Article publié le 2008-11-09 par OLV / LNA Reportage
RD CONGO: Violences sexuelles dans la province du Maniema, Le cri de douleurs des femmes meurtries [11/2008]
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Depuis 1996, l’année du déclenchement de la guerre de libération menée contre le régime dictatorial du Président Mobutu, ces conflits armés qui ravagent plus particulièrement les régions de l’Est de la RDC, ont utilisés et utilisent encore les violences sexuelles massives comme arme de guerre. La région du Maniema n’a pas été épargnée. Des femmes et des jeunes filles ont été agressées chez elles, dans les champs ou alors qu’elles entreprenaient leurs activités quotidiennes. Beaucoup d’entre elles ont été violées à plusieurs reprises ou ont été victimes de viols commis par plusieurs combattants.


Depuis 1996, l’année du déclenchement de la guerre de libération menée contre le régime dictatorial du Président Mobutu, ces conflits armés qui ravagent plus particulièrement les régions de l’Est de la RDC, ont utilisés et utilisent encore les violences sexuelles massives comme arme de guerre. La région du Maniema n’a pas été épargnée. Des femmes et des jeunes filles ont été agressées chez elles, dans les champs ou alors qu’elles entreprenaient leurs activités quotidiennes. Beaucoup d’entre elles ont été violées à plusieurs reprises ou ont été victimes de viols commis par plusieurs combattants.
Les organisations des droits de l’homme doivent continuer de faire pression…
Les témoignages écoutés sont écoeurants, il n’y a plus aucune limite dans la terrible escalade de l’horreur. Comment rester insensible à la détresse de ces dizaines de milliers de femmes, littéralement déchirées? La participation de tout le monde dans la lutte contre ce phénomène fera la différence. Il est nécessaire que les organisations locales et internationales qui tentent de leur venir en aide, les aide à dénoncer publiquement cette barbarie vécue ici au Maniema que nous avons visité. Les organisations des droits de l’homme doivent faire pression sur les gouvernements afin que les ressources disponibles (et elles existent) permettent aux victimes de recouvrer leur droit à la santé et aux différents soutiens y recourant. Le soutien de tous est nécessaire pour que la justice nationale et/ou internationale puisse faire son travail et punir les auteurs de ces atrocités. L’asbl IMANI lance l’appel ; Tout apport financier, matériel, psychologique,… permettra de continuer le combat, afin d’éradiquer complètement ce mal, de respecter les promesses faites aux victimes, et d’épargner la vie des survivantes. Il n’y a pas de fatalité. Plus la mobilisation sera au rendez-vous, plus le sort de ces laissés-pourcompte sera au coeur des préoccupations de la communauté internationale. L’aide humanitaire urgente est bien sûr nécessaire. Mais elle devra se répéter sans cesse tant que des mesures à long terme ne seront pas prises.


Témoignage poignant de deux rescapées
A Bruxelles, le LNA a rencontré madame Aziza Byamungu, originaire elle de la ville de Bukavu dans le Sud Kivu. Une véritable rescapée de ces atrocités qui continuent encore avec la reprise de la guerre au Nord- Kivu. « J’ai beaucoup d’amertumes dans mon coeur » explique-t-elle. Dans un langage empreinte de douleur, elle affirme : «En plus, nous voyons nos bourreaux dans les rues ici même (NDRL : En Belgique), qui s’exprime librement et c’est comme si nous n’avons pas d’autorités au pays pour nous défendre. » Mme Aziza n’a pas encore fini de panser les plaies de cette atrocité qu’elle a subie dans sa chair et dans son être. Malgré le fait qu’elle garde le courage étant à Bruxelles, elle ne reste pas insensible aux souffrances de ses soeurs restées au pays. Elle est consciente que leurs souffrances est insoutenables car, elles manquent du minimum de soins et d’assistance. « C’est triste » confie-t-elle. Pour cette dame, le viol est un phénomène d’une ampleur inquiétante, répandu partout en RDC. Selon elle, ce phénomène serait venu de l’étranger (Rwanda). « Des femmes, des jeunes filles, des enfants et même des hommes sont kidnappés et deviennent les esclaves sexuels de bandes armées issues des rangs des rebelles rwandais. Une véritable barbarie ». Face aux multiples actions pour endiguer le phénomène, la sensibilisation n’est pas encore à la hauteur du drame et donc, ne fait pas d’effet. Pour cette victime, il faut pointer du doigt les commanditaires car, ils sont connus de tous, sauf de ceux pour qui cette guerre profite ! Pour ce qui est de la prise en charge en Belgique, le service du CPAS et de la mutualité essaient tant bien que mal de donner l’aide nécessaire à ces femmes qui arrivent à y échapper. Elle profite pour saluer ses médecins traitant. «Cependant, le mal profond est toujours là, psychologiquement cela demande du temps…» Pour mener un combat sans merci contre ce fléau des guerres, Mme Aziza a créé une association en RD Congo, avec une représentation en Belgique. Mais, le manque de soutien moral et financier fait que l’association tourne en ralenti et mène ses activités avec le peu des moyens dont elle dispose.


La peur d’être encore victime
L’autre victime que nous avons rencontrée a souhaité garder l’anonymat. Sa vie et celle de sa famille étant toujours en danger. Elle est originaire de la ville de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu théâtre des combats sanglants encore en ce moment. Cette victime a confié être paniqué et en insécurité car ayant rencontré en Belgique la personne qui a commandité la mort de son mari. L’affaire remonte au temps où les tutsi rwandais étaient les maîtres à bord dans cette province. Armés, tout était sous leur contrôle. Ils s’étaient assuré la complicité des bergers qu’ils avaient armés. Le pot aux roses des agissements de ces derniers a été découvert suite au fait que la femme d’un pasteur qui, ignorant ces agissements, s’était rendue aux champs et s’est fait, elle aussi, violée. Après cet incident, les autres femmes ont eu le courage d’avouer leur mésaventure qui s’étant déroulée à l’insu de leur mari. En ville, selon la victime, l’on imposait un homme à la femme et ce dernier devait demeurer chez cette dernière. Elle déplore néanmoins le fait que la plupart des films traitant de ce sujet ne font cas que des soldats congolais, souvent manipulés par les commanditaires, passant outre les victimes et leurs souffrances. Elle indexe aussi les agents des forces de maintien de la paix. « Après une certaine heure on ne passe plus à côté des bivouacs des agents de l’ONU au risque de se faire violer. Même en plein jour, au vu et au su de tous les viols se déroulaient. La victime a beau crié personne n’intervient» a confié cette rescapée. Dans cette gangrène, des familles ont été entièrement décimées. « On nous fait devenir des esclaves sexuelles, on nous tue, nos bourreaux restent impunis, et l’on déplore le mutisme de la communauté internationale face à cette pratique qui n’a que trop duré ». Comme solutions, toutes les victimes sont unanimes que les autorités de Kinshasa d’abord et, la communauté internationale ensuite doivent prendre leur responsabilité pour stopper ce phénomène et punir sévèrement les violeurs. Les atrocités, les viols touchant toutes les couches de la population doivent être éradiqué. Dans un soupir, elle lance, impuissante : « les mots ne sont pas assez fort pour décrire les atrocités que j’ai subi et ce qu’ont subis ceux que j’ai vu souffrir. J’ai vu un homme de plus de 80 ans être violé par des soldats drogués. Il a attrapé le virus du Sida». Aujourd’hui, l’espoir est un vain mot pour ces femmes dont on a bafoué la dignité, dont les humains rongés par l’appât du gain facile, ont traité en inhumain ces filles, femmes et hommes de l’est de la RDC (Maniema, Nord et Sud Kivu). Le hic dans ce genre de situation, ce n’est pas la méchanceté des hommes mauvais mais, le silence des gens bien. Alors, il est temps de briser le silence pour redonner vie à tous ces hommes et femmes qui souffrent dans le silence de leur coeur. Ils crient leur douleur mais le silence de la communauté internationale refuse de s’en faire écho. Il faut que cela prenne fin.