Le plus grand, le plus noble et le plus exaltant combat de l’Afrique en ce 21ème siècle est sans conteste la préservation de sa culture, son être, son devenir, son aura. L’Afrique doit préserver sa culture. Elle doit aller au combat contre la démolition de ses valeurs culturelles, inspirées des différents domaines de son existence : ses croyances, ses valeurs de dignité, d’intégrité, de respect de l’aîné et du sacré, ses arts culinaires, vestimentaires, etc. Elle doit faire face à la vague déferlante de ses pratiques sans foi ni loi, qui ternissent et mettent à mal sa stabilité culturelle. Une citation célèbre affirme que la culture est ce qui demeure lorsque nous avons tout perdu. La culture est innée. Elle vit en nous. Elle respire en nous. Elle existe avec nous. La culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroît la vitalité de l’humanité. Au cœur du combat pour une Afrique épanouie, respectée et respectable figure en bonne place la promotion de son identité culturelle. Alpha I. Sow résume par cette pensée, la lutte contemporaine du continent pour préserver son être : « nos monuments à nous, ce sont les traditions orales qui meurent avec les vieillards qui meurent, véhiculées par de multiples langues souvent imperméables les unes aux autres. Les autorités traditionnelles chez nous n’ont plus d’audience ni de moyens d’expression. Nos institutions subissent l’irruption agressive de la modernité. Nous sommes, dans le monde, un peuple fragile ». Il est de plus en plus capital pour l’Afrique, de travailler à préserver la mémoire vive de ses vieillards en immortalisant leurs faits et gestes, leurs pensées. Car, comme le disait le sage Amadou Hampâté Bâ : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Il faut donc trouver la meilleure formule pour conserver, revigorer et maintenir vivace les pensées des sources intarissables de connaissance que sont les vieillards. Les penseurs africains doivent en faire leur combat au quotidien. Il faut éviter que les recherches sur la culture africaine, dans sa diversité, soit le champ d’étude des Occidentaux. Le patrimoine culturel négro-africain suscite un vif intérêt; on veut certes en connaître la signification profonde, l’itinéraire historique et les manifestations les plus caractéristiques, et cet intérêt grandit à mesure que les États d’Afrique noire se constituent et se développent. Mais on se demande également si la souveraineté nationale retrouvée a effectivement libéré et valorisé des cultures que les puissances coloniales avaient naguère étouffées ou défigurées. On veut savoir si la culture du peuple, hier ignorée ou refoulée, réussit aujourd’hui à s’épanouir. Pourquoi les langues et les cultures africaines, qui sont surtout étudiées et valorisées en dehors de l’Afrique, ne sont-elles considérées et présentées que comme des documents ethnographiques? Comment se fait-il que, même en cette période post coloniale, la participation des intellectuels africains au débat idéologique sur la culture de leurs peuples reste insignifiante, et que les grands collectionneurs, commentateurs et théoriciens des arts nègres soient toujours des Occidentaux? Comment des civilisations dont les œuvres prestigieuses jalonnent la préhistoire et consacrent l’ancienneté et l’éclat tout au long de l’antiquité et des temps pré coloniaux, des cultures qui ont sécrété les fresques, gravures et peintures rupestres, les spécimens de l’art des Grands Royaumes et tous les bronzes, objets et figurines de sites et de foyers célèbres aujourd’hui conservés dans les musées d’Europe et d’Amérique, ont-elles pu péricliter au point de se laisser vaincre et distancer ? Existe-t-il, dans le domaine de la pensée, des arts et des lettres, un ensemble de valeurs spécifiques permettant de définir une personnalité culturelle commune à l’Afrique noire, comme il en existe pour l’occident, le monde arabe, etc.? Ces différentes questions de Sow sont plus que pertinentes. Les institutions nationales, internationales, les gouvernants des pays africains doivent, main dans la main, travailler à faire de la richesse culturelle de l’Afrique, une réalité. L’Afrique en a besoin, les générations futures aussi.