Les États de l’Afrique australe ont élaboré un plan de lutte contre le braconnage des éléphants. L’objectif est de pouvoir vendre d’importants stocks d’ivoire afin de mobiliser des fonds pour la conservation et la lutte contre le braconnage.
Réunis à Gaborone en début mai, les présidents du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe se sont retrouvés pour élaborer un plan de lutte contre le braconnage. Ces États souhaitent vendre d’énormes stocks d’ivoire afin de mobiliser des fonds pour la conservation et la lutte contre le braconnage. Pour ces États rapporte La Tribune Afrique, l’enjeu est de pouvoir gérer par eux-mêmes les questions concernant les éléphants de la région. « Nous ne pouvons pas continuer à rester passifs pendant que d’autres prennent des décisions qui concernent nos éléphants », a déploré le président botswanais Mokgweetsi Masisi devant ses hôtes. « Il s’agit de questions que nous voulons défendre en tant que région », a pour sa part renchéri un délégué zimbabwéen présent à la conférence.
Le Président Masisi, entré en fonction l’année dernière, a modifié la politique stricte de conservation des éléphants préconisée par son prédécesseur, Ian Khama. Bien que l’abattage d’éléphants soit interdit au Botswana, il existe un fort soutien rural pour la levée de l’interdiction de la chasse, ce qui est important en cette année électorale note Le point Afrique. Les critiques affirment que cela aurait pour effet de décourager les riches touristes qui constituent la deuxième source de revenus étrangers en importance du pays dans le domaine du tourisme.
Par ailleurs, la décision des États-Unis, le 1er mars 2018, d’autoriser l’importation de défenses (cornes) et de peaux d’éléphants en provenance de six pays africains (Afrique du Sud, du Botswana, Namibie, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe) est mal perçue par les chefs d’État de ces pays. Le président botswanais, Ian Khama, a indiqué que cette décision était inacceptable et contraire aux lois botswanaises qui interdisent la chasse aux éléphants. « Je veux profiter de ce moment pour condamner dans les termes les plus fermes la décision prise par l’Administration Trump qui a publié le 1er mars un mémorandum avec effet immédiat, selon lequel le gouvernement américain envisagerait de délivrer des permis pour certains trophées d’éléphants provenant de six pays africains », a déclaré le chef de l’État botswanais.
Pour nombre d’observateurs, en prenant la décision d’annuler l’interdiction d’importer des « trophées » de chasse sportive, le gouvernement américain est en train de mettre en danger les 415 000 éléphants que compte actuellement le continent africain (soit 111 000 de moins que durant la dernière décennie, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature).« Je pense que cette administration sape nos efforts et encourage aussi le braconnage, car elle sait que nos lois interdisent la chasse au Botswana », a renchérit le président botswanais.
Lors d’un sommet au Botswana consacré à la protection des éléphants et à la lutte contre leur braconnage, plus de 30 pays africains, dont le Botswana, l’Ouganda et le Gabon, ont signé des pétitions pour demander à la Grande-Bretagne et au reste de l’Union européenne (UE) de « fermer leur marché d’ivoire » afin de permettre aux éléphants africains menacés de disparition de prospérer. Le président Ian Khama avait alors exhorté les autres puissances à suivre l’exemple de la Chine qui, depuis quelque temps, a interdit strictement la vente d’ivoires et de peau d’éléphant sur son territoire. « Des responsables européens nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas interdire l’ivoire parce qu’il n’y avait pas assez de responsables africains qui le souhaitaient », a déclaré Bert Wander, responsable des campagnes chez Avaaz, cité par l’AFP.
Le braconnage des éléphants est un problème important en Afrique et selon certaines estimations, 30 000 éléphants seraient tués chaque année. On pense qu’il en reste 450 000.