Article publié le 2009-11-21 par Marie Joannidis Economie
le FMI prévoit un nouvel élan pour l’Afrique [11/2009]
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(MFI) Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’Afrique, elle aussi frappée par une crise qui a mis un frein à la croissance qu’elle connaît depuis quelques années, devrait connaître un nouvel élan à partir de 2010 dans le cadre d’une reprise mondiale diversifiée.

Les perspectives économiques mondiales, publiées début octobre par le FMI, à l’occasion de sa réunion annuelle avec la Banque mondiale à Istanbul, en Turquie, soulignent que si la reprise est amorcée, l’enjeu consiste à la pérenniser. L’économie mondiale a renoué avec la croissance et la situation financière s’est sensiblement améliorée. Il faudra néanmoins quelques temps avant que les perspectives de l’emploi ne connaissent une véritable embellie, souligne le Fonds qui estime que le redressement est généralement plus marqué dans les pays émergents et les pays en développement, grâce à un regain d’activité en Asie. De manière générale, les pays émergents ont nettement mieux résisté aux turbulences financières que les crises antérieures ne le laissaient prévoir, ce qui résulte de l’amélioration des politiques économiques.

La croissance du PIB réel pourrait remonter à 4 % en 2010

En Afrique, si la croissance a accusé un net ralentissement à la suite de l’effondrement des échanges mondiaux, elle devrait regagner de l’élan à mesure que la reprise mondiale se mettra en marche. L’effet de la récession mondiale s’est d’abord fait fortement sentir dans les pays les plus intégrés aux marchés financiers mondiaux, dont l’Afrique du Sud. Par la suite, l’impact de la diminution des flux financiers s’est propagé aux producteurs de pétrole (dont l’Algérie, l’Angola, la Libye et le Nigeria), de produits manufacturés (Maroc et Tunisie) et d’autres matières premières (Botswana) avec l’effondrement des échanges internationaux. La récente embellie des conditions financières et des cours des matières premières aidera cependant ces pays à se redresser. La croissance du PIB réel de l’Afrique devrait reculer d’une moyenne de 6 % entre 2004 et 2008 à 1,75 % en 2009, avant de remonter à 4 % en 2010. Ces chiffres, quoique décevants par rapport aux résultats du milieu des années 2000, n’en sont pas moins encourageants au vu de la gravité des chocs extérieurs. Le net repli des exportations de la région devrait entraîner une modération de la croissance notamment pour les exportateurs de pétrole comme l’Angola, la Guinée équatoriale ou le Nigeria qui ont pâti de la baisse des prix du brut.

Récent redressement des flux de capitaux vers l’Afrique du Sud

Par ailleurs, le PIB de l’Afrique du Sud, la plus grande économie de la région et un importateur de pétrole, devrait connaître une contraction de 2,2 % en 2009 avant que la croissance ne reprenne au second semestre 2009, sous l’effet des politiques budgétaires et monétaires de relance et de la reprise projetée du commerce mondial. Le récent redressement des flux de capitaux vers l’Afrique du Sud devrait aussi contribuer à la reprise. Si le Botswana et les Seychelles sont deux des pays les plus touchés par la récession mondiale, le premier en raison de la chute de la demande mondiale de diamants et le second, qui a entrepris un vaste programme de réformes, de la forte compression des recettes du tourisme, d’autres plus pauvres mais dont les exportations sont plus diversifiées devraient renouer rapidement avec la croissance. L’inflation en Afrique devrait passer revenir à 9 % en 2009, puis à 6,5 % en 2010. À l’exclusion du Zimbabwe, dont les informations ne sont pas fiables, trois pays (République démocratique du Congo, Éthiopie et Seychelles) présentent des taux d’inflation projetés pour 2009 de plus de 20 %. En revanche, la majorité des pays de la zone franc et du Maghreb devraient afficher des taux d’inflation inférieurs à 5 %. À la différence du passé, plusieurs pays de la région ont eu, selon le FMI, une marge de manœuvre budgétaire qui leur a permis de faire jouer les stabilisateurs automatiques. Cette marge de manouvre a été possible grâce à des politiques budgétaires relativement prudentes et à l’allègement de dette obtenu ces dernières années. Les pays pauvres très endettés, dont la majorité sont africains, réclament une représentation plus importante au sein d’instances comme le FMI mais aussi du G20 qui regroupe les pays les plus riches de la planète, dont un seul africain, l’Afrique du Sud. Cette position est d’ailleurs soutenue par le directeur général du fonds, le Français Dominique Strauss-Kahn. Celui-ci a estimé qu’il était difficile « d’organiser l’économie mondiale en laissant un milliard de personnes en Afrique en dehors du processus ».

La lutte contre la pauvreté freinée

Une autre inquiétude des Africains est que les pays donateurs frappés par la crise ne réduisent leurs aides au développement. Dans tous les pays d’Afrique subsaharienne, il faut s’attendre à ce que la crise freine la lutte contre la pauvreté et, peut-être, réduise à néant les progrès accomplis dans ce domaine. Il est probable que le chômage et le sous-emploi, qui sévissaient déjà de façon endémique, aient augmenté dans toute la région. Cela dit, en comptant sur la reprise économique mondiale, « nous prévoyons une croissance de 4 % en 2010 et de 5 % en 2011 pour l’Afrique subsaharienne », précisent les experts du FMI. Ils soulignent aussi que l’accroissement de l’aide financière du Fonds a permis de soutenir les mesures prises par les pouvoirs publics. Ainsi, les nouveaux engagements de ressources du FMI en faveur de l’Afrique subsaharienne ont déjà atteint plus de 3 milliards de dollars cette année, contre 1,1 milliard pour toute l’année 2008 et 0,1 milliard seulement en 2007. Il est maintenant indispensable que les autres partenaires au développement se joignent à ces efforts et à ceux des autres institutions financières internationales, ajoutent-ils. La France et la Grande-Bretagne ont déjà annoncé dans ce cadre qu’elles transféraient 4 milliards de dollars en Droits de tirage spéciaux (DTS, l’unité de compte du FMI) à ces prêts aux pays pauvres, sans les leur verser directement.