Du 20 janvier au 10 février 2008, les seize meilleures nations de football du continent africain s’affronteront au Ghana dans le cadre de la 26ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Une compétition très ouverte au regard des forces en présence et du nivellement des valeurs observé lors des éliminatoires.
De nos jours, les pronostics sur la finale de la CAN n’obéissent pas aux mêmes critères qu’il y a un peu plus d’une décennie. Aujourd’hui, il n’ y a plus les super favoris d’un côté et les outsiders de l’autre, en raison principalement de «l’internationalisation» observée au niveau de toutes les équipes. Néanmoins, certains facteurs liés à la géographie et à la valeur intrinsèque des équipes font penser que certaines d’entre elles émergeront du lot. Premier favori donc, le Ghana de Michaël Essien, pays hôte de la compétition. Après avoir trusté les titres au cours de la décennie 1960 (trois fois champion d’Afrique) et récidivé de la plus belle des manières en 1982 en Libye (l’orfèvre Abedi Pelé était en pleine éclosion), le Ghana est rentré dans le rang malgré un énorme potentiel. Un potentiel qui brille surtout au niveau des catégories inférieures (cadets, juniors), avant que «l’aventure» professionnelle ne vienne éclipser les talents.
Appiah, Essien, Barusso, les nouvelles coqueluches
L’on se souvient d’un Ismaël Addo, buteur-roi chez les «petits», qui n’a pas confirmé à l’échelon supérieur. Mais le Ghana regorge de footballeurs de talents. C’est ainsi que Michaël Essien, Stephen Appiah et surtout Ahmed Barruso, la nouvelle perle qui fait ses gammes à l’As Rome en Italie, devront défendre avec brio les chances du Ghana. Ahmed Barruso semble doté d’une puissance physique, d’une frappe de balle dévastatrice et d’une technique hors du commun. Des atouts susceptibles de faire merveille lors de la compétition. Derrière le Ghana se profilent le Cameroun, le Nigeria et la Côte d’Ivoire comme des prétendants sérieux au titre. Le Cameroun, parce que les Lions indomptables sont des compétiteurs de grand renom qui auront à coeur d’effacer l’échec du Mondial 2006, duquel ils avaient été éliminés sur le fil par la Côte d’Ivoire de Didier Drogba. Ainsi, Samuel Eto’o fils et les siens arriveront remontés à Kumasi, où ils auront en «hors-d’oeuvre» l’Egypte, le Soudan, et la Zambie (rien que de gros calibres), avant peut-être de dévorer le plat de consistance avec appétit. Et, au finish, brandir le trophée à Accra serait un beau dessert. Qui sait ? Dessert que rêve aussi de déguster le Nigeria, qui n’a pas goûté à une telle saveur depuis 1994. Avec un mélange d’anciens (Kanu, Utaka), cette nation rêve d’aller au bout. Elle en a les moyens si les éternels problèmes d’intendance ne viennent pas perturber sa préparation. Ce serait pour Nwanko Kanu la consécration d’une carrière internationale dont le point d’orgue aura jusque là été la médaille olympique glanée aux Jeux d’Atlanta en 1996. Avec les Nigérians, les Ivoiriens viendront dans la capitale du Ghana pour refaire le coup de la CAN ‘92 qu’ils avaient remportée à la surprise des observateurs avisés, devant le Ghana d’Abedi Pelé. Alors au sommet de son art, le prodige ghanéen avait loupé la finale par la faute d’un arbitre susceptible. La Côte d’Ivoire, amenée par Oumar Ben Sala, Gadji Celi et Abdoulaye Traoré «Ben Badi», avait alors battu en finale, par tirs aux buts, un Ghana diminué moralement par l’absence de son leader. Cette fois ci, si Drogba et sa bande vont au bout de l’aventure, ils le devront à leur talent propre. Bonifiés par leur participation au Mondial 2006, les Eléphants ont besoin d’un succès continental pour confirmer leur classe. Mais leurs dernières sorties ont fait douter les observateurs.
Les Magrébins sont de retour
Cependant, les «enfants» de Stielke devront sortir du groupe de «la mort», où le Nigeria et le Mali font aussi figure d’épouvantails. Derrière ces «grands» se dessine l’ombre de l’Egypte, du Maroc, de la Tunisie et du Sénégal qui peuvent tous aller au bout du rêve. Le talent des Maghrébins n’est plus à démontrer, mais le dépaysement pourrait leur jouer des tours, même si l’Egypte fait mentir avec son sacre de 1998 au Burkina Faso. C’est d’ailleurs la raison qui pousse à leur accorder un large crédit. Le Sénégal a été jusque là inconstant malgré ses stars, dont El Hadj Diouf, Henri Camara et Papa Bouba Diop, tout comme le Mali de « Djila » Diarra. Mais, les deux voisins peuvent surprendre. En définitive, la compétition sera très ouverte pour le bonheur des amoureux du ballon rond. Ne dit-on pas que l’excitation générée par le football vient de son imprévisibilité ? À vos crampons, messieurs, et que le meilleur gagne.