La paix se dessine en république centrafricaine. En août dernier, l’une des dernières factions rivales au pouvoir de Bangui, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) de Mahamat Sallé a signé un accord de paix qui, en principe, marque la fin de la guerre et, le retour de la paix dans ce pays meurtri par des décennies de guerre civile. La paix n’a pas de prix même si elle a un coût : le sacrifice.
La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) quitte le maquis pour s’installer à la table de la paix autour du Gouvernement de Bangui et des populations centrafricaines. Un accord de paix a été signé en août dernier permettant de tourner la page de la guerre pour s’inscrire dans celle de la paix et de la vie civile. Cet accord de paix rentre dans le cadre de l’accord global de paix en Centrafrique, entamé depuis 2008. Le dernier accord, par sa symbolique, est celui sur qui, reposent tous les espoirs des populations de ce pays. En effet, le CPJP est considéré comme le dernier groupe rebelle en activité en Centrafrique après les accords passés entre les autres groupes rebelles et le pouvoir du président François Bozizé. De ce fait, cet accord prévoit entre autres, la cessation définitive des hostilités, le cantonnement des ex-combattants de la CPJP sur une partie du territoire déterminée en commun accord, leur intégration dans le programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) et, la liberté à son chef, Mahamat Sallé, de pouvoir circuler librement avec des conditions sécuritaires garanties. Ce qu’il faut saluer dans cet accord c’est qu’il est le fruit de négociations entamées par les Centrafricains de concert avec les africains. Il est la résultante d’une mission de pourparlers entamée en juillet dernier à Nzako (nord-est), fief de cette faction rebelle par le Médiateur centrafricain Monseigneur Paulin Pomodimo. Grâce au charisme de cet homme d’Eglise, appuyé par le Gabon, les ex-rebelles ont accepté de faire la paix et de déposer les armes afin de construire ensemble la Centrafrique. De nombreux accords ont souvent été signés sans être respectés par les différentes parties. Celui de ce mois d’août a la particularité d’avoir été piloté par des hommes et des femmes qui font l’unanimité tant auprès du Gouvernement de François Bozizé (le chef de l’Etat) que des factions rebelles.
La nécessité de tourner la page
L’accord de paix signé entre les groupes rebelles et le pouvoir de Bangui est historique. Cet accord de paix comme l’ont souligné ces signataires, permettra aux citoyens de vaquer librement à leurs occupations et d’enclencher le développement de la Centrafrique. Longtemps, ce pays a été meurtri poussant des milliers de ses concitoyens à l’exil. De nombreuses familles ont souffert de cet état de ni paix ni guerre, à telle enseigne que l’on avait souvent l’impression de s’installer dans l’enlisement et la morosité d’une guerre civile qui n’en finit pas. La paix prend toute son importance devant la souffrance de ce peuple qui n’a rien fait pour mériter un tel sort. La Centrafrique a toujours été un pays de paix. Cette tradition ne doit pas être dénaturée ni déviée de son objectif premier qui est de servir la population. La paix n’a pas de prix lorsqu’on veut promouvoir le développement de son pays. Aucun pays, aucune nation n’a pu bâtir son économie dans la tourmente de crise sociale ou de guerre civile. La Centrafrique ne fera pas l’exception. Les richesses convoitées que ce soit par l’extérieur ou par l’intérieur ne doivent attiser les appétits à telle enseigne que les fils d’un même pays prennent les armes les uns contre les autres. La rivalité ethnique non plus ne doit pas faire oublier aux fils et filles d’une nation, le devoir de l’humanité qui est de vivre ensemble dans la différence et le brassage des cultures. Aucun peuple n’est une île.
Quelques termes de l’accord
Au terme de cet accord, les 2 parties s’engagent à : « respecter la Constitution de la République Centrafricaine en toutes ses dispositions, l’arrêt immédiat des hostilités, l’abstention de tous actes militaires ou toutes autres formes de violences ainsi que l’arrêt de toutes campagnes médiatiques de nature à nuire aux efforts visant à faire prévaloir l’esprit de fraternité et la concorde nationale, le cantonnement des forces sur le territoire centrafricain à définir par les 2 parties en attendant le processus de mise en oeuvre du Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR), la création des conditions du retour des populations déplacées pour cause de conflits. Le mouvement s’engage à ratifier l’accord de paix global signé en juin 2008 au Gabon, s’impliquer de manière concrète au processus DDR et intégrer le comité de pilotage du DDR. En cas de divergence sur l’application du présent accord, l’une ou l’autre partie peut faire recours au Conseil Nation de la Médiation centrafricaine. En cas d’échec de la médiation, l’une ou l’autre partie peut faire recours au président gabonais du comité ad ‘hoc de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) sur les questions centrafricaines ».
Source : radio Ndéké