizoone, on a pris tellement de plaisir à jouer ensemble de la musique que j’ai souhaité renouveler cette collaboration encore et encore... Ainsi, lorsque j’ai composé le morceau «Rise», j’ai su que Tuur apporterait la touche que je recherchais et embellirait la chanson comme personne. Travailler avec lui en studio a été tout aussi intéressant, car il a une vision musicale différente de la mienne. Il est venu avec ses idées, et cela a donné un nouvel angle, très particulier, à la chanson «Rise».