Article publié le 2009-11-21 par Ariane Poissonnier
Développement
Micro finance, Dakar et Paris : pour une révolution du financement des projets de développement [11/2009]
La capitale sénégalaise et celle française ont été durant ce mois de novembre, le pôle d’attractivité de la micro finance. Dakar et Paris, deux capitales emblématiques historiquement parlant, ont abrité respectivement la Vème Conférence internationale sur la micro assurance et la remise des prix de la micro finance internationale. Ces deux événements situent l’Afrique au cœur d’un nouveau mode de financement dont les bénéfices pour les moins nantis ne sont plus à démontrer.La micro finance est la banque des pauvres. De facto, elle se positionne comme la meilleure banque pour une bonne partie de la population africaine. Accès plus facile aux crédits ; disponibilité des fonds pour les petits revenus; souplesse dans le déblocage des crédits, sont entre autres les avantages qu’offre ce financement des temps modernes. A Dakar, les experts ont tenté de répondre à quatre problématiques se rapportant à la micro finance. D’abord, comment proposer aux pauvres une assurance santé ? Ensuite, quel est le lien entre micro finance et micro assurance ? Enfin, partager l’expérience africaine de la micro assurance et faire l’analyse économique des marchés de micro assurance. Les défis de la micro finance dans un monde en constante évolution sont énormes. Selon une étude réalisée en 2006 par Micro-Insurance Center « moins de 3% de la population des 100 pays les plus pauvres du monde ont accès à des produits d’assurance ». Cela montre que les produits d’assurances ne sont pas à la portée des pauvres. Par extrapolation, ils peuvent être des tours d’ivoire inaccessibles aux petites revenues. En comparaison, près de 90% des citoyens de l’Union Européenne possèdent un compte bancaire. Dans les pays dit « en voie de développement » ce taux varie selon les Nations unies. Il part de 6,4% pour la Tanzanie à 50% pour le Brésil.
La micro finance vise à briser le mûr de l’accès aux services financiers de base. Cela est d’autant plus nécessaire que plus d’un milliard de personnes pauvres dans le monde n’ont pas accès à ces services financiers pour gérer leur argent et développer des activités, selon la seconde édition du Guide de la micro finance. Ce document rappelle par la même occasion, que « c’est l’un des facteurs qui maintient ces familles dans la pauvreté et limite la capacité des entrepreneurs à créer des richesses ». Or, le développement s’accompagne de la création de richesses, de plus-value. D’où l’urgence de réponses ciblées et efficaces.
Aujourd’hui, dans le monde plus de 150 millions de personnes bénéficient des fruits de la micro finance. C’est une goutte d’eau dans la mer lorsqu’on sait que plus d’un milliard de personnes sont victimes de la faim dans le monde. Il faut donc poursuivre l’œuvre. L’œuvre doit à présent inclure les plus pauvres. Elle doit favoriser l’accès aux revenus aux petits ménages africains où la mère de famille a souvent du mal à réunir 50 euros pour entamer le petit commerce. Or, la micro finance qui donne droit au micro crédit a été, selon la légende, « inventé » par le Professeur Yunus dans les années 70, au Bangladesh. La Grameen Bank, qui a résulté de cette invention, repose sur un constat et un principe très simple : les plus pauvres des pauvres n’ont pas accès aux banques, et donc au crédit, car ils ne peuvent offrir de garanties, ne possédant rien. Ils sont donc à la merci des usuriers et autres banquiers de rues, qui leur prêtent chaque matin de quoi assurer une activité économique minimale, génératrice d’un faible revenu dont une grande partie servira à rembourser le prêt du matin, et ce qui reste à acheter de quoi se nourrir et nourrir sa famille. C’est un cercle vicieux, qui empêche de dégager le moindre surplus, et qui la plupart du temps génère des dettes s’étendant sur plusieurs générations.
La solution du Professeur Yunus consiste à prêter à ces pauvres, mais collectivement, de façon solidaire.
Ainsi, en incitant les meilleurs entrepreneurs à concourir pour des prix, c’est une invite à plus de compétitivité, de créativité dans le monde de la micro finance. C’est du tout bénef pour l’Afrique qui en a tant besoin.
Epargner et investir solidairementLe concept de microfinance est universel et s’adapte aux contextes locaux, souligne Maria Nowak, présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique (2), dans sa préface au Guide de la Microfinance. Dans les pays occidentaux, où l’exclusion s’accroît, de plus en plus de structures travaillent pour montrer que l’argent peut être épargné et investi autrement, c’est-à-dire au bénéfice des hommes. C’est le cas de l’association Finansol, qui organise en France, du 4 au 11 novembre, la 2e Semaine de la finance solidaire.
«Avec un placement solidaire labellisé Finansol, en finançant une entreprise de logistique à vélo qui donne du travail à 60 personnes en insertion comme Hakim à Bordeaux, la finance solidaire donne les moyens d’entreprendre aux personnes exclues de la finance classique», insiste François de Witt, président de Finansol. Association professionnelle fondée en 1995, Finansol fédère les financeurs solidaires et des établissements financiers; sa mission est de développer la solidarité dans l’épargne et la finance; elle délivre notamment un label qui distingue l’ensemble des placements d’épargne solidaire.