L’Afrique regorge d’or. Plusieurs Africains extraient le métal jaune de leur sous-sol depuis la nuit des temps. Il s’agit principalement de l’Afrique du Sud (une moyenne de 300 tonnes ces dernières années), du Ghana (plus de 75 tonnes), du Mali (50 tonnes en moyenne), de la Tanzanie (idem), de la Guinée et du Zimbabwe (de 10 à 20 tonnes selon les années), de la République démocratique du Congo... au total, plus de 34 pays africains produisent de l’or, réalisant une production totale de plus de 600 tonnes d’or par an - soit environ le quart de la production annuelle mondiale. A ces pays précités, il faut ajouter le Burkina Faso qui, depuis quelques années, a vu des compagnies minières s’installer dans le pays. Depuis 2 ans, le métal jaune est devenu le premier produit d’exportation de ce pays dépassant l’agriculture qui emploie 90% de la population. Le continent noir détient la moitié des réserves d’or mondiales identifiées. Après le pétrole, l’or représente un des cinq premiers marchés mondiaux dans le secteur des minéraux : il “pèse” environ 65 milliards de dollars par an. L’Afrique est de plus en plus convoitée par les multinationales d’extraction : outre les réserves d’or importantes, la part des recettes d’exploitation qui revient à l’État a été minorée à l’extrême (20%, voire même 0% comme c’est le cas d’une mine d’or au Botswana). Depuis une dizaine d’années, avec la hausse spectaculaire du cours de l’or, les investissements étrangers montent en flèche dans le secteur aurifère, surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. L’Afrique du Sud est considérée comme le premier producteur d’or dans le monde.
En Afrique, il est suivi du Ghana et du Mali.
Devant une telle manne générée du tréfonds de l’Afrique, une question mérite d’être posée : où va l’argent du métal jaune africain ? Répondre à cette question suppose faire une analyse qui va au delà du superficiel. Laconiquement, certains diront que cet argent va dans la poche des multinationales. Vrai, en partie. Mais, il va aussi dans la poche des gouvernements africains pour leur permettre de combler leur budget. Lorsqu’on analyse l’extraction de l’or en Afrique, seulement trois grandes compagnies dans le monde sont les «majors». Ce sont AngloGold (Afrique du Sud), Barrick Gold (Canada) et Newmont Mining (USA). Ces trois compagnies, soutenues par le gratin de la haute finance internationale, produisent à elles seules chaque année plus de 500 tonnes de tout l’or extrait sur la planète. A côté d’elles, fourmillent de petites multinationales appelées « juniors ». D’autres, diront le contraire car, l’or contribue à l’amélioration du produit intérieur brut de nombreux États. Par exemple, au Ghana et au Botswana. Dans le pays Ashanti, les autorités ont créé la Minerals Commission, et promulgué une nouvelle loi relative aux minéraux et aux industries extractives (Minerals and Mining Law) qui offrait d'importantes indemnités et incitations fiscales. L'industrie extractive a donc attiré plus de nouveaux investissements (1,6 milliard de dollars entre 1983 et 1994) que tout autre secteur économique, la part du lion allant à l'exploitation de l'or. Au Botswana, grâce à l’industrie de l’or, couplée à celle du diamant, le pays fait partie des États qui sont sur la voie d’atteindre l’émergence. Les 136 mines d’or que compte le continent sont exploitées par 47 compagnies, dont une minorité est contrôlée par des investisseurs locaux. Au Ghana, des joint venture existent entre privés étrangers et nationaux. Au Mali, l’État détient une participation au capital des mines. Dans les deux cas, l’État recouvre plus de 30 % du chiffre d’affaires des sociétés minières (taxes, impôts et royalties). Les principaux acheteurs dans le monde. Les principaux acheteurs de la production d’or africain extrait par les trois compagnies anglo-saxonnes, citées plus haut, sont des grandes banques commerciales comme la Royal Bank of Canada, J. P. Morgan, Union des Banques Suisses (UBS) ou la française Société Générale. Ces banques occidentales avancent aux multinationales précitées d’importants crédits finançant l’exploitation industrielle de l’or sur les plus importants gisements en Afrique. Ces crédits sont gagés sur la production d’or. Pour les actionnaires comme pour les grands établissements bancaires, l’industrie de l’or représente un des placements les plus rentables. Valeur-refuge par excellence, l’or conserve un bel avenir. Son cours actuel a dépassé un de ses plus hauts niveaux depuis les années 1980, avoisinant 16 000 euros le kilo. La demande est importante, comme toujours en temps de crise. Les attentats du 11 septembre 2001 auraient contribué à relancer cette fringale. La demande est garantie par les marchés indien et chinois. La bijouterie et l’horlogerie de luxe absorbent une part considérable de la production. Plus que jamais l’or africain a sa place dans le monde. Il fait du continent l’un des plus courtisé et procure des devises considérables aux économies africaines. Le nier serait une injustice.
L’Égypte passe pour avoir extrait de ses mines, entre Nil et mer Rouge, puis en Nubie et en Éthiopie, près de la moitié de l’or produit dans le monde avant l’ère chrétienne (3 340 tonnes sur 7 865). Si l’or égyptien atteint son apogée vers – 2400, l’or nubien lui succède mille ans plus tard. A la même époque, l’Afrique australe extrait de l’or entre Zambèze et Limpopo. Dès l’Antiquité, les Carthaginois font aussi du cabotage sur le littoral atlantique et remontent l’or du centre de l’Afrique vers les cités marchandes du bassin méditerranéen. C’est là que l’or est véritablement entré dans l’histoire africaine, avec l’empire du Ghana : créé vers le IVe siècle, le royaume du Ghana alimente le Moyen-Orient et l’Europe par le commerce transsaharien, qui permet d’échanger l’or et les esclaves contre du sel. En 977, Ibn Hawqal, un chroniqueur arabe dit de son roi qu’il est « l’homme le plus riche du monde ». Capitale du Ghana, Koumbi-Saleh est édifiée près des grands centres aurifères du Bambouk et du Bouré. Encore au milieu du 14e siècle, les deux tiers de l'or acheminés en Occident proviennent de ce qui est devenu, dans la même région, l’Empire du Mali : le pèlerinage en Égypte de l’empereur Kankan Moussa a frappé les contemporains par la profusion d’or distribuée par le souverain. De leur côté, les royaumes akan produisent et commercialisent aussi le métal précieux. Dès le 15e siècle, les Européens construisent des forts sur la Côte de l’Or pour écouler le minerai. Le royaume Ashanti, célèbre pour ses poids à peser l’or, est fondé au 17e siècle autour de Kumasi pour contrôler son écoulement vers le Sahel. A la fin du 19e siècle, après les expéditions militaires britanniques, Kumasi est en partie détruite et le trésor pillé. En Afrique du Sud, la découverte de mines d’or dans le Witwatersrand, autour de Johannesburg, va opposer Néerlandais et Anglais. A lui seul, le Rand donne plus au 19e siècle que tous les gisements des siècles écoulés. Le métal, mêlé à l’uranium, nécessite de nouvelles techniques d’exploration et d’énormes investissements pour creuser des puits profonds. Trusts et sociétés minières succèdent aux artisans. Ils relèvent de la Chambre des Mines, créée en 1889 pour coordonner la politique de l’or. La Banque de réserve sud-africaine en expédie une partie à la Banque d’Angleterre et sur le marché de Londres. La guerre des Boers provoque une chute brutale puis la production reprend son cours. Dès 1905, l’Afrique du Sud se hisse au premier rang mondial devant l’Australie, et en 1913 l’or représente 45 % du revenu de l’Union sud-africaine, 80% de ses exportations et 40 % de la production mondiale. De 349 000 onces (31 gr l’once) en 1900, elle passe à 14,4 millions en 1941 et atteint son niveau record en 1969 avec 31,3 millions – soit 80% de la production mondiale. La main-d’œuvre, abondante et très bon marché, est recrutée jusqu’en Rhodésie. Depuis, les compagnies ont engagé des restructurations, invoquant le coût d’exploitation des mines, et notamment la hausse des salaires. En 2004, la production d’or sud-africain atteint 342 tonnes, en recul de 9 % par rapport à l’année précédente.