Article publié le 2010-04-27 par Propos recueillis par Persyde Doowo
Pas demain le bout du tunnel - La journée internationale de la femme en bref [04-2010]
photo: © Walterito
Droits égaux entre l’homme et la femme. Opportunités égales. Progrès pour tous. Mais dans ce marathon, la femme qui court aussi bien que son partenaire peine à voir la ligne d’arrivée. Le huit mars, journée internationale dédiée à la femme, le ton est une fois de plus monté d’un cran à travers le monde pour dénoncer les inégalités et les obstacles qu’on tend à la femme et qui conditionnent sa situation d’aujourd’hui.

A travers le thème ‘Droits égaux, Opportunités égales: Progrès pour tous’, la femme a voulu en 2010 interpeller les instances nationales et internationales pour que cessent les injustices à son égard et que les discours officiels vantant sa promotion se concrétisent en acte. Plusieurs pays ont abordé la question suivant les problèmes spécifiques des femmes de leurs Etats.

En Belgique, les femmes sont confrontées à différentes problématiques de façon plus criante que les hommes: difficulté d’accéder à un logement, surtout pour les familles monoparentales, victimes de violences, victimes du non-paiement des pensions alimentaires, difficulté d’accéder aux soins de santé, garde d’enfants et l’exclusion du chômage par le statut de co-habitante. Les femmes représentent 80% des salariés pauvres. Elles occupent majoritairement des emplois précaires et sont contraintes à des emplois à temps partiel.

De ce fait près de quatre mille militantes et militants ont manifesté le six mars dernier dans les rues de Bruxelles  pour  défendre le droit des femmes au cours de la troisième marche mondiale des femmes. Plusieurs associations, des syndicats et des partis politiques ont été représentés à cette marche, qui s’est inscrite également dans le cadre du 100e anniversaire de la journée internationale des femmes.

Quatre thèmes ont été évoqués au cours de la manifestation. A la Bourse, lieu de départ de la marche, c’est l’autonomie économique et financière de la femme qui a été revendiquée. Place Saint-Jean, les manifestantes ont réclamé la paix et la démilitarisation. Le thème abordé place de la Chapelle était les services publics et les biens communs. Enfin, au Palais de Justice, c’est la violence faite aux femmes qui a été abordée. «Nous voulions montrer notre volonté de se battre contre l’impunité face aux violences faites aux femmes et au silence qu’il y a autour», a déclaré Pierrette Pape, porte-parole de la marche mondiale des femmes. Un cahier de revendications a été remis à Joëlle Milquet, Ministre fédérale de l’Emploi, Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen, Joke Schauvliege, Ministre flamande de la Culture et Bruno De Lille, secrétaire d’Etat bruxellois à l’égalité des chances.

 
La pratique ne suit pas les textes du droit de la femme

Quinze ans après la quatrième conférence mondiale sur les femmes de Beijing en 1995, qui a fait œuvre de pionnier, la communauté internationale a fixé des normes juridiques claires pour interdire la discrimination et promouvoir activement l’égalité hommes-femmes et l’émancipation des femmes. Ces normes sont acceptées dans tous les pays du monde dans le cadre de la législation sur les droits de l’homme. La communauté internationale s’est aussi dotée d’organes qui peuvent effectivement suivre la mise en œuvre des droits des femmes. Il s’agit notamment du Comité des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Comité CEDAW) et du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, récemment nommé, pour la violence sexuelle dans les conflits armés.
Pourtant, la mise en œuvre est lente dans de nombreux pays du monde. Une nouvelle étude menée dans dix pays au sujet de la santé des femmes et la violence domestique par l’Organisation mondiale de la santé montre que 15 à 71% des femmes font état de violence physique ou sexuelle de la part de leur mari ou de leur partenaire. Entre 4 et 12% des femmes indiquent avoir été frappées durant leur grossesse. Chaque année, ce sont environ cinq mille femmes qui, dans le monde, sont assassinées par des membres de leur famille au nom de l’honneur. Dans ces conditions, les mécanismes de protection des droits de la femme demeurent sous exploités et la plupart des femmes ignorent qu’en tant que victimes, elles peuvent, chacune, adresser une plainte aux Nations unies par exemple. Il s’agit là des problèmes clés que doit traiter la politique de l’Union européenne (UE) en matière de droits de l’homme dans les pays tiers. À Bruxelles, l’UE œuvre dans ce sens en appliquant les normes les plus élevées. Le Conseil de l’UE adoptera des conclusions sur «l’éradication de la violence à l’encontre des femmes dans l’Union européenne». L’UE doit également être un leader en montrant l’exemple dans ses politiques internes.


Cérémonies autour du huit mars

Pérou: Le quatre mars dernier, l’Ambassadeur de France, Madame Cécile Pozzo di Borgo, a participé à l’inauguration du forum organisé à l’initiative de Médecins du monde, sur les ‘Droits sexuels et Reproductifs des adolescentes au Pérou’, en présence notamment de représentants de la Délégation de la Commission européenne, du Ministère de la Santé, et du Collège d’obstétriciennes péruvien. Les différentes présentations ont ainsi permis de présenter les enjeux actuels de cette question au Pérou. Le six mars dernier, la Consul de France, Madame Camille Pauly, a participé à l’hommage organisé par le Congrès péruvien pour la Journée Internationale de la Femme. Elle a ainsi présenté les principaux enjeux passés et contemporains de la place de la femme au sein de la société française et en Europe.

Cameroun: le réseau ‘More women in politics’ a donné le cinq mars dernier une conférence publique sur le thème «égalité des droits civiques et politiques comme outil souverain de lutte contre l’apathie électorale», en partenariat avec les ministères de la promotion de la femme, de la famille et de la communication. Solidarité toujours au féminin. Les dames des ministères de l’industrie, des mines et du développement technologique, ainsi que celles des travaux publics tendent la main aux couches défavorisées. Elles ont tour à tour visité le quatre mars dernier le Centre mère Térésa de Simbock et le centre d’accueil des enfants en détresse de Yaoundé. Ces différentes actions, qui rentrent dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme, ont eu pour objectifs d’apporter du réconfort et une aide matérielle aux nécessiteux.

Burkina faso: ‘Femme, alphabétisation et éducation non formelle’, tel a été le thème que le Burkina a choisi, cette année, pour mener des réflexions sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes. Diverses activités ont marqué la commémoration de la journée de la femme tenue le huit mars dernier. Plusieurs femmes ont mobilisé leurs soeurs des treize régions. Présidé par Céline Yoda, ministre de la Promotion de la femme, ce panel dont, l’ouverture a connu la présence de Ousséni Tamboura, Ministre délégué chargé de l’éducation non formelle, et Priscille Zongo, épouse du Premier ministre, a permis de faire l’état des lieux des politiques et programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle des femmes et des jeunes filles. Il a également permis d’identifier des actions et mesures à prendre pour accélérer l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement y afférent.

Guinée-Conakry: Madame Mariam Béavogui, Ministre des Micro-finances a souligné le caractère particulier de cette journée à cause des événements malheureux que son pays avait connus l’année dernière au cours de la cérémonie organisée à l’occasion de la journée de la femme. Elle a mis l’accent à ce propos sur l’implication des femmes dans le processus de prise de décision qui, a-t-elle dit, «pourrait contribuer à booster l’économie nationale». La ministre a aussi dénoncé la discrimination dont sont victimes les femmes dans certains milieux sociaux. Elle a rappelé au passage que les femmes ont joué un grand rôle dans la lutte pour les indépendances. La représentante du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Madame Marcelle Chevalier, a parlé pour sa part de la nécessité de rendre les femmes plus autonomes dans leur vie de tous les jours, tout en revendiquant l’égalité des sexes.
 
Centrafrique: la Première Dame, Madame Monique Bozizé, a présidé le huit mars dernier à l’hémicycle de l’Assemblée nationale à Bangui, la cérémonie commémorant la Journée Internationale de la Femme, en présence de la Représentante du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Madame Thérèse Zeba, et de la Ministre des Affaires Sociales, de la Solidarité Nationale et de la Famille, Madame Bernadette Sayo. Il s’agit de convaincre les décideurs de la nécessité de promouvoir les considérations du Genre au plan national, d’amener les parlementaires à adopter des lois en tenant compte des intérêts des femmes et des minorités sociales, d’inciter les membres du Conseil économique et social à rendre les programmes de développement sensibles aux besoins vitaux et stratégiques des femmes et des minorités sociales et enfin d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité de produire le rapport national sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes exigé par les Nations unies.

RD Congo: le thème national choisi a été ‘le progrès pour tous par la parité homme-femme dans un Congo cinquantenaire’. Cette année, le gouvernement est déterminé, d’après la ministre du Genre, Famille et Enfant, à apporter des changements significatifs dans le vécu quotidien de la femme congolaise. Marie-Ange Lukiana a annoncé à cet effet, la création de deux structures dans le cadre du cinquantenaire de la République, à savoir l’AVIFEM, Agence de lutte contre la violence faite à la femme et le FONAFEN, Fonds national pour la protection de l’enfant et de la femme. Pour commémorer cette journée du huit mars, plusieurs manifestations ont été organisées à travers le pays.


Source: yahoo actu & google