La mauvaise nouvelle est que le gouvernement nigérian a montré au monde, une nouvelle fois, sa tendance tyrannique. Ce gouvernement ne sait pas comment se conformer à l’ordre judiciaire, ni tolérer la dissidence. Nous avons observé le même comportement intolérant depuis l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari et de sa vieille garde au Congress All Progressives en 2015. Nous l’avons constaté lors du refus initial de libérer le chef du Mouvement islamique au Nigéria, Ibrahim El-Zakzaky, après de nombreuses ordonnances judiciaires.
La même tendance autoritaire et la même apathie à l’égard d’une procédure régulière ont montré que le gouvernement fédéral (FG) avait défié les ordonnances des tribunaux, à l’image de la caution de l’ancien conseiller à la sécurité nationale, Sambo Dasuki, l’autorisant à demander des soins médicaux hors du pays. L’ivresse de pouvoir a empêché le FG de punir les officiers responsables de la mort de nombreux chiites innocents qui protestaient contre la détention prolongée d’El-Zakzaky il y a quelques semaines, juste à la porte du président à Abuja. Cette attitude tyrannique et autoritaire nous est devenue familière.
La bonne nouvelle, toutefois, est qu’avec l’arrestation de Sowore, le FG vient peut-être d’allumer le feu de l’imminente révolution, qui s’abattra directement sur l’ordre politique d’Abuja. Si ceux qui ont déclenché l’arrestation pensaient que l’agitation en faveur d’un changement politique radical « disparaîtrait » simplement avec Sowore en prison, ils doivent immédiatement actualiser leur compréhension du changement politique en Afrique. Ou pour leur faire gagner du temps, en leur clarifiant les choses :
1. « Arrêter la figure emblématique d’une révolution dans l’Afrique contemporaine, en particulier celle dirigée par des jeunes dotés de l’arme des médias sociaux à leur disposition, ne fera que renforcer la demande de changement et non à l’affaiblir. Le FG peut demander conseil à Yoweri Museveni de l’Ouganda au sujet de l’arrestation de Bobi Wine.
2. Faire une telle arrestation dans un pays constitutionnellement démocratique, du moins sur papier, attirera une plus grande attention de la communauté internationale et exigera des dispositions particulières de la part du gouvernement sous la pression des institutions multinationales et des traités qu’il a ratifiés. Cette attention mondiale vitale ne fera que donner nouvel élan à la révolution en gestation.
3. Arrêter les dirigeants d’une révolution soutenue par la majorité du pays (près de 70 % des 190 millions d’habitants du pays ont moins de 35 ans) ne fera qu’amplifier le soutien populaire à la révolution, d’autant que le public désapprouve déjà l’état de la sécurité et de l’économie du pays. La récente victoire des Soudanais sur Omar Al-Bashir et, par la suite, le Conseil militaire de la transition ; les soulèvements qui ont destitué l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, l’Égyptien Hosni Moubarak et le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali, ressemblent au fond à la situation actuelle du Nigéria, à l’exception du fait que les dirigeants déchus ont été au pouvoir pendant une plus longue période.
Il n’est pas nécessaire de rappeler au gouvernement ses limites telles que prévues par la Constitution. Ce que chaque Nigérian doit faire tout de suite, qu’il adhère ou non à l’idéologie politique de cette révolution, est de renforcer son soutien au mouvement #RevolutionNow. Les médias internationaux visionneront les clips de centaines de manifestants dans les rues d’Abuja et de Lagos. C’est un moyen puissant d’attirer l’attention mondiale nécessaire pour assécher le marais d’Abuja. Twitter est déjà agité avec l’annonce de l’arrestation de Sowore. De plus en plus de tweets sur les raisons pour lesquelles le changement demandé ne peut être différé avec le hashtag #RevolutionNow continueront à faire avancer les choses. Honnêtement, je ne prie pas pour que le FG relâche bientôt Sowore. Aussi cynique que cela puisse paraître, l’arrestation de Sowore est l’accélérateur exact du mouvement #RevolutionNow, comme l’arrestation de Bobi Wine l’était en Ouganda. Les Nigérians devraient saisir cette opportunité, et chacun doit jouer son rôle. Les médias locaux doivent couvrir ces développements équitablement. Chaque jeune nigérian doit prendre part aux manifestations de toutes les manières pacifiques possibles. Ce gouvernement ne cédera pas facilement, contrairement aux gouvernements africains. Le seul langage qu’il comprend est une demande soutenue de changement radical. Et c’est ce que nous devons leur donner : #RevolutionNow !