Malgré l'élection de Jacob Zuma à la tête du puissant African National Congress (ANC) en Afrique du Sud, c'est une guerre larvée qui est ouverte au sommet du parti de l'ex président prisonnier de Roben Island Nelson Mandela. Les élections présidentielles de 2009 seront des plus engagées tant au niveau du parti au pouvoir que de l'opposition.
Rien ne semble arrêter le «bouillant» Jacob Zuma dans son ascension vers le fauteuil présidentiel sud-africain. Après avoir battu à plate couture l'actuel président Thabo Mbéki, malgré des soupçons judiciaires de corruption qui planent sur sa tête, Jacob a défrayé la chronique en bottant en touche les velléités déstabilisatrices de ses adversaires. A l'analyse, ces derniers ont manqué de punch et de tact politique pour comprendre qu'en politique, plus on dénigre un adversaire, plus il acquiert du poids aux yeux de l'électorat. Car, ceux-ci le considéreront comme une victime du gotha politique face à ses adversaires.
Nelson Mandela est l'illustration parfaite de cette tactique politique qui l'a élevé au firmament depuis ses 27 ans passés en prison sous l'apartheid dirigé d'une main de fer par Frederik De Klerk. Aujourd'hui, Jacob Zuma, inculpé le 28 décembre 2007 pour corruption, fraude, blanchiment d'argent, racket et évasion fiscale dans le cadre d'une enquête tentaculaire impliquant le groupe d'armement français Thales, est dans le même bled.
Apartheid is nazism ?
Cette décision, qualifiée de vendetta politique par les alliés du tribun zoulou, pourrait lui barrer la route vers la présidence du pays s'il est condamné. Mais, en fin stratège politique, Jacob Zuma ne se laissera jamais prendre aussi prêt du but, au sommet de l'un des Etats les plus prospère d'Afrique. C'est un rêve que l'homme caressait depuis une trentaine d'année. Rêve qui lui a fait voir des vertes et pas mûres aux côtés de Nelson Mandela lors de la lutte pour l'abolition de l'apartheid. Quel est le petit écolier noir qui n'a pas vu écrire quelque part dans l'une des classes cette semonce «apartheid is nazism» ?
La lutte sera âpre
Le chemin sera semé d'embûches. C'est le moins qu'on puisse admettre dans cette danse du loup et de la gazelle. En politique, les coups bas, les intrigues, les crocs en jambes sont tellement légion que l' ANC n'échappera pas à la donne. D'un côté les pro-Zuma soutenus et galvanisés par la puissante centrale syndicale Cosatu et la Ligue des jeunes de l'ANC, de l'autre les pro-Mbéki qui digèrent mal la défaite de leur poulain. Le temps est à l'introspection et au jeu des alliances depuis que la marée Zuma a balayé les partisans de son adversaire de la tête du parti.
La citation à comparaître, délivrée dix jours après l'investiture du «président candidat» fixe le procès pour le 14 juillet, soit le jour même où l'ANC lancera sa campagne pour les présidentielles de 2009. La même date aussi, les Français chanteront la Marseillaise sur les Champs-Élysées. Ainsi, tout porte à croire que ce procès risque de prendre des allures politico-judiciaires. La justice traquera Zuma pour le priver du temps de se consacrer à sa campagne. Au même moment, ses adversaires s'accorderont une longueur d'avance. Et si par un renversement de situation, l'ANC perd - cela relève du miracle -, Jacob Zuma sera considéré comme celui qui aura fait écrouler les aspirations des millions de Sud-africains qui ont donné de leur sueur et de leur sang pour transformer cette nation en un havre de justice et de travail.