Article publié le 2008-11-09 par Entretien réalisé par Victor Olembo Entretien
«Laurent Gbagbo est un homme de paix» Entretien avec Docteur TEBI Joachim Ablé, Président de la communauté ivoirienne de France [11/2008]
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Les élections présidentielles en Côte d'ivoire sont l'échéance capitale pour boucler la fin de la guerre. Après de multiples reports, tous les candidats développent des stratégies de campagnes pour être prêt le jour J. La Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo est aussi à pied d'oeuvre pour faire triompher son candidat Laurent Gbagbo. A coeur ouvert, son président, Tebi Joachim Ablé, docteur en philosophie Sorbonne-Paris I, milite pour une Côte d'Ivoire de paix et de fraternité avec Laurent Gbagbo.

Le Nouvel Afrique (LNA): Qu'estce que la Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo ?

Docteur TEBI Joachim Ablé (TJA): La Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo est un Mouvement de la société civile et son nom, choisi à dessein pour éviter toute ambiguïté, indique clairement son objectif: contribuer à la réélection du Président Gbagbo.

Notre Mouvement poursuit donc le même but que le Congrès National de la Résistance et pour la Démocratie, qui en Côte d'Ivoire, s'est réuni autours du Président Gbagbo, mais je répète que nous le faisons dans le cadre de la société civile, car ledit Congrès, regroupe des partis politiques et nous n'en sommes pas un. Nous nous définissons un peu comme ''l'aile civile'' du CNRD qui relaie son discours sur le terrain. Outre la réélection du Président Gbagbo, nous voulons contribuer au retour d'un vrai climat de paix et de fraternité, en Côte d'Ivoire. De Korhogo à Grand-Lahou, de Bouna à Danané (NDLR : des villes de Côte d'Ivoire), nous sommes tous frères et personne ne devra l'oublier. La politique n'est rien d'autre qu'un service et tous ces mauvais jeux d'intérêts qu'organisent et soutiennent les uns et les autres sont tristes et ridicules. A-t-on réellement besoin d'assassiner une partie de ses concitoyens pour s'imposer, avec violence, aux autres?

LNA: Comment allez-vous poursuivre le rassemblement de la communauté ivoirienne de France autour de votre objectif?


TJA: Nous sommes une communauté dynamique et notre mouvement a déjà pris une initiative très importante en organisant les journées de la paix (ivoirienne) en France, au mois d'avril dernier, à l'Université Paris- Dauphine. Ces journées ont été présidées par monsieur Gervais Coulibaly, porteparole du Président de la République, avec la participation du Port Autonome d'Abidjan et du BNETD. Le mouvement que je préside, tire son expérience du dynamisme des groupements comme ''Gbagbo au Premier Tour'' de Jean- Baptiste Doffou ; ''Tous Pour Gbagbo'' de Grégoire Achiedo ; ''Réseau ivoirien des Associations Féminines'' de Hélène Gbalou, Marcelle Ouraga, Madeleine Vagbé ; ''Femmes Patriotes'' de Léontine Topo, Flore Réverend pour ce qui est des associations à audience nationale.

Sans parler des doyens comme Bernard Djédjé, Boniface Beugré, El Hadj Djoré et Grégoire Gnakalé, de nombreuses associations et comités régionaux sont en train de répondre à notre appel au rassemblement et nous avons déjà enregistré des réponses de différentes organisations. Tels que le ''Comité de soutien des ressortissants de Tiébissou pour Gbagbo'', ''Sud Bandama pour Gbagbo'' ; ''Les Guébié pour Gbagbo'' ; ''les Houphouëtistes du Val-de-Marne pour Gbagbo'' ; ''Association Brouga'' dont le Président Gbagbo est toujours membre. A côté de cela, nous disposons de comités départementaux à Rhône, Nord, à Yvelines, à Seine-St.Denis, à Paris, au Val-de-Marne, à la Bouche du Rhône, au Loiret, au Val-d'Oise et la liste va bientôt augmenter.

Nous sommes un mouvement de la société civile dont les membres viennent de tous les partis politiques nationaux. Nos adhérents et sympathisants viennent des associations, ils viennent des syndicats. Mais ils sont également sympathisants, à la fois, du FPI, du PDCI, du RDR, de L'URD, de L'UDPCI, de l'UND, du RPP et de tous les partis de l'échiquier national … Et il s'agit, pour nous, d'occuper le terrain, d'aller dans les quartiers, dans les jardins et dans les parcs, de monter dans le bus ou dans le train, dans le tram et de profiter de toutes les occasions qui s'offriront à nous de parler de Laurent Gbagbo, le candidat du peuple ivoirien aux prochaines élections présidentielles. Mais nous nous battrons également afin de lui faire obtenir une vraie majorité au parlement, une vraie majorité présidentielle.

LNA: Vous parlez de recherche de la paix en même temps que vous appelez à voter pour Laurent GBAGBO qui est pourtant rendu responsable, par ses adversaires, de la situation de guerre que connaît la Côte d'Ivoire ?

TJA: Lorsque la démarche politique repose sur le ''mensonge pathologique'', sur la vanité, la violence idéologique, l'extrémisme, les amalgames politicoreligieux, la haine de l'autre, le mépris volontaire de la Fraternité, c'est tout un pays qui en fait les frais. Alors, il devient plus facile, face aux drames des conséquences, de se comporter comme les gamins, sur un terrain de récréation : ce n'est pas moi, ce n'est pas ma faute. C'est la faute de l'autre.

Je déteste la polémique au plus haut point et je me garde donc toujours de tout critique. Je suis de ceux qui considèrent toujours les situations avec les ''yeux du pardon''. Mais ce n'est qu'à un étranger qui vient de loin et qui ne connaît pas la Côte d'Ivoire que l'on peut raconter que Gbagbo est responsable de cette situation de guerre.

En effet, au cours de ses trente années passées dans l'opposition, Gbagbo n'avait jamais acheté une seule aiguille pour trouer, ne serait-ce que la chemise de ses concurrents politiques et, tout le monde entier le sait. Alors, comment aurait-il pu plonger la Côte d'Ivoire dans la guerre comme le chantent malhonnêtement ses concurrents ? Or ils sont bien connus, ceux qui avaient juré de rendre la Côte d'Ivoire ingouvernable. Ils y sont parvenus, parce qu'ils avaient été humiliés par leur propre allié. Ceux qui ont mis le feu au pays, ont été pourtant dénoncés publiquement, lors des réunions publiques par les rebelles et ils l'ont reconnu, eux-mêmes, en ne déposant pas la moindre plainte contre leurs accusateurs, pour grave diffamation aux yeux de la Nation. Alors, comment peut-on trouver le sommeil lorsqu'on est publiquement accusé d'avoir ruiné toute la chaîne de la solidarité et tout le socle de la Fraternité dans un pays ?

Mais si ton allié t'humilie, le pays en luimême n'y est pour rien et il ne faut pas le brûler. Il ne faut donc pas se réjouir et ''jouir'' en le voyant brûler. Qu'avaient-ils à voir, nos paysans, nos ouvriers, nos étudiants, nos travailleurs, nos écoliers, nos malades, nos honnêtes citoyens, dans cette sinistre bataille de succession qu'ont décidé de se livrer les diadoques d'Houphouët-Boigny pour assurer leur propre pouvoir et leur propre prestige ?

Est-il moralement recommandable d'armer des jeunes gens, tout en s'enorgueillissant, pour détruire un pays entier que l'on voudrait pourtant gouverner, au funeste prétexte que l'on s'est vu écarter par son supposé meilleur allié? Alors, ayons le courage de dire, même si nous sommes invités à pardonner, que le malheur actuel de la Côte d'Ivoire, est le fait, non pas du président Houphouët, entendons-nous bien, mais des diadoques d'Houphouët- Boigny.

LNA: Qui sont les diadoques d'Houphouët-Boigny ?

TJA: Le but, ici, n'est pas de faire de la polémique, alors que nous demandons en même temps que les Ivoiriens retrouvent leur esprit fraternel d'antan. Je voudrais préciser cependant que certains hommes politiques se sont largement comportés comme si le pays était leur jardin particulier, en allant jusqu'à déstructurer les bases de notre société villageoise. Ils y ont installé un mal profond.

LNA: C'est-à-dire ?

TJA: S'agissant des questions communautaires dans les campagnes, je voudrais donner un exemple qui vaut d'ailleurs pour bon nombre d'Ivoiriens. En effet, en ma qualité de propriétaire terrien, j'ai mis beaucoup de terres à disposition, en Côte d'Ivoire. Cela a permis l'intégration de plusieurs frères maliens, burkinabè, guinéens, etc... Et de nombreux collègues paysans en ont fait autant.

LNA: Vous vous définissez comme un paysan ?

TJA: Oui, sans gêne aucune… Et les biens de ces collègues paysans, se trouvent donc là où ils vivent depuis longtemps, paisiblement. Leurs enfants parlent la même langue que nous. Nous avons été des copains de jeu et nous appartenons au même village depuis longtemps. Et je ne peux même pas dire que notre village m'appartient davantage, par rapport à ces enfants (à ces hommes) qui ont aujourd'hui le même âge que moi. Ensemble, nous sommes chez-nous, dans ce village, dans ces villages de Côte d'Ivoire. Nous sommes frères et nos soeurs et ils prennent épouses parmi nous...

Alors quelle vilaine idée, rien que pour un pouvoir politique éphémère, de déstructurer toute la Nation, en inventant l' ''Ivoirité'' contre tous ces frères ? Mais, quelle vilaine idée, à l'opposé, pour ceux qui n'ont jamais mis un lopin de terre à disposition, qui n'ont jamais accueilli un seul frère-étranger dans leur case, de déstructurer toute la Nation, en traitant les acteurs du partage (au sens sociologique et au sens religieux) de xénophobes?

Cela est moralement impur, politiquement incorrect, socialement injuste, humainement vexatoire. Alors, il faudra dire à tous ceux qui veulent accéder au pouvoir politique en Côte d'Ivoire, de faire de la politique, correctement, et de nous laisser vivre, tranquillement, entre paysans, entre frères. Nous voulons continuer à être un pays de Paix et de Fraternité.

LNA: GBAGBO, aux yeux d'une partie de la communauté internationale, est perçu comme un persona non grata ?

TJA: Oui, mais personne n'est aujourd'hui dupe de la tactique de ses concurrents. Cela est une erreur de leur part. Car, comment pouvez-vous chercher à être élu par des Ivoiriens et rechercher vos soutiens dans des pays qui ne participent au vote dans le vôtre ? Où se passe le scrutin et qui est appelé à voter? Les Ivoiriens ou les Guatémaltèques ? Si, au lieu de vous rendre populaire auprès des Ivoiriens qui auraient eu besoin de vous, en bâtissant des écoles, des hôpitaux, des puits, des routes pour eux, grâce à votre immense quantité d'argent ramassé rapidement auprès du contribuable et que vous refusez, de surcroît, de partager avec la population, vous cherchez plutôt à corrompre la communauté internationale. Dans ce cas de figure, la communauté nationale vous rejettera.

Dans notre Mouvement, nous nous posons une seule question : que fautil choisir entre : former un obscur et sulfureux G7 avec les rebelles pour massacrer des Ivoiriens et violer des Ivoiriennes, ou former un gouvernement avec des frères repentis pour ramener les institutions républicaines et ramener le pays ? Que faut-il choisir entre détruire et bâtir, brûler et arroser, tuer et sauver, faire mourir et nourrir, diviser le Nord et le Sud, et réunifier le Nord et le Sud, se venger et pardonner?

La Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo fait le choix, avec GBAGBO, de bâtir, d'arroser, de sauver, de nourrir, d'unifier et de pardonner, pour la victoire même de la Côte d'Ivoire. Et nous invitons tous les Ivoiriens à adhérer à ce choix qui est porteur d'avenir pour la Côte d'Ivoire.

LNA: Qu'est-ce qui vous donne tant envie de vous mobiliser pour Laurent Gbagbo ?

TJA: Je sais relativiser et l'on m'a appris à être modéré ... Et au sein du mouvement, nous ne sommes pas dans un jeu de flagornerie. Mais, nous voulons simplement parler de l'homme, de l'enfant du petit peuple qui a marché à pieds pour se rendre dans les campagnes, qui a bu son eau dans un petit verre plastique, acheté chez l'épicier du quartier, comme je le lui ai tendu un jour. Il a ouvert la voie, là où nous nous cachions tous de la voix de Houphouët, bélier redoutable et dieu vivant des savanes de Yamoussoukro. Nous pouvons parler de Gbagbo qui, bien qu'appauvri par le chômage, et la sandale trouée, avait toujours su maintenir le cap, respecté ses objectifs fixés. Même s'il se nourrissait, certains soirs, d'une simple banane grillée et se contentait d'une poignée de cacahuètes sénégalaises. Et pourtant, de mystérieuses liasses d'argent dormaient sur son compte bancaire, en guise d'appât, destiné à ramollir sa détermination. Or, Gbagbo nous demande, mais surtout, à tous ceux qui ont tenté de le corrompre : peut-on gagner de l'argent sans avoir travaillé ?…

LNA: Vous êtes connu pour mettre en exergue l'intégrité du Président…

TJA: Parlant de l'homme, je n'ai cesse de le rappeler ou de répéter, et faisons-le désormais ensemble, que Gbagbo est l'un des rares chefs d'Etats africains, à ne pas avoir d'hôtel particulier à l'étranger, à ne pas avoir de compte bancaire à l'étranger, à ne posséder aucun pécule en Suisse. L'homme que la Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo invite à voter, est celui qui a fait la promesse de ne se contenter que de sa petite valise d'effets personnels pour rentrer à la maison, le jour où il ira au repos. Mais il est surtout un artisan de paix qui a toujours prôné l'alternance démocratique par les urnes. Et je voudrais vous inviter, ici, à observer, et à partager avec moi la plus belle déclaration faite par Gbagbo depuis ces cinq dernières années et vous découvrirez mieux la hauteur de l'homme. En effet, au beau milieu de la crise ivoirienne où ses adversaires sont sortis de partout pour le déstabiliser, l'on annonce à Gbagbo que, non pas la France, grand pays des droits de l'homme, mais monsieur Chirac, vient de détruire les avions de combat de l'armée ivoirienne.

Et là, tout le monde s'attend à ce que Gbagbo hurle, tempête, entre en transe, crie vengeance. Mais guidé par sa vision pacifique, il répondit, comme s'il voulait rassurer ses propres ennemis et éclairer l'opinion internationale sur ses intentions pacifiques qui ne datent pas d'aujourd'hui. Or c'est bien ce qu'a fait Gbagbo comme pour inviter les rebelles au désarmement et pour inviter toute la Côte d'Ivoire à la paix. Gbagbo fit alors cette magnifique réponse à son interlocuteur du jour, mais surtout à tous les Ivoiriens, ses interlocuteurs de toujours : « je ne tenais pas spécialement à acheter des armes...» Les Ivoiriens devraient comprendre que Gbagbo est un homme de paix. C'est pourquoi, la Communauté ivoirienne de France pour la victoire de Laurent Gbagbo demande à tous les Ivoiriens et à toutes les Ivoiriennes de regarder la Côte d'Ivoire comme leur bien propre dont ils ne devraient pas se dessaisir pour un morceau de gloire éphémère, d'avoir le sens du Pardon et de disposer, dans la Fraternité , dans la Tolérance, leur coeur à la Paix.