Article publié le 2010-04-20 par Daouda Emile OUEDRAOGO
Editorial
Petit à petit, l’Afrique se forge [03/2010]
Depuis Kwamé N’Kruma, Patrice Lumumba, jusqu’aux ténors d’aujourd’hui tels Mouammar Kadhafi, Alpha Omar Konaré, le rêve de l’unité africaine prend forme, petit à petit. L’Afrique n’a jamais été aussi proche de son destin d’être un seul Etat. Le dernier sommet de l’Union africaine à Addis Abeba en Ethiopie situe les Africains sur les mentalités nouvelles qui guident la nouvelle génération des chefs d’Etats africains. La réussite de ce sommet qui a porté à la tête de l’UA, le Président Mutahrika Wa Bingu du Malawi, a donné l’impression au monde entier que l’Afrique a décidé de ne plus dormir sur ses lauriers. La preuve, l’intérêt suscité par les chefs d’Etats par leur présence massive et les différents engagements pris pour donner à l’Afrique les mécanismes utiles à son développement. Il y a longtemps qu’on avait vu le NEPAD(1), les différents programmes de développements faire l’objet d’une grande attention de la part des chefs d’Etats. Il y a longtemps aussi qu’on avait vu une rupture entre les discours et les actes. Le nouveau président de l’Union, Mutharika a surpris l’auditoire en faisant comprendre que l’Afrique a trop parlé, et qu’il faut passer aux actes concrets. Créé en 2002, le parcours de l’Union Africaine pour créer une société plus viable en Afrique, une société où le frère du Soudan regardera son frère du Tchad comme les artisans de l’avènement d’une Afrique unie et prospère, est à saluer. En huit ans, l’Union africaine a parcouru autant de chemin que l’a fait la Communauté des Etats économiques (CEE) avant de devenir l’Union européenne. Il ne s’agit pas ici de se chatouiller pour rire. Il s’agit de reconnaître les avancées notables réalisées dans la construction des «Etats-Unis d’Afrique» ou de la «République fédérale d’Afrique». Le rêve n’est pas impossible. Si les autres l’ont pu pourquoi pas l’Afrique? Ce n’est pas sorcier de bâtir une Afrique unie avec un seul Etat. Cela a déjà commencé avec les multiples projets de développement inter Etats. La sous-région ouest africaine veut construire une route en sorte de toile qui interconnectera tous les pays de cette région. L’on imagine un tant soit peu les bénéfices de cette réalisation. Elle permettra de faire tomber les barrières frontalières. Le brassage des peuples sera une réalité. Lorsque les pères de l’Afrique, N’Krumah du Ghana en tête lançait l’idée des Etats unis d’Afrique dès l’aube des indépendances, les réalités politiques, les tensions du moment avec la main mise, la quasi monopole et présence des puissances coloniales ont freiné les élans des dirigeants africains. Aujourd’hui, le monde a changé et l’Afrique veut changer. Ce changement naît des mentalités. L’Afrique commence à tenir tête à des politiques drastiques de développement imposées par des multinationales. Des chefs d’Etats africains prônent ouvertement la transformation des produits bruts en produits finis sur le sol africain. L’exemple du cacao en Côte d’Ivoire est une illustration. Le courage politique des dirigeants africains sera la seule arme pour vaincre les adversités en vue de créer les Etats unis d’Afrique. Ce n’est ni une utopie, ni un rêve irréalisable. Il va falloir peut-être cent, deux cents, trois cents ou mille ans, tôt ou tard, l’Afrique devra s’unir si elle veut grandir. Cela a déjà commencé. Dans de multiples fora, l’Afrique parle d’une seule voix grâce à l’Union africaine. C’est le début d’une œuvre de longue haleine car, les plus belles oeuvres ne se construisent que dans la durée, la sueur et souvent au prix du sang.
(1) NEPAD: Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique