Dans le rapport qui a été présenté à Abidjan à l’occasion du Forum annuel Ibrahim Governance Week-end 2019, le milliardaire anglo-soudanais a dénoncé le décalage persistant qui existe de nos jours entre la réalité des phénomènes migratoires et la représentation qui en est faite, notamment dans les médias du Nord. Le message qui s’en dégage souligne l’urgence d’une vision renouvelée des migrations africaines, à l’heure où des informations incomplètes ou déformées conduisent à des politiques inadéquates. Alors que les migrations africaines constituent une opportunité, pour l’Afrique comme pour le monde, le sujet continue pourtant de susciter des réactions émotionnelles et demeure mal appréhendé, donc mal géré, déclare le rapport.
Poussées par la recherche d’emploi et de perspectives économiques, le rapport indique la plupart des migrations africaines commencent et s’achèvent sur le continent. Les pays africains de destination les accueillent volontiers, et nombreux même sont ceux qui souhaitent voir augmenter le niveau d’immigration. Ceux qui migrent au-delà du continent sont peu nombreux : 14% du nombre total de migrants dans le monde, soit un chiffre bien inférieur aux 41% et 24% pour l’Asie et l’Europe. « En Afrique comme partout ailleurs dans le monde, les migrations sont bien davantage le fruit de l’espoir que du désespoir. Les Africains qui quittent leur pays natal souhaitent avoir la chance de trouver un emploi et de contribuer au développement de leur pays d’accueil. Les gouvernements africains devraient ouvrir leurs portes aux migrants tout en garantissant à leurs propres concitoyens l’éducation et les perspectives qu’ils méritent. Il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard pour nos jeunes», a déclaré Mo Ibrahim.
Le rapport bat en brèche certaines informations que donnent les médias notamment occidentaux, les ressortissants africains ne sont pas avant tout motivés par des raisons de sécurité, loin de là : « Près de 80 % des migrants africains s’exilent dans l’espoir d’une amélioration de leur conditions économiques et sociales». Pour résoudre cette situation, la Fondation Mo Ibrahim propose plusieurs axes de travail, comme « renforcer la mobilité géographique » et « maximiser le capital humain ». Une meilleure gestion des migrations permettrait en effet de diminuer l’activité des réseaux criminels et l’enrôlement dans des bandes armées tout en offrant un cadre légal plus propice à l’intégration économique des populations.
En 2017, le nombre total de migrants représentait 3,4 % de la population mondiale, à peine plus qu’en 1990 (2,9 %).
En 2017, le nombre de migrants africains représentait 2,9 % de la population du continent.
En 2017, les migrants africains représentaient environ 14 % du nombre total de migrants dans le monde, soit une proportion bien inférieure à celle enregistrée en Asie et en Europe (41 % et 24 % respectivement).
Les dix plus gros flux migratoires du continent africain en 2017 représentaient moins que le seul flux migratoire entre le Mexique et les États-Unis.
L’Afrique accueille une part croissante de la population mondiale de migrants (+ 67 % depuis 2000).
Le Rwanda est le troisième pays le plus accueillant du monde à l’égard des migrants. L’Égypte est le pays africain le plus fermé aux migrants.
Plus de 70 % des migrants d’Afrique subsaharienne restent au sein du continent africain.
L’Afrique du Sud est le pays africain accueillant le plus grand nombre de migrants du continent, devant la Côte d’Ivoire et l’Ouganda.
Près de 80 % des migrants africains sont mus par l’espoir de meilleures perspectives économiques ou sociales.
Les migrants dépensent environ 85 % de leurs revenus dans leur pays d’accueil.
La contribution des migrants aux PIB locaux est estimée à 19 % en Côte d’Ivoire, 13 % au Rwanda et 9 % en Afrique du Sud.
L’insécurité n’est pas un facteur déterminant des migrations africaines : en 2017, seuls 20 % environ des migrants africains étaient des réfugiés.
Près de 90 % des réfugiés africains restent sur le continent.
L’Italie, l’Allemagne et la France réunies accueillent moins de 4 % des réfugiés africains.
Environ 60 % de la population africaine actuelle a moins de 25 ans, et plus d’un tiers a entre 15 et 34 ans.
D’ici 2100, la population jeune devrait augmenter de 181,4 % en Afrique, tandis qu’elle diminuera de 21,4 % en Europe et de 27,7 % en Asie.
En Afrique subsaharienne, seule la moitié des jeunes en âge de suivre le premier cycle d’enseignement secondaire est scolarisée.
L’adéquation entre la formation des jeunes et les compétences requises par les employeurs est en moyenne inférieure en Afrique par rapport au reste du monde.
La jeunesse africaine considère de loin le chômage comme son problème le plus important.
En Afrique du Sud, en Égypte, au Ghana, au Maroc et au Nigeria, 75 % ou plus des jeunes pensent que leurs gouvernements ne s’intéressent pas à leurs besoins.
Source : rapport Mo Ibrahim 2019