Jamais un événement n’a attiré l’attention des médias internationaux en particulier Belges et Français que la commémoration des 50 années de l’indépendance de l’ex Congo-Belge. Le pays s’inscrit désormais dans une nouvelle ère en misant sur son développement.
Dans la presse quotidienne de Bruxelles - les plus grands ont pour noms «Le Soir» et «La Libre Belgique» - les rédactions ont pris leur quartier à Kinshasa même pour des éditions réalisées localement en collaboration avec des quotidiens Kenois. Un hebdomadaire parisien à grand tirage «Jeune Afrique» s’est fendu d’un numéro spécial qui n’avait rien à voir avec les encarts publicitaires sur le R.D.C. auxquels le magazine nous avait habitués par moment.
Quant à la Radio Télévision Belge Francophone (R.T.B.F), sa direction a frappé fort en confectionnant une grille de programme spéciale (une impressionnante série de documentaires sous forme de rappel historique, d’enquêtes de terrain et de reportage sur le vif d’une objectivité appréciable).
Cerise sur le gâteau, les moyens techniques exceptionnels ont été mis à contribution pour souligner par de nombreux directs, l’importance de l’événement. A une moindre mesure, les chaines flamandes ont été également mobilisées particulièrement la V.R.T. dont l’envoyé spécial s’est distingué par des commentaires en direct où il s’efforçait de coller à l’opinion publique en Flandre sur le fait Congolais. Enfin, cette commémoration a attiré en R.D.C. une bonne centaine de journalistes des cinq continents.
Côté politique, la présence du Roi Albert II de Belgique et de la Reine Paola ainsi que du Premier ministre belge Mr Leterme, a été d’autant plus remarquée qu’aucun chef d’Etat du gouvernement du monde occidental, même si l’on pouvait apercevoir des délégations de haut rang des états européens, n’a fait le déplacement.
La diplomatie mondiale a certes été représentée au sommet par le Secrétaire Général des nations-Unies Mr Ban Ki Moon.
Nonobstant, une polémique s’est établie autour de la non-venue des ténors d’Europe occidentale, des Etats-Unis et d’Amérique latine. A propos de cette dernière région, il a été annoncé en effet, l’arrivée à Kiusham des présidents Ignacio Lula du Brésil et Raoul Castro de Cuba.
En amont de cette escarmouche initiée par les cassandres tapis à l’ombre des institutions politiques belges, il y a eu des prises de position hostiles à une coopération poussée avec le régime de Kabila, celui-ci étant réputé, aux yeux des responsables en majorité flamands (le cas de l’Open Vld De Gucht est connu) corrompu et manquant de bonne gouvernance. La présence du Roi aurait signifié pour cette engeance une caution apportée «à ceux qui veulent les malheurs du Congo».
Si l’on imagine une quelconque relation de cause à effet avec l’absence des Chefs d’Etats, l’équation n’est pas simple mais elle peut être celle-ci: les autres Etats membres de l’UE n’ont pas voulu tremper dans une N ième altercation belgo-belge aux accents ethniques prononcés. Ou bien se soumettant par l’impossible à l’adage africain qui dit «qu’il n’y a pas deux Chefs dans une cour Royale», ces Européens auraient laissé à Albert II l’honneur de jouir d’une sorte de droit de préemption.
Sur le chapitre somme toute protocolaire, nous avons à dessein mis le paquet dans la mesure où il est symptomatique du climat malsain autour de la grille d’analyse concoctée à l’étranger et de la manière très peu professionnelle avec laquelle les autorités congolaises «vendent» leur pays à l’extérieur.
Pourtant, la R.D.C. est un pays facilement vendable ne fut ce que par son énorme potentiel humain et naturel. Plus que les problèmes économiques apparemment insurmontables, c’est l’absence d’une politique culturelle cohérente et qui intègre l’investissement humain qui devrait ressortir.
Apprendre aux gens à se prendre en charge serait le maître mot de cette mutation culturelle indispensable. Comme supports à cette entreprise de changement des mentalités, il y a notamment les médias et les organisations de la société civile, intermédiaires essentiels dont l’action doit être suffisamment soutenue pour qu’elle donne ses pleins effets.
Ainsi les populations devenues plus conscientes de la manière de gérer leur propre existence, appréhenderont mieux les enjeux de la politique dans toutes ses dimensions, culturelle, sociale et économique.
J’ajouterai que même si l’essence des partis politiques est de viser le pouvoir, ils doivent habituer leurs membres à une éducation civique basique, à jouer le jeu de la démocratie. De ce point de vue, les élections de 2011 peuvent se révéler décisives pour l’avenir de la République Démocratique du Congo. En effet, seuls des hommes et des femmes capables d’exprimer des suffrages débarrassés des oripeaux du tribalisme, du népotisme ou de la surenchère, et se proposant un horizon élargi aux solidarités nouvelles, peuvent gagner la victoire du développement.
Les milliards d’euros seuls ne peuvent combler le vide des nos espérances dont la nature, dit-on, a la suprême horreur.