Se loger en Afrique, comme partout ailleurs est souvent un parcours du combattant. L’explosion démographique du continent a occasionné une hausse subséquente de la demande en logement. Elle s’accompagne d’une urbanisation effrénée et anarchique, posant dans le sillage un problème crucial, celle de l’accès à un logement décent. L’Afrique est le continent avec la croissance urbaine annuelle la plus élevée au monde, environ 3 % selon l’ONU. D’après l’ONU-Habitat, alors que 40 % de la population africaine était urbaine en 2009, ce taux en constante évolution atteindra 60 % en 2050. Cette croissance urbaine non maîtrisée a favorisé la naissance et l’extension des bidonvilles – grandes agglomérations d’habitations précaires, insalubres et non-sécurisées. La population vivant dans des bidonvilles en Afrique subsaharienne a plus que doublé entre 1990 et 2012, passant de 102 à 213 millions (selon l’UNCHS). Simon Walley estime que la demande annuelle en nouveaux logements en Afrique est d’au moins 4 millions depuis 2012 et atteindra le seuil de 5 millions dès 2020. Face à cette situation, les autorités ont mis en œuvre de nombreuses actions pour garantir l’accès au logement aux couches les plus défavorisées. Mais avec l’évolution des pratiques et des comportements, plusieurs facteurs favorisent le développement du logement en Afrique. Face à l’explosion des bidonvilles, les pouvoirs publics ont d’abord opté pour la construction des logements sociaux gratuits ou à bas prix comme en Afrique du Sud ou en Côte d’Ivoire. Mais ces politiques ont été détournées de leurs cibles initiales (les pauvres) et ont plutôt profité aux fonctionnaires. Il faut le reconnaître, la demande grandissante et le manque de ressources financières publiques ont accéléré la chute de ces types de programmes. Ensuite, les gouvernements se sont tournés vers le privé pour la construction en masse de logements à bas coûts. Pour ce faire, l’État a soutenu le privé, en lui accordant des subventions massives comme en Angola. Ces programmes ont eux aussi été un échec car conçus dans une pure logique de réduction des coûts sans aucune planification et aménagement du territoire. Les logements étaient pour la majorité excentrés des infrastructures de base : santé, transport, éducation, etc.
En théorie, la demande de logements est quasi-illimitée. Ceux qui ont en ont déjà, recherchent des habitats plus spacieux et plus confortables alors que ceux qui n’en ont pas en veulent un nouveau. Cependant, cette demande latente se traduit difficilement en demande réelle, principalement à cause des questions de financement. D’après la Banque Mondiale, en 2011, moins de 5 % de la population d’Afrique subsaharienne a utilisé un prêt pour acheter un logement contre 25 % à 35 % aux États-Unis ou au Canada. Les ménages à faibles revenus étant exclus du système financier du fait du risque élevée qui leur ait associé par les institutions de crédit mais aussi du fait du manque de culture financière, empêchent ces derniers de disposer des ressources suffisantes pour prétendre à l’acquisition d’un habitat.
L’une des solutions à envisager en Afrique, est d’introduire des matériaux locaux de construction afin de réduire les coûts dans la réalisation des habitats. Dans ce sens, les constructions en terre cuite sont les bienvenues. Traditionnellement, les principaux matériaux de construction sont la terre crue, le bois, la pierre, la terre cuite… par la suite ont été rajoutés le béton et le fer (l’acier). Actuellement, près d’un tiers de la population mondiale vit dans des habitations en terre. Le matériau de construction « terre crue » est appelé adobe ou banco. Par extension, les briques en terre crue sont également appelées adobe ou banco. Le matériau de construction « terre crue » est principalement constitué de sables, d’argiles, et d’eau. Afin de modifier ses caractéristiques, on peut y ajouter différents éléments comme : de la paille, des copeaux de bois, du crin, de la bouse de vache, de la chaux, du beurre de karité. En tout état de cause, travailler à avoir des logements à moindre coût et à bas prix pour le plus grand nombre doit être le premier des objectifs des gouvernants africains. Et, cela est possible.