Article publié le 2008-11-09 par Daouda Emile OUEDRAOGO Développement
Voyage de presse, Si Taïwan m’était conté ! [11/2008]
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Du 23 au 30 août 2008 des journalistes burkinabé ont effectué un voyage de presse en République de Chine (Taïwan). A l’invitation de l’ambassade de Taïwan au Burkina, en collaboration avec le ministère des affaires étrangères de ce pays, ce voyage avait pour but de faire découvrir les richesses culturelles et médiatiques de cette île de 36 000 km2.

Des journalistes burkinabé ont séjourné à Taïwan du 23 au 30 août 2008. Après deux jours de voyage entre Ouagadougou et Taipei en passant par Paris et Hong- Kong, l’on découvre cette île nichée entre la mer de Chine méridionale et celle des Philippines. Température ambiante : 32°. Ciel ocre. Soleil couvert. Après avoir atterris à l’aéroport international de Taïwan Taoyuan, les huit journalistes de l’audiovisuel et de la presse écrite du Burkina, tant privée que publique feront face à une réalité : le décalage horaire. Huit (8) heures entre le GMT et l’heure locale. Les insomnies y passent mais les ouvriers de la plume et du micro ne se feront pas prié pour honorer un programme fort «chargé» au quotidien. Les médias, le commerce, la formation professionnelle, le tourisme ont été les plats de résistance de ce séjour. Entre autres lieux et structures visitées, le ministère de l’information, la commission nationale de la communication, le Conseil pour le développement du commerce extérieur, le marché informatique, les médias (journal, télévision, radio). Cerises sur le gâteau, le funiculaire de Mu Cha, la sculpture sur bois de San Yi, la distillerie Lai Jia, le temple Taoïste de Lu Kang, le Centre de formation professionnel, la station de TGV de Taichung, la tour 101 de Taipei ont permis aux journalistes de découvrir les richesses de ce pays. Avec le multipartisme amorcé en 1989, le boom des médias a été un fait après l’abolition de la loi martiale intervenue en 1988. Cela a permis une floraison des chaines de télévision, des radios et des journaux. Selon le vice ministre de l’information, William Yi, avec la libéralisation des médias, 2442 organes ont reçu leur autorisation mais seulement 30 journaux dont 4 ont le plus grand tirage, sont sur le marché. 178 radios, 5 chaînes de télévisions hertziennes dont une publique couvrant 80 % de la population, sont fonctionnelles. Ouverture médiatique oblige, plus de 100 chaînes de télévisions internationales émettent à Taïwan. Le pluralisme médiatique est une réalité mais la liberté de la presse est régulée par la Commission nationale de la communication. Cette structure dirigée par Mme Bonnie Peng s’occupe des chaînes de radios et de télévisions. Selon elle, la liberté de la presse est assujettie au respect des règles d’éthique et de déontologie du métier. En visitant à pas de charge, la chaîne de télévision CTS (Chinese Television System) le quotidien United Daily news et la Radio RTI (Radio Taïwan International), les journalistes burkinabé se sont imprégnés des réalités de vie et de travail de leurs confrères taïwanais. Ces réalités se résument grosso modo à un équipement matériel fourni, un personnel dynamique, un salaire modeste évoluant avec l’ancienneté dans le métier. Le salaire minimum étant de 16 000 $ NT (dollar taïwanais), environ 240 000 F CFA, il peut être multiplié par 1,5 par an selon la performance du journaliste. Cela fait dire à Hubert, journaliste français travaillant au ministère de l’information «si vous voulez devenir riche, ne choisissez pas de travailler dans la presse taïwanaise». Surement, à cause du coût de la vie relativement chère. Taipei est la 3ème ville la plus chère d’Asie après Tokyo et Hong Kong.

Pays de culture et de commerce par excellence

Taïwan a amorcé son développement, il y a à peine 50 ans. Il occupe aujourd’hui le 16 ème rang mondial sur le plan commercial. Son Conseil pour le développement du commerce extérieur oeuvre à la promotion des échanges commerciaux entre l’île et les pays étrangers. De 10 millions de dollars US (environs 4 milliards 900 millions de FCFA) en 1970, les importations et exportations ont franchi le cap de 460 millions de dollars US (plus de 110 milliards de FCFA) en 2007. Les produits essentiels sont le blé, le riz, le coton, les écrans d’ordinateurs et, les services. A titre d’illustration, Taïwan a acheté en 2007 le coton burkinabé pour plus de 15 millions de dollars US (plus de 7 milliards de FCFA). Le commerce rime avec formation. Entre la Taïwan et le Burkina, ce domaine se porte à merveille. En effet, au Centre de formation professionnel dirigé par Tsao, Hsing-Chien, 17 formateurs burkinabé divisés en 3 groupes se forment en électronique et électricité, en réparation de voiture et en construction génie civil. «Ils se comportent bien, sont assidus et travaillent bien en classe» selon les encadreurs du Centre.
Sur cette île de 23 millions d’âme, la culture rime avec la religion. La tradition confucéenne s’enrichit de la culture occidentale. S’ouvrir aux autres sans perdre sa racine. Les journalistes burkinabé l’ont découvert en visitant des sites touristiques tels la plus haute tour du monde de son nom Taipei 101 qui symbolise ses 101 étages, le musée de la sculpture sur bois de San Yi, le funiculaire, une sorte de «taxi suspendu», le temple Taoshi de Lu Kang sont autant de merveilles qui séduisent par leur spécificité le touriste.




Vu et entendu à Taïwan


>> Gestion rationnelle de l’électricité pour l’administration

A Taïwan, en vue de la gestion rationnelle de l’électricité dans l’administration publique, le nouveau président (élu en mars 2008) Ma Ying-jeou a pris des mesures strictes à l’endroit des structures de l’Etat. A cet effet, à l’heure de la fermeture des bureaux de l’administration (16 h à cause de la journée continue qui est de 9 h à 16 avec une heure pour se restaurer à midi), la climatisation est coupée dans l’administration de la République de Chine. Cette coupure intervient à 18 h selon notre source d’information. Pour bénéficier de la climatisation durant les heures supplémentaires, il faut faire une demande adressée au vice-président qui avise selon les motifs de la demande. Et, cela peut trainer durant des jours avant d’avoir une réponse. A défaut, les taïwanais font avec et s’y habitue. Cela pourra être bénéfique pour le Burkina Faso, à l’heure où l’on réfléchit sur comment économiser la consommation électrique dans l’administration publique.

>> Raogo, le plus burkinabé des taïwanais

La délégation des journalistes burkinabé avait pour guide et interprète un jeune diplomate, chargé de dossier à la direction des affaires africaines. De son vrai nom Jyr Geng Wu, il porte le nom de Raogo. Selon ses explications, ce nom lui a été donné par ses amis burkinabé lorsqu’il était en étude à l’IDRI au Burkina Faso. Rentré aujourd’hui au pays, il porte avec fierté ce nom. Il nous a confié que certains de ses collègues surtout ceux qui peuvent s’exprimer en français l’appellent par ce nom. Dynamique et dévoué, il était aux petits soins de la délégation, avec ponctualité, humour et réalisme. Son père vit toujours au Burkina Faso d’où il met sa compétence pour l’aboutissement de la construction du centre hospitalier universitaire de 600 lits. Raogo est surement le plus burkinabé des taïwanais.

>> 700 $ taïwanais (10 500 F CFA) pour voyager en TGV

Le train à grande vitesse relie Taichung, la 3 ème ville de Taïwan à Taipei distant de 200 Kms. Pour pouvoir rallier cette distance en moins d’une heure, il faut débourser 700 $ NT soit 10 500 F CFA. Cela n’est pas du donné pour la bourse du taïwanais moyen. Mais ils prennent d’assaut le TGV pour aller vite.

>> La stratégie pour encourager les naissances

Durant la dernière décennie, l’Etat a constaté une baisse du taux de natalité. Conséquence, la population taïwanaise va vieillissante. Pour trouver une solution, l’Etat a lancé le slogan en vogue actuellement à Taïwan : «un, ce n’est pas mal, deux c’est bien, trois c’est encore mieux» pour faire allusion aux enfants. En outre, une subvention annuelle est accordée aux familles ayant trois enfants. Cependant, les taïwanais ne semblent pas motivés pour cette donne du fait que la subvention est infime par rapport à la prise en charge de l’enfant.

>> Quand le décalage horaire fait mal

Avec le décalage horaire de 8 h entre l’heure de Taïwan et le GMT, les 8 journalistes avaient pratiquement du mal à dormir. Chaque matin au petit déjeuner, les uns et les autres se racontaient leurs déboires «insomniaques». Si ce n’est pas l’un qui dort à partir de 3 heures du matin pour se réveiller à 6 ou 7 h, c’est l’autre qui dort à 23 h pour rouvrir les yeux à 2 ou 3 h du matin et, plus de sommeil jusqu’au petit matin. Durant ces 5 jours passés à Taïwan, sauf erreur de notre part, aucun journaliste n’a pas dormir 5 h d’affilé. Et, c’est là que le décalage horaire faisait mal aux ouvriers de la plume et du micro.