Les vacances d’été se sont achevées en ce mois de septembre calamiteux au sens propre et figuré sur des annonces plutôt sinistres. « Début août, les vacances interrompues du premier ministre britannique, Davis Cameron, et du Président de la République Nicolas Sarkozy ont symbolisé l’effet de surprise déclenché par le regain d’une crise démarrée en 2007. Le premier devant affronter des émeutes ; le second devant faire face à la rumeur d’une dégradation de la note française et convaincre la chancelière allemande Angela Merkel de sauver à nouveau la Grèce. Car rien n’a été réglé. La récession est installée dans les Etats fragiles, l’austérité budgétaire bride les perspectives de croissance des grands pays, la crise sociale a secoué le Royaume Uni, un pays réputé « assaini ». Les doutes sur la santé des banques et les Etats endettés, y compris les Etats-Unis – dont la note a été dégradée – ont fait dévisser les marchés. Enfin, le déséquilibre mondial engendré par l’obésité exportatrice et financière ne se résorbe pas. Surtout, l’incapacité des décideurs politiques à s’accorder sur le passage à des solutions plus radicales et innovantes que celles tentées jusqu’ici ajoute à la crise de confiance (Le Monde du 5-6 septembre 2011 dans la rubrique économie).
L’Occident dans son ensemble est incontestablement atteint par la sinistrose dont l’ampleur n’est pas certes envisagée de la même manière partout.
Grèce, haro sur le baudet
Les Etats européens comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne doivent, à la différence d’autres plus solides à l’exemple de l’Allemagne et des pays scandinaves, surmonter d’énormes handicaps structurels. Particulièrement pour la Grèce, il s’agit de graves difficultés dont les symptômes ressemblent fortement à ceux des Etats situés dans l’hémisphère sud : les finances publiques mal maitrisées (déséquilibres des dépenses et des recettes à cause du manque de rigueur dans la gestion des ressources) et une fiscalité à somme nulle depuis des décennies, l’Union européenne contribuant par le versement des subsides dans ce tonneau de Danaïdes qu’est la Grèce, à une aggravation des déficits. Qu’à cela ne tienne, ce pays européen, symbole fort de la civilisation occidentale tant par son génie propre que par l’immense apport culturel de l’Orient (Asie mineure) qu’il a transmis du fait de la proximité géographique dont la Méditerranée est le socle inexpugnable, devait être sauvé un peu comme le soldat Ryan du film de Steven Spielberg « Il faut sauver le soldat Ryan ». Ce n’est pas encore le cas. Le « pragmatisme » allemand ou ce qui ressemble à de l’égoïsme national est passé par là.
Les pauvres grecs sont aujourd’hui en proie aux angoisses des lendemains qui ne chantent pas du tout. Une chape de plomb est comme tombée sur eux. En considérant même qu’ils peuvent trouver dans leur inconscient collectif, les raisons de la tragédie dont ils furent au Vème siècle avant Jésus- Christ les inventeurs. Ce serait irresponsable de les laisser tomber. Or les tergiversations des responsables politiques européens et des groupes financiers internationaux pour avoir assorti aux aides à la Grèce, les conditions à remplir par cette dernière ajoutent à la sinistrose pour toute l’Europe. Le motif est simple. Punie pour l’exemple, la Grèce n’ira pas seule au fond du trou. En tout cas, la zone euro ne peut s’offrir le luxe d’un effet boule de neige consécutif à la sortie d’un membre. Dans le cas d’espèce, on pourrait craindre la fin de la monnaie unique et un coup d’arrêt à la construction européenne. Ce qui devrait conduire à une situation impossible à imaginer étant donné l’interconnexion des structures de décision de l’Union européenne et des Etats qui la composent. Personne n’en sera quitte.
La Chine, un bouc-émissaire
Le cas de la Grèce éclaire, à n’en point douter, la marche du monde occidental, installé probablement dans une longue période de turbulences. Les conditions pour revenir à une conjoncture plus apaisée ne sont pas à chercher dans les mesures de rétorsion contre la Chine, véritable poids lourd mondial, accusée ici et là de dumping, de protectionnisme ou encore de déloyauté commerciale par la sous-évaluation de la monnaie chinoise le Yuan. Elles ne serviraient à rien.
Par exemple, il ya belle lurette que la balance commerciale française a cessé d’être compétitive. La maîtrise des dépenses publiques même ment. Et ce pays n’est pas le seul de l’Union européenne à présenter un tableau si déprimant mais probablement celui dont l’opinion publique a le moral le plus atteint. Selon un récent sondage 82% des Français sont pessimistes quant au redressement à moyen terme de leur économie. Dans une majorité d’Etats membres de l’UE, les gens se sont agrippés à leur peur de l’austérité considérée comme inéluctable et consomme de moins en moins. Ce qui accélère le processus de récession et l’aggravation des déficits publics ne peut qu’amener plus de rigueur c’est-à-dire moins de crédits aux entreprises qui licencient et embauchent à la portion congrue. Le cercle de pauvreté s’élargit aux classes moyennes en attendant que la grogne sociale gonfle de plus en plus jusqu’à l’explosion finale.
« La solution à la crise systémique des économies occidentales ne peut venir des recettes classiques. Il faut dès maintenant engager une réflexion de fond qui débouche sur une vision nouvelle de la manière dont doit fonctionner la société »
L’analyse économique ne suffit sûrement pas à circonvenir les contours complexes de la crise du système capitaliste (récession, sous-emploi structurel, croissance à très faible pourcentage ; la perte de confiance dans les indicateurs macroéconomiques fragilise les banques dont on ne sait plus très bien distinguer les sphères d’activités – banques de dépôts ou des investissements ? La tendance n’est-elle pas de privilégier l’économie spéculatrice par rapport à l’économie réelle). Les conjonctures sont ainsi devenues incontrôlables. Elles se manifestent ainsi par le yo-yo des principales places boursières. Disons que la sortie de crise à moyen terme dans les contrées considérées d’Europe ou d’Amérique du Nord, tiendrait un peu plus à une refondation des manières de vivre.
1) Pour la plupart des occidentaux et de ceux qui, à travers les continents, surfent sur les attraits de la société de consommation, consommer moins pour ne pas avoir à produire plus, tient d’une vue de l’esprit. C’est hors de propos. Ce qui conviendrait plutôt de conseiller est de se débarrasser des besoins superflus ou carrément inutiles, ces derniers ayant le pouvoir diabolique d’induire tous les écarts déséquilibrés entre les riches et les pauvres, le fait que 20% des hommes détiennent 80% des ressources d’un pays ou d’une planète.
2) Rétablir les liens humains et sociaux. Cela pour éviter que les sociétés contemporaines ne sombrent dans le vide des égoïsmes. Ceux-ci s’ils cimentent les réussites des particuliers essentiellement minoritaires, sont des impasses qui, par définition ne conduisent nulle part.
Dans la perspective où les remèdes apportés aux problèmes de la dette semblent isoler du reste de la problématique laquelle est systématique, Monsieur Jean-Louis Borloo ancien premier ministre du gouvernement Sarkozy et tête d’ affiche
des radicaux Centristes, crie casse-cou. Il le disait récemment lors de l’émission « les 4 vérités » de France 2 à sa manière faussement nonchalante : « La solution à la crise systémique des économies occidentales ne peut venir des recettes classiques. Il faut dès maintenant engager une réflexion de fond qui débouche sur une vision nouvelle de la manière dont doit fonctionner la société »