« Aujourd’hui nous avons le kilowattheure solaire aux alentours de sept centimes, quand la production filaire (celle des centrales thermiques) est autour de vingt-deux centimes. Donc, c’est vous dire que nous avons intérêt à investir dans les projets solaires », a affirmé Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre burkinabè de l’énergie lors de la conférence. « Accès à l’énergie dans les pays du G5 Sahel », est la première édition d’un rendez-vous annuel organisé par l’Alliance Sahel. En effet, les pays de la bande sahélienne font face au défi de l’énergie, « levier de développement » selon Abou Ndour, coordinateur de programme d’Enda Energie. Dans la zone ouest-africaine, 237 millions de personnes vivent sans accès à l’électricité, un droit universel et essentiel pour faire cesser la pauvreté.
Selon les experts rapporte La-croix, la consommation actuelle, qui donne une grande place aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) ne peut pas continuer au même rythme. Majoritairement importées, ces énergies fossiles représentent un coût considérable pour les États sahéliens. « Le manque d’accès et le coût élevé des matières premières, qui se répercute sur le prix de l’électricité, ralentissent l’économie et freinent le développement », a indiqué Abou Ndour. Voilà pourquoi les pays de l’Alliance Sahel se sont engagés à mobiliser 4 milliards d’euro, afin de doubler le taux d’électrification des cinq pays de la région, d’ici 2022. L’atteinte de cet objectif implique le raccordement de 4,4 millions de foyers supplémentaires, ainsi que l’augmentation de la capacité solaire installée qui passera à 800 MW, note l’Agence Ecofin.
Environ 60 projets électriques d’une valeur combinée de 3 milliards € sont en cours dans la région, menés par le G5 Sahel avec l’appui de ses partenaires. La principale source d’énergie exploitée est le solaire et actuellement, près de 350 MW de centrales sont en phase de construction. « Le Sahel est la région la plus ensoleillée au monde et à travers l’énergie solaire, on pourrait apporter l’électricité partout en quelques mois. Nous avons intérêt à investir dans les projets solaires qui vont permettre à la population rurale d’avoir accès à une énergie moins chère et pouvoir investir dans l’agriculture et l’élevage. Ainsi nous pourrons avoir une industrie locale en milieu rural », a confié à RFI, Bachir Ouédraogo, le ministre burkinabé de l’Energie.
L’autre enjeu fondamental pour l’Alliance Sahel et les pays qui la composent ce sont les zones de conflit et les régions trop longtemps délaissées par les États, au Burkina Faso comme au Mali. « Nous avons eu un financement de la Banque mondiale de 32 milliards de francs FCA qui concerne cinquante localités. Avec la BAD également, dans le cadre du projet FAR, nous sommes en train de prendre en charge une soixantaine de localités dans les régions du Nord. Pour ces régions, plus précisément, nous avons un projet avec l’AFD de construire des centrales solaires à Gao, Tombouctou et Menaka. Cela devrait aboutir d’ici 2022 », a déclaré le ministre malien de l’Énergie, Sambou Wagué.
L’Alliance Sahel, plate-forme de coopération internationale créée en 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne accompagnées de la Banque mondiale, a ciblé l’énergie comme l’un de ses six secteurs prioritaires. Son objectif est de doubler le taux d’accès à l’électricité entre 2017 et 2022. Elle s’est engagée à mobiliser la communauté des partenaires techniques et financiers et la participation du secteur privé autour d’un programme commun pour soutenir les aspirations des pays du Sahel en matière d’accès universel.