Article publié le 2009-12-27 par Cyrille Momote Kabange International
Copenhague : du piège à l’espoir [12/2009]
Le paysage Africain menacé
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Jamais événement n’a mobilisé autant les esprits avec constance et durabilité pendant cette décennie qui s’achève : la conférence de Copenhague est le Sommet par lequel s’exprime toutes les angoisses ainsi que l’espoir d’un changement sur nous-mêmes en quelque sorte, une hygiène de vie à l’échelle de l’Humanité.  Cette annonce qui nous semble tombée sous les sens n’a pas été acceptée par tout le monde telle une évidence. Comme quoi «le bon sens est la chose la plus partagée au monde» de Descartes n’y suffisait plus.  Les éco-sceptiques idéologiques se sont ajoutés aux lobbies industriels pour contester le fait saillant que la dégradation des conditions climatiques est provoquée par le comportement humain.

Ferrés par les seconds, l’hypothèse est permise, un peu à la manière des pêcheurs, les premiers émettent par principe un point de vue différent, question de «ne pas crier avec les loups».  C’est le cas du géophysicien français, Claude Allégre, homme politique mis en marge par le Parti socialiste auquel il a appartenu jusqu’à récemment.  Il y a eu d’autres, notamment la panoplie des autres décideurs politiques et économiques qui ont saboté ou tout simplement rendu non contraignantes les décisions  issues de la Conférence sur le climat à Kyoto (Japon), laquelle à été le point d’aboutissement d’un processus de maturation affecté de flux et de reflux de la conscience des dangers écologiques.  Exactement comme celle qui s’est ouverte le 8 décembre 2009 à Copenhague. 

Du reste, en marge de celle-ci, les Ecolo-sceptiques n’ont pas tardé à sortir le grand jeu.  Cette fois, la nébuleuse avait un visage intéressant, celui de l’Arabie Saoudite dont le délégué a profité d’un hacking des «climato-sceptiques» accusant d’éminents scientifiques d’un centre de recherche climatique britannique d’avoir manipulé des données qui montraient une hausse de température mondiale au cours des 150 dernières années.  L’affaire a fait grand bruit sans doute alimenté par des rumeurs intéressées de l’arrière-garde de ceux que le Premier Ministre britannique Gordon Brown a qualifié de «sceptiques anti-sciences d’un autre temps». 

Les pays les plus industrialisés sont les plus grands pollueurs de la planète!


Les faits sont, pourtant, têtus. En effet, loin des experts qui nagent à contre-courant de l’analyse des scientifiques tout-à-fait crédibles qui apportent un constat dramatique : les plus gros pollueurs auxquels est rattaché un niveau élevé d’industrialisation sont les mêmes dont le développement économique est entaché le plus, des crimes écologiques.  Taux élevés d’oxyde de carbone (CO2) expulsé dans l’atmosphère à cause de l’utilisation des produits toxiques qui certes augmentent la productivité des entreprises mais détruisent les écosystèmes en réduisant la biodiversité de la nature ou à l’instar des pays émergents qui comme le Brésil croyaient bien faire en voulant enrayer le mal par le mal.  Ce gigantesque pays qui dispose avec la République Démocratique du Congo des plus grandes forêts primaires du globe, véritables poumons de la planète, est à la pointe de la production des biocarburants obtenue paradoxalement à la suite de la déforestation qui libère les espaces considérables pour la culture de céréales dont la finalité n’est pas du tout de servir de substituts aux énergies fossiles en vue de la production des sources d’énergie fussent-elles appelées biologiques.

L’Homme joue à la roulette russe concernant sa survie!

Le Brésil qui est fortement industrialisé avec en prime une démographie croissante traine au-dessus de sa tête une épée de Damoclès.  Comment opter pour une diminution importante des émissions de gaz à effet de serre au moment où une politique de croissance tous azimuts voudraient que le pays se débarrasse des pans entiers d’une forêt amazonienne bien que celle-ci présente des capacités astronomiques de captation du CO2 ?   Une deuxième question découle de la première.  Où trouver l’équilibre entre les préoccupations économiques de croissance et les besoins humains qui recoupent aussi bien la satisfaction matérialiste de ceux-ci et une certaine idée du bonheur par la confiance en l’avenir?  Hélas! Autant pour les Brésiliens que pour le monde entier, l’heure n’est plus aux positions de principe car il s’avère aujourd’hui que l’homme joue sa survie un peu à la roulette russe.  Le piège s’est effectivement refermé sur les tenants de la vision prométhéenne de l’ordre humain qui faisait de la productivité à tout crin, l’épine dorsale du bonheur de l’humanité.  Produire, toujours produire et cela en transformant la nature de telle façon que l’on oublie d’où l’on vient.  La maxime de Francis Bacon est vite oubliée : «On ne commande à la nature qu’en lui obéissant»

Les pays en développement sont les plus exposés à la dégradation de l’environnement


A l’heure actuelle, les prémisses d’un bouleversement qui pourrait tourner à la tragédie sont indiscutables.  Et on ne serait pas Cassandre ou catastrophiste pour autant.  Ne dit-on pas également qu’une certaine forme de pessimisme confine à de l’intelligence?  Face à l’enchainement sans précédent de catastrophes naturelles (leur fréquence quasi quotidienne, l’effritement programmé des glaciers qui suppose une augmentation rapide du niveau des mers avec à la clef la disparition de quelques îles-Etat), la conférence de Copenhague devait mobiliser le monde et ne plus souffrir de l’égoïsme des-uns et de la myopie intellectuelle des autres.   Pour le moins, à Copenhague on a constaté un frémissement mais il n’est pas vain.  Le plus grand pays pollueur du monde, les Etats-Unis, hier encore sous la coupe des lobbies industriels américains et des néo-conservateurs conduits par Georges W. Bush, n’imaginait pas voir l’Amérique rejoindre les tenants de l’écologie comme élément d’une politique gouvernementale par la voie du président démocrate Obama.  Les enjeux de cette conférence sont ainsi dégagés mais la solution à apporter aux divers problèmes posés dépend de la nouvelle manière de voir et d’agir des plus grands Etats qui doivent mettre leur discours en accord avec les actes et qu’ils promeuvent les dimensions de la solidarité et de la justice.  Comme l’exprime si bien Madame Martine Aubry dans une opinion parue dans le journal «Le Monde» du 3 décembre 2009. Après avoir mis en exergue l’impératif catégorique de réussir ce sommet face à des enjeux capitaux.

«Notre monde, dit-elle, est confronté à une urgence environnementale inédite, qui exige une prise de conscience et une mobilisation planétaire.  Parce que c’est l’avenir même de l’humanité qui est en question, nous ne pouvons nous résigner à l’impuissance collective qui mènerait le prochain sommet de Copenhague à l’échec. La première Secrétaire du Parti socialiste français poursuit : « ...Notre plus grande responsabilité sera de concilier l’engagement environnemental et le combat pour la justice sociale.  Urgence écologique et urgence sociale sont indissociables, car les pays en développement et à de nombreux égards les citoyens les plus fragiles des pays en développement sont les plus exposés à la dégradation de l’environnement.  Comment accepter, par exemple, le paradoxe d’une agriculture mondiale dont l’échec se mesure autant à l’empreinte écologique qu’à l’augmentation insupportable de la malnutrition à travers la planète ? ...A Copenhague, il est impératif d’aboutir à des accords sur une large gamme des problèmes».  Elle souligne en guise de péroraison : «A Copenhague, une alternative claire s’offre aux dirigeants du monde entiers, des excuses pour ne rien décider de contraignant et retarder l’inéluctable mutation écologique de nos économies ou aborder avec responsabilité et audace notre avenir commun.  Au-delà de la préservation de notre planète, c’est notre rapport à la vie qui est en question car il s’agit plus que jamais de refuser la destruction de l’humanité par l’humanité ».

On ne pouvait mieux parler en cette matière !