Après deux années de blocage institutionnel, l’air du renouveau souffle désormais au Niger suite au second tour de l’élection présidentielle du 12 mars dernier. Une présidentielle qui a consacré la victoire de Mahamadou Issoufou, figure emblématique de l’opposition, avec 57, 95 % des voix lors du second tour contre son principal challenger, Seïni Oumarou. Lors de son investiture, le nouveau président a salué la maturité politique et le sens élevé de responsabilité du peuple nigérien qui a voté dans la transparence et la sérénité. C’est toute une page sombre de la démocratie nigérienne qui se referme ainsi.
Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle au Niger tenue le 12 mars 2011, les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) déclarant le candidat Mahamadou Issoufou vainqueur ont été validés par le Conseil constitutionnel. Avec cette présidentielle, les nigériens ont démontré à la face du monde toute leur capacité à dépasser les querelles politiques pour converger autour de l’essentiel qui est de faire du Niger, une nation de démocratie et un pays émergent au plan économique. La victoire de l’opposant Mahamadou Issoufou, ancien premier ministre, vient traduire cette maturité du peuple. Et pourtant à partir de 2009, rien ne présageait une telle tournure à la suite de la crise politique majeure qui a pris en otage le pays pendant de longs mois. En effet, grâce à des acrobaties peu orthodoxes, l’ancien président Mamadou Tandja qui cherchait à conserver son fauteuil à la tête du pays après deux mandats, avait tripatouillé la constitution, symbole de l’Etat et du peuple nigérien. Ayant compris le jeu de yoyo, la junte militaire menée par le général Salou Djibo avait dû le destituer pour mettre en place une période de transition démocratique soutenue par les citoyens, la Cedeao et la communauté internationale. Ainsi, les 6,5 millions de nigériens appelés aux urnes le 12 mars dernier pour le second tour de la présidentielle, ont pu voter dans le calme comme ils l’avaient fait lors du premier tour et des législatives le 31 janvier 2011. En tête, le nouveau président Mahamadou Issoufou avait bénéficié du soutien de quatre candidats de l'opposition. C’est d’ailleurs dans sa casquette de candidat favori qu’Issoufou a remporté la présidentielle avec 57, 95 % des suffrages devant son challenger Seini Oumarou, ancien premier ministre et membre du parti de l’ex-président déchu Tandja qui a récolté 42,05 %. Ces résultats globaux provisoires proclamés par le président de la Commission Nationale Electorale Indépendant (CENI) ont été certifiés par le conseil constitutionnel.
De véritables changements attendus par le peuple
Pour nombreux observateurs, ces élections, présidentielle et législatives demeurent les échéances les plus transparentes de l’histoire politique du Niger. Le peuple nigérien a voté dans la paix, le calme et la transparence et a porté, pour plus de la majorité, son choix sur le charismatique opposant Mahamadou Issoufou, un président non-militaire, premier dans l’histoire du pays. Ce qui enseigne un réel attachement du peuple nigérien à l’émergence économique, à la démocratie et au changement au lendemain des dérives autoritaires perpétrées par l’ancien président Mamadou Tandja qui lui-même, avait envoyé le nouveau président en prison pour s’être opposé à lui. Aujourd’hui, le vent de l’histoire a tourné en défaveur de Tandja devenu prisonnier politique et inculpé de détournement de deniers publics. Félicité lors de son investiture à la Présidence de la République par le perdant Seini Oumarou, Mahamadou Issoufou est attendu par les citoyens sur plusieurs chantiers. Pour les cinq prochaines années à la tête du pays, outre la consolidation de la démocratie, le nouveau régime devra travailler au développement du pays. Il devra ainsi mettre en place un programme politique et socio-économique viable pour rompre définitivement avec le leadership politique chaotique qui a marqué le pays durant ces vingt dernières années.