Indexée comme étant un continent à la traîne en matière de démocratie, l’Afrique regorge de pays dont l’exemplarité démocratique est un cas d’école. Zoom sur quelques-uns de ces pays où la liberté d’expression et le respect du choix du peuple sont une réalité.
La démocratie survit à l’Afrique. Plusieurs pays africains ont, au fil des ans, pu imprimer une dynamique démocratique à la gestion de leur cité. Plusieurs années durant, le continent semblait passer pour le parent pauvre de la démocratie dans le monde. Petit à petit, comme un nid d’oiseaux, les pratiques commencent à prendre forme. De nombreux pays africains reçoivent de bonnes notes de la part des institutions chargées de jauger l’état de la gouvernance dans les nations africaines. Il y a, par exemple, l’Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance qui, chaque année, classe les pays africains en fonction de leur succès dans le domaine de la bonne gouvernance. Cet indice permet de constater qu’au fil des ans, la démocratie gagne du terrain en Afrique. On ne peut pas parler de démocratie, sans parler de bonne gouvernance, sans faire cas d’élections libres et transparentes, sans brosser les actions de lutte contre la délinquance économique. La démocratie est un tout. Des pays africains en ont mesuré la portée attirant parfois les yeux doux de nations dites de tradition démocratique telles que les États-Unis d’Amérique. En effet, dans l’Ouest africain, le Ghana s’illustre de fort belle manière à cet effet. Les élections présidentielles sont régulièrement organisées dans ce pays avec, à la clé, l’alternance au sommet de l’État sans heurts ni contestations. Cette performance a permis au pays du Président John Atta-Mills de recevoir la visite du Président américain Barack Obama en juillet 2009. Cette visite hautement symbolique a donné des ailes à cette jeune démocratie qui n’a qu’une dizaine d’années. «Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années», dit-on. Toute démocratie qui veut s’enraciner dans les entrailles de l’existence des peuples a besoin d’être forgée sur les réalités des peuples qui la pratiquent. Au Ghana par exemple, la chefferie traditionnelle a été institutionnalisée. Sachant que les tenants et les garants de la tradition que sont les chefs coutumiers sont des maillons essentiels d’une coexistence pacifique entre les ethnies, donner une place de choix à ces chefs les met à l’abri de divers maux tels que la corruption, le délit de faciès, la concussion, etc. Barack Obama l’a dit : «l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes». Et, avoir des institutions fortes suppose d’être capable de bien gérer la séparation des pouvoirs. Cette séparation des pouvoirs doit être au-dessus des susceptibilités et des intérêts des individus. Car, en toute logique, la démocratie ne s’invente pas. Elle est simplement la quintessence d’une organisation politique qui contribue à l’épanouissement des nations. En Afrique, des pays comme le Bénin, le Mali, l’Afrique du Sud, le Botswana, le Niger, pour ne citer que ceux-là, tirent leur épingle du jeu.
De bons élèves
Les bons élèves en matière de démocratie foisonnent sur le continent. L’évolution actuelle du monde ne permet pas aux pays de se mettre en marge de ce système politique. Ceux qui s’y hasardent risquent d’être voués aux gémonies. Sur le continent, le Botswana, le Niger, l’Afrique du Sud, le Bénin ont fait preuve d’une stabilité politique qui mérite d’être citée en exemple. La particularité de ces pays est qu’ils ont, au fil des ans, travaillé à éduquer et sensibiliser leur peuple sur les bénéfices de cette forme de gouvernance. Le Botswana, petit pays situé au coeur de l’Afrique australe, ne cesse d’étonner les décideurs politiques par son incorruptibilité. Chaque année, ce pays occupe le haut du peloton de classement des institutions de lutte contre la corruption sur le continent. C’est de bonne guerre pour cet État. Les filles et fils du Botswana ont compris que s’enrichir illicitement, c’est plonger le pays dans le chaos ; c’est participer à accroître le chômage avec ses corollaires, le banditisme et l’insécurité. Tout comme le Botswana, le Mali, État situé au coeur de l’Afrique de l’Ouest, a prouvé qu’un militaire peut prendre le pouvoir d’abord, ensuite le rendre au civil pour enfin, revenir par la voie des urnes se faire élire président de la république. Le Président actuel du Mali, Ahmadou Toumani Touré l’a fait. Au terme de deux mandats, il a même décidé qu’il ne se représentera plus comme candidat. Un exemple de patriotisme et d’état d’esprit démocratique. Les grands hommes sont ceux qui peuvent quitter la table du Seigneur le ventre creux pour donner une chance aux générations à venir de se nourrir, se vêtir, se loger. L’Afrique a besoin d’hommes et de femmes qui acceptent de se contenter de peu pour l’intérêt supérieur de la nation. Au Bénin, le Président Yayi Boni a décidé de suivre l’exemple du président malien. Lors de la visite récente du Pape Benoit XVI dans ce pays, le président Boni a fait le choix de ne pas se présenter aux élections présidentielles à venir, une fois ces mandats achevés. C’est une hauteur d’esprit, une vision pour les premiers responsables d’un pays que d’admettre que d’autres personnes peuvent conduire la destinée de la nation en leur absence. Nul n’a été prédestiné à être président de la république, c’est seulement grâce à des concours de circonstances, grâce à un ensemble d’opportunités réunies qu’on le devient. L’Afrique a des modèles de démocratie ; reste à travailler à répandre ces modèles, de sorte que les Africains puissent jouir des bénéfices réels de la démocratie.