En février 2008, le Tchad s’est résolument engagé dans le processus de développement participatif à travers la décentralisation. Vingt-deux régions ont été créées pour dynamiser les potentialités et mettre à profit les opportunités en vue du développement du pays.
Une jeune décentralisation au contact des réalités d’un jeune Etat : le Tchad. Après 50 ans de souveraineté, le Tchad tente l’expérience de la décentralisation. Lancé officiellement en 2008 avec le découpage administratif en 22 régions, le président Idriss Déby Itno ne veut pas que son pays soit en marge du vaste mouvement de décentralisation en vogue sur le continent. Quoi de plus normal, à travers cette forme de développement participatif où les populations à la base sont maîtresses de leur destin, de permettre un foisonnement d’idées et d’initiatives au niveau local afin de booster le développement. On ne se développe pas, on développe comme le préconisait Joseph Ki Zerbo. Il est prouvé que lorsque les populations à la base identifient leurs problèmes de développement, les solutions sont faciles à trouver et à mettre en oeuvre. Cette réalité tranche d’avec les politiques de développement «importées» et en déphasage avec les réalités des peuples. Chaque espace de vie à ses réalités, ses exigences, ses us et ses coutumes, ses antagonismes et ses opportunités, fruits de sa singularité. Le Tchad est un pays riche en pétrole et plusieurs régions disposent de potentialités agricoles énormes. Selon le site «Tchaddécentralisation », en 2006, le secteur de l'agriculture occupait 83,2 pour cent de la population active et contribuait à la formation de 20,5 pour cent du PIB. Seuls 2,9 pour cent du territoire sont cultivés. Première culture commerciale, la production de coton-graine est passée de 158 700 tonnes en 1990 à 86 000 tonnes en 2006. Le millet (voir mil) est la première des cultures vivrières (589 754 tonnes en 2006). La production de riz paddy s'élevait à 106 572 tonnes en 2006. Le Tchad est également le deuxième producteur mondial de gomme arabique (35 000 t) avec le Soudan. Si les potentialités sont exploitées au mieux, le pays pourrait ravir la vedette au Soudan en occupant la première place de la production de gomme arabique au monde. Sans oublier l’or noir qui, de façon progressive s’invite au débat économique du pays. Par an, ce sont des millions de dollars qui seront récoltés à en croire «Tchaddécentralisation » : «le gouvernement tchadien mise désormais sur le pétrole pour permettre à l'économie nationale de décoller. Mise en oeuvre sous l'égide de la Banque mondiale, l'exploitation des ressources pétrolières du Tchad commencée en 2003 devrait lui rapporter 80 millions de dollars par an.» Cette richesse ira au peuple car «la Banque mondiale a obtenu de N'Djamena l'adoption d'une loi assurant une gestion «saine et transparente» des revenus pétroliers. Celle-ci prévoit que 85% de ces revenus seront investis dans les secteurs prioritaires (éducation, santé, environnement, eau, développement rural, infrastructures). 10% seront bloqués sur un compte d'une banque internationale à l'étranger, «pour les générations futures », et 5% iront d'office au bénéfice des populations de la région de Doba.»
Poursuivre le développement endogène
Le bénéfice intrinsèque que le Tchad tirera de la décentralisation est sans conteste le développement endogène. Par ce processus, les populations sont responsables de leur développement. Ce sont elles qui sont face à leurs réalités. Ce sont elles qui prennent leurs responsabilités devant l’histoire. Le peuple Tchadien a montré qu’il est capable de vaincre l’adversité de la nature par la force des bras de ses jeunes valides. Les femmes Tchadiennes, qui représentent 52% de la population sont un atout pour ce pays en devenir. Au Tchad, la paix est en train de faire ses effets avec les chantiers multiples. Les canons cèdent la place aux initiatives. Avec la décentralisation, le pays retrouve sa vitesse de croisière en termes d’initiative locale de développement. Malgré que cette décentralisation ne soit qu’à ces débuts, le cadre institutionnel étant déjà là, les fondations sont posées. Petit à petit, les populations seront formées, informées et sensibilisées sur la décentralisation en vue de leur pleine participation au processus. On ne décentralise pas en dehors des populations à la base ; on ne décentralise pas sans le peuple. Le Président français Charles de Gaulle avait raison lorsqu’il disait dans son oeuvre intitulée «Vers l'armée de métier» que "la seule voie qui conduise à l'esprit d'entreprise, c'est la décentralisation". Et, celle-ci est en marche au Tchad.
Situation actuelle des 22 régions depuis février 2008
19 février 2008, création de nouvelles régions : Borkou, Ennedi, Tibesti par démembrement de la région Borkou-Ennedi-Tibesti, Sila par division de la région Ouaddaï, Barh El Gazel par division de la région Kanem[1].
N° Région / Chef-lieu / Départements
1 Batha / Ati / Batha Est, Batha Ouest, Fitri
2 Chari-Baguirmi / Massenya / Baguirmi, Chari, Loug Chari
3 Hadjer-Lamis / Massakory / Dababa, Dagana, Haraze Al Biar
4 Wadi Fira / Biltine / Biltine, Dar Tama, Kobé
5 Barh El Gazel / Moussoro / Barh El Gazel Nord, Barh El Gazel Sud
6 Borkou / Faya-Largeau / Borkou, Borkou Yala
7 Ennedi / Fada / Ennedi, Wadi Hawar
8 Guéra / Mongo / Barh Signaka, Guéra, Abtouyour, Mangalmé
9 Kanem / Mao / Nord Kanem, Kanem, Wadi Bissam
10 Lac / Bol / Mamdi, Wayi
11 Logone Occidental / Moundou / Dodjé, Lac Wey, Ngourkosso, Guéni
12 Logone Oriental / Doba / Nya Pendé, Pendé, Monts de Lam, Nya, Kouh-Est, Kouh-Ouest
13 Mandoul / Koumr / a Barh Sara, Mandoul Occidental, Mandoul Oriental
14 Mayo-Kebbi Est / Bongor / Mayo-Boneye, Kabbia, Mont d'Illi, Mayo-Lémié
15 Mayo-Kebbi Ouest / Pala / Lac Léré, Mayo-Dallah
16 Moyen-Chari / Sarh / Barh Kôh, Grande Sido, Lac Iro
17 Ouaddaï / Abéché / Abdi, Assoungha, Ouara
18 Salamat / Am Timan / Aboudeïa, Barh Azoum, Haraze-Mangueigne
19 Sila / Goz Beïda / Kimiti, Djourouf Al Ahmar
20 Tandjilé / Laï / Tandjilé Est, Tandjilé Ouest
21 Tibesti / Bardaï / Tibesti Est, Tibesti Ouest
22 Ville de Ndjamena / Ndjamena / 10 arrondissements municipaux