Une gangrène
Le viol semble «légalisé» en République démocratique du Congo (RDC). Il ne se passe pas un jour sans qu’une femme de 60 ans, une fillette de moins de 10 ans ne soit violée. La guerre est pourtant terminée mais, cette barbarie perdure et les auteurs de ces crimes sont rarement inquiétés. La souffrance silencieuse et démoralisante des femmes et des filles ne trouvent pas d’écho au niveau de la justice. Impunité rime avec la complexité de ce mal.
En RDC, les filles et les femmes se déplacent avec la peur au ventre au quotidien. Peur de se voir happé, peur d’être violée par un individu ou une bande d’individus. Elles sont d’autant plus fragiles que lorsqu’elles subissent cette «honte», leurs récriminations, leurs plaintes sont banalisées et même niées par la justice. Pas toujours à cause de l’impunité que tout le monde dénonce mais, en raison de la complexité même de la problématique du fléau. Tous les professionnels de la justice ne sont pas outillés pour y faire face, en plus du poids des coutumes et de la tradition. Souvent les victimes des violences sexuelles accusent la justice d’impunité, du fait que leurs auteurs sont rarement punis conformément à la loi, quand bien même ils sont arrêtés, les autorités militaires ou de la police sont accusées de favoriser leurs évasions. La réalité est parfois plus compliquée qu’il n’y parait.
Pourtant, l’impunité est parfois due au fait que les acteurs judiciaires ne disposent pas toujours des moyens de leur politique. Entre autres, le manque des moyens de locomotion pour atteindre le lieu des infractions, le manque des moyens techniques pour mener les investigations (test ADN,…) qui se résume à l’insuffisance de l’expertise médicale et des structures médicales. En outre, d’autres facteurs liés à la structure même de l’armée favorisent l’impunité. Certains gradés des unités protègent souvent leurs hommes, auteurs de ces actes.
Une lutte efficace nécessite des moyens conséquents
Pour de vrai ripostes judiciaires contre les violences sexuelles en R.D. Congo, la mise à la disposition des magistrats de moyens matériels et financiers conséquents est d’une importance capitale. Les formations impliquant les commandants des unités de l’armée en leur qualité d’auxiliaire de la justice et la sensibilisation des troupes aux lois sur les violences sexuelles en langues locales en impliquant les médecins et les psychologues dans la prise en charge des victimes sont obligatoires. Une femme violée est semblable à un être qui perd la notion de l’existence. Elle sombre dans le vide et traverse un désert. Le rôle à jouer dans ce cas de figure par les psychologues est délicat. Ces derniers sont très utiles pour donner aux victimes la chance de reprendre goût à la vie.
Autrement, c’est un fléau qui entrave durablement la bonne marche du développement. Faisant le lien entre les violences sexuelles et le développement, les impacts des violences sexuelles sur le programme gouvernemental, démontrent à suffisance que l’on ne peut en aucun cas envisager un développement si le gouvernement ne prend pas à coeur la lutte contre les violences sexuelles dans son projet de développement. Les impacts des violences sexuelles sur toute organisation sont de plusieurs ordres. Notamment, l’impact sur les ressources humaines ayant pour conséquences, la diminution de la capacité intellectuelle, la perte des expériences et des connaissances techniques, le poids social, l’amertume avec la baisse de la crédibilité et de la confiance non seulement en soi mais aussi en autrui. Sans oublié l’impact sur les ressources financières, le coût des programmes spécifiques sur les violences sexuelles et le développement d’une politique institutionnelle. Au sortir d’une telle situation, des impacts non moins visibles sur l’organisation sont perceptibles. La stigmatisation et la discrimination, l’érosion du moral, de l’énergie et de la motivation du personnel sont légions. Pour ce, les acteurs du développement sont invités à s’attaquer aux causes et à l’impact des violences sexuelles de manière sereine à la fois dans leurs tâches quotidiennes que dans leur agissement. On ne peut permettre à n’importe qui d’être muet devant la souffrance de ses frères.
Une ONGD (Organisation Non Gouvernementale pour le Développement) « IMANI » s’est installée au Maniema, une des régions les plus touchées. Un dossier complet sur les violences sexuelles en RDC sera traité dans notre prochaine édition.