La crise économique mondiale de ces dernières années a fini par porter un coup d’arrêt brutal à un épisode de développement relativement soutenu en Afrique. La croissance a été laminée, passant d’un taux moyen d’environ 6 % en 2006 à 2.5 % en 2009. Cependant, à en croire plusieurs économistes, en perspectives de l’année 2011, les économies africaines devraient progressivement se ressaisir pour atteindre un taux de croissance moyen d’environ 5.2 % en 2011, même si les stigmates de la récession resteront indélébiles.
Quel avenir économique pour le continent africain en 2011 et pour les prochaines années ? Telle est la question qui mérite d’être posée si l’on sait que l’économie mondiale semble renouer depuis quelque temps avec une croissance positive. En effet, alors que nombre de nations africaines ont fini de célébrer le 50e anniversaire de leur accession à l’indépendance en 2010, l’heure est venue pour un continent qui dépend encore des flux financiers venus de l’étranger de jeter un autre regard sur son avenir économique. L’heure est aussi venue pour les pays bailleurs de fonds de prendre en considération les véritables acquis de l’Afrique pour accroître et réorienter l’aide au développement. Ces dernières années, la stabilité politique semble regagner du terrain en Afrique, hormis en Côte d’Ivoire ou encore au Niger. Mais, plusieurs pays ont franchi avec succès l’étape des élections démocratiques et les pouvoirs publics se montrent davantage enclins à assumer de plus belle leurs responsabilités. Un bon augure en termes de consolidation institutionnelle sur le continent. Toutefois, pour conforter cette évolution et s’engager résolument dans la voie du progrès social, la société civile doit encore continuer de se développer pour permettre de renforcer son aptitude à s’impliquer davantage dans le processus décisionnel.
Reprise encourageante de la croissance économique en 2011
Plusieurs vecteurs avaient propagé la crise économique mondiale dans le continent. Si l’effet direct de la crise financière mondiale sur les banques africaines a été relativement réduit, du fait de la faible intégration de ces banques sur les marchés internationaux, par contre, le recul des envois de fonds des travailleurs expatriés y a également contribué.
De nombreux pays africains dépendent de ces envois de travailleurs africains émigrés, confrontés au chômage ou à des baisses de salaire dans les pays d'accueil, ont dû être réduits. Les multinationales ont réduit leurs investissements partout dans le monde et en Afrique en particulier où les secteurs les plus touchés par la crise ont été les mines et le tourisme. A souligner que la plupart des pays donateurs ont maintenu, pour les années à venir, leurs engagements d’aide au développement en faveur de l’Afrique. Pour l’année 2011, une reprise économique disproportionnée sera opérée à travers divers pays du continent. Et selon, les experts du FMI, l’Afrique australe, la plus touchée en 2009, se relèvera plus lentement que le reste du continent avec une croissance de près de 4% en moyenne. L’Afrique de l’Est, qui a le mieux supporté la crise mondiale, devrait à nouveau se distinguer, avec une croissance moyenne supérieure aux autres régions avec plus de 6% en moyenne. L’Afrique du Nord et de l’Ouest devraient toutes les deux croître d'environ 5% et l'Afrique Centrale de 4% pendant la même période. Ainsi, la perspective d'une reprise modérée dans un certain nombre de pays africains rend encore plus urgente la nécessité de s'attaquer aux problèmes structurels qui ont prévalu avant même la crise mondiale et qui avaient conduit à des niveaux élevés de pauvreté. Mais, en général, les économies africaines semblent avoir mieux résisté à la crise mondiale que d’autres économies émergentes, à l’exception des pays d’Asie et, en particulier, de la Chine et de l’Inde.
L’Afrique dans une bonne dynamique : l’exemple du Rwanda
La bonne nouvelle est que le continent a fort résisté à la crise. Et malgré les perspectives de croissance prévues l’année prochaine, la crise pourrait rendre plus difficile aux Etats de répondre aux objectifs du millénaire qui est de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté en Afrique d'ici 2015. Quoi qu’il en soit, certains économistes de renommée, ont laissé entendre que les économies africaines devront retrouver des couleurs en 2011 et les années suivantes. Cependant, si l'Afrique s'est avérée plus résistante à la crise mondiale, c’est aussi grâce à des politiques macro-économiques prudentes dans de nombreux pays africains. Plusieurs pays ont ainsi introduit de nouvelles lois afin de faciliter la pratique des activités de développement. Et selon le rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale que nous avons consulté, 67 réformes réglementaires ont été enregistrées dans 29 des 49 pays d’Afrique subsaharienne. Le rapport note aussi que pour la première fois, c’est un pays africain à savoir le Rwanda qui domine le classement mondial des pays les plus réformateurs. L’île Maurice continue d’afficher de bons résultats pour la facilité globale de faire des affaires, en se classant à la 17e place sur les 183 pays couverts. Toutefois, le redressement de l’économie du continent africain devrait se poursuivre en 2011. Les investissements devraient encore reprendre, mais modérément, et l’emploi, les salaires et les envois de fonds des travailleurs expatriés repartiront progressivement. Comme au Ghana et au Tchad où dans le secteur du gaz et du pétrole; et de l’uranium en Namibie, de grandes avancées ont été notées. Pour l’Afrique du Sud, les retombées de la Coupe du monde de football devraient permettre de soutenir la croissance. Le PIB réel de l’Afrique devrait augmenter en moyenne de 5.2 % en 2011, selon les analystes du FMI. Il s’agit là d’une nette amélioration par rapport à la morosité de 2009. Pour en arriver à ce stade, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque Africaine de Développement ont fourni un cadre adéquat pour l'adoption de politiques ayant permis d’atténuer l'impact de la crise.
L’Afrique face aux objectifs du millénaire pour le développement
Même si on note de grandes avancées dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, les progrès sont dans l’ensemble trop lents pour que ces objectifs soient atteints. Et à cinq ans de l’échéance fixée, les gouvernements africains, en perspectives de l’année 2011, devront redoubler d’efforts pour accélérer le rythme, avec l’appui de la communauté internationale, pour atteindre au moins les objectifs de développement, jugés plus vitaux à savoir la réduction de la pauvreté et de la faim, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le vih/sida, le paludisme et d'autres maladies ; et mais aussi assurer l'éducation primaire pour tous. De même, en 2011, les dirigeants du continent auront à charge de travailler à enrayer les problèmes structurels. Ce qui consiste à réorganiser l’économie informelle très répandue dans certains pays où il est difficile de générer des recettes fiscales et où la fraude, l’évasion fiscale et les problèmes de gestion se posent avec acuité.