Article publié le 2009-11-21 par Par Lansana Camara Politique
Comment sortir de la crise Guinéenne? [11/2009]
Président du parti Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), Mouctar Diallo
Le Capitaine Dadis Moussa Camara, l'actuel Président de la République de la Guinée Conackry
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Pratiquement, depuis plus de trois ans, la République de Guinée est confrontée à un certain nombre de crises de nature politique, sociale et économique. Située dans la région ouest africaine, la Guinée est, si non le seul, du moins l’un des rares pays dotée d’un énorme potentiel en terme de ressources naturelles. Mais malgré l’abondance des richesses du sol et du sous-sol, le pays reste plongé dans un état de pauvreté extrême. D’après des études géologiques et minières, la Guinée est le deuxième exportateur de bauxite dans le monde. Plus de 40 milliards de tonnes de réserves, soit le 2/3 des ressources mondiales.

C’est dans les années 2000 plus précisément que la Guinée enregistre sa première crise et dont les répercussions néfastes se répercutent encore aujourd’hui. Après 24 ans de règne, le vieux Général Lansana conté, sous le poids de l’âge et de la maladie, avait fini par ne plus avoir le contrôle de l’appareil administratif et étatique. Ainsi, le pays a connu un dysfonctionnement dont les conséquences sont des plus dramatiques.

Quelques jours après sa mort le 23 décembre 2009, une junte militaire s’empare du pouvoir pour dit-on, mettre de l’ordre dans la maison. Le Conseil national pour la Démocratie et le Développement  (CNDD), l’organe politique de la junte est créé. Dans les multiples déclarations au nom  du CNDD et  de tout le gouvernement, le chef de la Junte le capitaine Moussa Dadis Camara, avait prit l’engagement que ni lui, ni aucun membre du gouvernement et du CNDD ne se présenteront aux élections en fin de transition. Or depuis, des mouvements de soutien à la candidature du président Dadis  se multiplient dans la capitale Conakry et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays. Tous ces mouvements demandent ni plus ni moins au Capitaine Dadis de rester au pouvoir et de se présenter aux élections. Devant ce qu’elles considèrent comme un parjure, les Forces vives de la nation composées des partis politiques, d’organisations de la société civile, des syndicats, des confessions religieuses, d’ONG et organisations de femmes, prennent l’initiative de lever le ton et de stopper cet appel à candidature qui arrive. Un grand meeting est convoqué au stade du 28 septembre par l’ensemble des Forces Vives. Objectif de la rencontre, exprimer la désapprobation des militants face à une éventuelle candidature du président Moussa Dadis Camara. Une date coïncidant avec un moment historique pour la Guinée (c’est le 28 septembre  1958 que la Guinée a voté non au referendum français proposé par le Général De Gaule aux pays africains). La journée est célébrée comme journée d’anniversaire sur décision de la junte.

Des hommes armés investissent le stade. Bastonnades, arrestations, viols se multiplient. Des coups feu éclatent. Dans la soirée, le premier bilan tombe. Plus de 150 morts selon les organismes des Nations Unies et seulement 50 morts d’après le gouvernement.

Plusieurs blessés graves sont transportés dans les formations sanitaires de la ville, dont quelques leaders politiques. Certains sont évacués hors du pays pour des soins intensifs. C’est le cas de l’ancien Premier Ministre Cellou Dalein Diallo.

Apres ces tueries, la communauté internationale à condamné l’acte barbare des militaires. La CEDEAO et l’Union Africaine, dans le souci d’instaurer la paix en Guinée, ont décidé de mandater le président Blaise Compaoré comme médiateur de la crise guinéenne.  Celui-ci débarque à Conakry le 05 octobre 2009 pour  écouter toutes les parties prenantes de la crise et relancer les négociations en vue d’une sortie de crise. A l’issue des rencontres avec le président burkinabé les forces vives de la nation ont posé des préalables pour entamer tout dialogue avec le gouvernement. Il s’agit entre autres,  d’un engagement de la non candidature du président Dadis aux élections à venir, de rendre les morts aux familles, d’arrêter les coupables des crimes du 28 septembre 2009. A propos de cette médiation, Mouctar Diallo souligne que : «  Monsieur Blaise Compaore a été sollicité par la CEDEAO et nous savons que la CEDEAO est entrain d’œuvrer pour le départ de la junte et la tenue des élections libres et transparentes. Nous espérons que Blaise compaore va aider la CEDEAO a réaliser sa feuille de route consistant à organiser le départ de la junte au pouvoir, à aller vers les élections, à protéger les guinéens et à nous prévenir d’un conflit en Guinée qui peut avoir des répercutions dans toute la sous région et dans toute la région.»

Dans la  même logique, le groupe international sur la crise guinéenne s’était réuni le 12 octobre à Abuja siège de la CEDEAO. Au terme des travaux, un certain nombre de décisions ont été prises par le groupe relatif à l’instauration d’un climat de paix  en Guinée. Demande a été faite au Secrétaire général des Nations Unies et à l’Union Africaine de faciliter la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière sur les graves violations des droits de l’homme. En outre le président Dadis Camara a été invité à formaliser sa non participation aux élections présidentielles. Mais devant le retard de la junte a envoyé cette note d’engagement, la CEDEAO et l’UA ont pris des sanctions contre la Guinée. Il s’agit d’un embargo total sur toute importation d’armes vers le pays.

Par ailleurs, les conséquences de cette crise sont ressenties jusque dans les plus petits villages. Les activités socioéconomiques tournent au ralenti. La vie est de plus en plus chère pour les pauvres populations. Avec la baisse du pouvoir d’achat des ménages, des familles entières assurent difficilement les charges quotidiennes. 80 % des denrées de première nécessité sont importées. Du coup, la vulnérabilité des populations est accentuée lorsque les activités commerciales d’import-export sont bloquées.

Toujours devant l’ampleur de la crise, certains membres du gouvernement ont tout simplement démissionné de leurs fonctions. Il s’agit des ministres de l’Information et de la Culture, du Travail et de la Fonction Publique et celui de l’Agriculture et de l’Elevage.
Le  premier ministre guinéen a lancé un appel aux différentes parties prenantes afin d’éviter que le pire n’arrive à la Guinée, comme ce fut la cas dans un certains pays limitrophes voisins. Il a pour cela demandé aux acteurs politiques d’accepter le dialogue et la concertation, seules capables de résoudre les problèmes auxquels  la nation fait face. « Le plus grand défit qui interpelle aujourd’hui le peuple de Guinée et ses leaders de tous bords est de savoir garder la raison et surtout de ne pas perdre de vue l’intérêt supérieur de la nation . Ceci est valable pour toutes les ethnies qui ont toujours vécu en harmonie et pour toutes les catégories socio professionnelles dont la sueur et non le sang crée la richesse du pays.» souligne t-il.

Au regard de la situation politique actuelle, il faut dire que l’atmosphère reste encore tendue quoi qu’on dise. Les pressions de la communauté internationale ne semblent pas avoir grande influence sur la junte au pouvoir qui préfère s’en remettre à la médiation du Président Blaise Compaoré. Compte tenu de l’évolution de cette crise, nombreux sont les guinéens qui ne cachent pas leurs inquiétudes de voir les différentes parties radicaliser leurs positions. De leur côté, les leaders politiques ne demandent qu’une seule et unique chose : le départ de la junte et l’organisation d’élections libres et transparentes. C’est du moins ce que réitère le président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), Mouctar Diallo. Pour lui, « Les Forces Vives sont entrain de réfléchir sur un plan d’action pour continuer le combat en vue d’amener la junte à respecter ses engagements et organiser des élections libres et transparentes auxquelles aucun de ses membres ne sera candidat. La junte s’est disqualifiée même dans la gestion de la transition. Les forces vives demandent à la communauté internationale de la faire partir si possible par le dialogue ou dans tous les cas par tous les moyens. »