Article publié le 2008-01-12 par Anthony Chalam (Le nouvel Afrique) Special Afrique '07
AFRIQUE RETRO 2007: des bonnes performances économiques malgré les vicissitudes [01/2008]
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Du Nord au Sud, d'Est en Ouest, l'Afrique a enregistré de bonnes performances économiques malgré un marché international à géométrie variable et à la rudesse de la concurrence. Constat.

 

L'économie en 2007 en Afrique a été l'année des croissances. Selon le dernier nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced), «L'Afrique a été en mesure de maintenir son taux de croissance annuel à 6 % environ en 2007, mais le rythme devrait ralentir légèrement en Amérique latine et dans l'Asie occidentale, pour se rapprocher de 5 % ». Dans une conjecture économique générale, le facteur clé de cette croissance est sans conteste la réduction du taux de chômage. La plupart des pays en développement ont vu l'emploi croître fortement ou ont pu stabiliser, à défaut réduire légèrement leur taux de chômage. Alors que le chômage ouvert réagit beaucoup moins à une forte croissance en pays en développement qu'en pays développé.

Cela est de bonne guère car, selon une étude de la Banque africaine de développement et du Centre de développement de l'OCDE, publiée en mai dernier, «depuis vingt ans, l'Afrique enregistre ses taux de croissance les plus élevés. Avec un PIB annuel moyen de 5 % au cours des six dernières années, passé à 5,5 % en 2006, il devrait atteindre en 2007 les 6 %». Aux termes dudit rapport, les principaux piliers de cette performance ont été une forte demande externe en minerais métallifères et non métallifères, l'accroissement des investissements dans ces secteurs et de bonnes conditions climatiques favorables à l'agriculture.

Le recours continu à des politiques macroéconomiques fortes dans la plupart des pays a renforcé de manière générale la confiance du milieu des affaires et entraîné une augmentation de l'investissement privé.

 

Les OMD pointent à l'horizon 2015

 

La croissance en Afrique doit rimer avec les Objectifs pour le millénaire (OMD). Pour atteindre ces OMD, M. Louis Kasekende, l'économiste en chef de la Banque africaine de développement à son idée : «Il reste encore au continent à accélérer et soutenir le niveau de croissance de 7 a 8% afin d'atteindre l'objectif du millénaire pour le développement concernant la réduction de moitié de l'extrême pauvreté d'ici 2015». Nonobstant cet état de fait, l'on constate que plusieurs pays africains ont su tirer leur épingle du jeu. La BAD le reconnaît. Pour elle en effet, «selon les nouvelles économies sud-africaines (NESA), qui comptent pour la moitié du PNB du continent et presque un tiers de sa population, dans les quatre plus grands pays d'Afrique (Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Egypte), la croissance est restée solide.

Les pays des nouvelles économies sud-africaines ont enregistré un taux moyen de croissance annuel de 5,1 %. Dans les autres pays d'Afrique, les taux de croissance économique étaient même plus élevés, atteignant une moyenne de 6 %. Les pays exportateurs nets de pétrole ont enregistré dans l'ensemble de forts taux de croissance avoisinant les 5,9 %, tandis que les pays importateurs nets de pétrole ont enregistré un taux de croissance moyen de 5,2 %». Si l'on regarde la situation sur le plan sous régional, le taux de croissance moyen de l'Afrique du Sud devrait passer de 5,4 % en 2006 à 6,1 % en 2007. En Angola, le taux de croissance devrait doubler et atteindre les 27 % en 2007 (essentiellement du fait de l'essor, dans les nouveaux champs, de l'activité du secteur pétrolifère et, dans une moindre mesure, de l'expansion de la production de diamant).

En Afrique du Sud, l'envolée de la consommation explique en grande partie le taux de croissance le plus élevé depuis la fin de l'apartheid, à 5 %. Selon les projections pour ce pays, le PIB devrait rester stable et sa croissance avoisiner les 4,5 % en 2007 et 2008, marque d'une rupture importante par rapport aux taux de croissance relativement lents des dix dernières années. Au Zimbabwe, en 2006, l'activité économique a continué à ralentir, reculant de 5 %.

 

Le Nord, l'Ouest et le Centre en pole position

 

La croissance du PIB des pays d'Afrique du Nord devrait se maintenir autour des 6% en 2007 et 2008 en raison des taux de croissance exceptionnels attendus en Mauritanie et au Soudan, majoritairement issus de l'augmentation de la production de gaz et de pétrole. Un fort taux de croissance ressort également en Egypte (6,8 %). Au Maroc, le redressement de la production agricole et la fin de la période de sécheresse ont permis d'enregistrer en 2006 un taux de croissance du PNB de 7,3 %. La croissance économique des pays d'Afrique de l'Ouest devrait s'accélérer et passer de 4,8 % en 2006 à 5,9 % en 2007. Au Nigeria, la croissance du PNB de 5,3 % en 2006 devrait évoluer vers les 7 % en 2007 du fait de l'emballement récent des prix du pétrole, du développement de l'activité pétrolière qui a suivi le retour de la stabilité dans la région du delta du Niger et de la croissance rapide et continue des secteurs non reliés au pétrole de l'agriculture et des services.

Les performances de la Sierra Leone et du Ghana ont continué à être relativement fortes en 2006 (7,4 % et 6,1 % respectivement). Dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine, la situation politique de la Côte d'Ivoire et la réduction de la production de céréales et d'arachides ainsi que le déclin de la production industrielle ont affecté les performances économiques de 2006. La croissance moyenne du PNB en Afrique centrale devrait passer de 3,9 % en 2006 à 5,2 % en 2007, puis s'accélérer en 2008 pour atteindre les 6,3 %. Toutefois, des prévisions de croissance optimistes sont observées pour la République centrafricaine et le Rwanda. Pour la République démocratique du Congo, la croissance devrait se maintenir au niveau de 2006 (6,2 %), en majeure partie du fait de l'accroissement des dons en faveur de la reconstruction.