Par Souleymane KANAZOE
L’amélioration des perspectives, annoncée par Moody’s le vendredi 14 février 2020, se fonde, principalement, sur le rétrécissement du déficit courant, l’amélioration du stock des réserves et la baisse du fardeau de la dette publique. « Autant d’éléments qui ont sensiblement réduit le niveau du risque lié à la stabilité macroéconomique », rapporte le communiqué de Moody’s. L’agence de notation américaine a confirmé la reprise économique pour 2020 et table désormais sur un taux de croissance de 2,6 % en 2020 pour la Tunisie. Une vraie révision à la baisse qui complique la tâche d’absorption des nouveaux venus sur le marché de travail..
Selon Jeune Afrique, l’analyste américain salue ainsi la réduction du déficit courant à 2,9 milliards d’euros, soit 7,9 % du PIB en novembre dernier contre 9,9 % du PIB en novembre 2018. Un resserrement dû essentiellement à la politique restrictive de la Banque centrale dont le taux d’intérêt directeur de 7,75 % est le plus haut depuis une décennie. Moody’s a également récompensé la baisse de 5 points du PIB pour atteindre 72,7 % de la dette publique, grâce notamment à un meilleur recouvrement fiscal.
L’économiste maghrébin (E.M) remarque que cette croissance provient également de la dynamique du marché et pas de la seule demande de l’État comme c’était le cas lors des dernières années. Il y a un regain relatif de la compétitivité industrielle grâce à la dépréciation du dinar, mais la faiblesse de la demande italienne et française pèse. Il y a aussi une reprise au niveau du tourisme qui pourrait donner de l’espoir pour le stock des créances classées dans les bilans des banques.
Pour E.M, Moody’s table sur l’amélioration du déficit courant à moins de 10 % en 2019 et 8,6 % en 2020. L’entrée en exploitation du champ gazier Nawara, qui va couvrir 10 % des besoins locaux et réduire les importations de l’Algérie, va positivement impacter les équilibres de l’État. Les réserves en devises devraient se stabiliser autour de 5 milliards de dollars dans les prochaines années.
Mais Moody’s rapporte J.A s’inquiète de l’impasse politique avec l’incapacité à obtenir l’investiture d’un nouveau gouvernement après plusieurs tentatives infructueuses. Cette crise institutionnelle a notamment reporté de quasiment six mois la 6ᵉ revue du FMI qui devrait déboucher sur un décaissement de 409 millions de dollars, mais surtout rassurer les autres bailleurs de fonds tels que l’Union européenne, la Banque mondiale voire la Banque africaine de développement. L’agence de notation a d’ailleurs prévenu que l’absence prolongée d’un gouvernement est « susceptible de conduire à une dégradation au niveau de la note souveraine ».