Lors de l’élection présidentielle du 26 juin dernier au Somaliland, les électeurs étaient confrontés à un choix décisif pour leur prospérité, leur sécurité, leur liberté et pour la paix. Ce jour-là, on célébrait le 50e anniversaire de l’indépendance du Somaliland, affranchi de la souveraineté britannique.
Les citoyens étaient appelés à renvoyer un régime qui s’était peu à peu révélé inefficace, en se prononçant pour un nouveau parti, avec l’élection du chef de l’opposition, Ahmed Mohamed Silanyo, lequel vient d’entrer en fonction ce 27 juillet.
Le Somaliland est une république constitutionnelle à majorité musulmane du nord-ouest de la Somalie, reconnue par la communauté internationale, non comme un Etat indépendant, mais comme une région autonome. En 1960, cet ancien protectorat britannique, le Somaliland britannique, a fusionné avec le sud pour constituer la Somalie. Mais à la suite de la dictature militaire de Siad Barre, qui y avait instauré un régime de terreur en 1988 (60.000 morts) et anéanti les infrastructures nationales, le Somaliland avait fait sécession.
Depuis 1991, date du retrait de l’union avec la Somalie, la population n’a cessé de se reconstruire, dans la paix et l’autonomie, tandis que la Somalie demeure une région troublée,où sévissent milices ennemies et crises humanitaires. Il appartient désormais à la communauté internationale d’affirmer officiellement l’indépendance du Somaliland et d’offrir à ce pays un soutien politique et économique, en appuyant de tout son poids la vision fondatrice du Somaliland. Ce serait conforter tout un peuple, et son désir de vivre dans la paix et la stabilité.
L’espoir à préserver
Plus qu’une confrontation politique entre partis, les élections de juin représentaient, pour le peuple du Somaliland, l’espoir de préserver la stabilité politique et de mériter, un jour, que le pays soit internationalement reconnu comme un Etat indépendant. C’était aussi l’occasion de réparer certains accrocs au progrès résultant de l’action du gouvernement sortant.
Mais c’était encore, pour les citoyens du Somaliland, un pas de plus vers la reconnaissance internationale. Le président Silanyo a maintenant les coudées franches pour faire de cette vision une réalité.
Reste que la communauté internationale n’a pas la volonté politique d’apporter au Somaliland une assistance politique, économique et diplomatique. En Somalie, l’aide étrangère semble perpétuer le statu quo, alimentant la spirale du besoin plutôt que la croissance. Cependant, le Somaliland et son peuple, qui se sont engagés sans réserve dans la préservation de la paix et de la stabilité, ont dû supporter largement, et sur leurs propres moyens, la charge financière de la reconstruction. N’étant pas considéré par la communauté internationale comme une république souveraine, le Somaliland n’a pas un accès direct à l’aide et à des investissements étrangers.
Le meilleur exemple de la stabilité, de la politique de réformes et des progrès du Somaliland est sa capitale, Hargeisa. Dans cette ville, qui avait été quasiment détruite par les bombardements du régime de Siad Barre, des infrastructures essentielles - hôpitaux, écoles, logements, magasins, feux de signalisation, routes - ont été reconstruites depuis 20 ans. Mais faute de capitaux et de matériaux, la tâche de développer et préserver, de manière stable, les systèmes sanitaire, économique et politique, et de développer des infrastructures clé dans le pays tout entier sera incroyablement difficile.
À ce stade, le Somaliland ne peut, sans aucun doute, que bénéficier de ce changement de gouvernement. Le président Silanyo, qui a reçu près de 50 % des voix et qui a fait campagne sur la reconnaissance internationale du Somaliland, a fait de cet objectif sa priorité absolue. Le peuple du Somaliland a privilégié la paix sur la guerre, et a su accéder à la démocratie sansesprit de revanche.
Ahmed Mohamed Silanyo conjugue cet espoir avec celui d’une autre élection libre et loyale, qui lui permettrait de s’assurer le soutien des gouvernements étrangers; à cette fin il déploiera d’intenses efforts diplomatiques pour établir des relations avec la communauté mondiale. Guidé par lui, le peuple du Somaliland a appris à faire confiance au système démocratique, en reconnaissant qu’un dialogue franc et une discussion sans exclusive sont essentiels pour passer à la vitesse supérieure.À nous d’assumer pleinement nos responsabilités : sans autosatisfaction, aidons le Somaliland à aller de l’avant.