Article publié le 2016-08-18 par Mouhamadou Moustapha Thiam Sport
Hommage à Mohamed Ali La mort d'une légende du continent africain [07-2016]
Mohamed Ali en 1967. World Journal Tribune photo par Ira Rosenberg. Par Ira Rosenberg — Domaine public

Le boxeur le plus célèbre de la planète, était aussi un homme de convictions, un fils, un mari et un père. Au-delà du champion de boxe, Mohamed Ali était connu pour son tempérament, son engagement en faveur de l’égalité raciale, puis contre la maladie de Parkinson, dont il souffrait, mais aussi pour une multitudes d’anecdotes qui ont forgé sa réputation, comme lorsqu’il a refusé d’être enrôlé pour la guerre du Vietnam ce qui lui a valu d’être interdit de ring pendant plus de trois ans. Il a tiré sa révérence le 3 juin 2016 à l'âge de 74 ans, à la suite de problèmes respiratoires.

Né sous le nom de Cassius Marcellus Clay, Jr., il le change en Mohamed Ali à l'âge de 22 ans après avoir rejoint la Nation de l'Islam en 1965. Il se convertit à l'islam en 1975. Sa mère travaille comme femme de ménage et comme cuisinière dans des familles blanches aisées et son père vend des gravures religieuses et commerciales. Sans être riches, les Clay peuvent donner une éducation correcte à leurs enfants. Alors qu’il est âgé de 12 ans en 1954 à Louisville dans le Kentucky, le jeune Cassius Clay est victime d’un vol de vélo. Énervé il rencontre un policier à qui il fait part de son intention d’infliger une correction au voleur. Le policier, Joe Elsby Martin Sr, lui dit qu’il ferait mieux de commencer par apprendre à boxer. Le jour suivant Cassius suit son conseil et commence à prendre des cours de boxe sous la houlette de Martin. Quelques semaines plus tard il dispute son premier combat et remporte sa première victoire. Ali mettra au crédit de Martin de lui avoir appris à voler comme un papillon et piquer comme une abeille.

Il remporte à 18 ans la médaille d'or des poids mi-lourds aux Jeux olympiques de Rome 1960. En 1967, trois ans après avoir remporté le championnat du monde des poids lourds face à Sonny Liston, il est critiqué pour son refus d'être enrôlé dans l'armée américaine par opposition à la guerre du Vietnam en disant : « Aucun Vietcong ne m'a jamais traité de nègre ». Mohamed Ali est arrêté et reconnu coupable de fraude. Il n'est pas emprisonné, mais dépossédé de son titre mondial et de sa licence de boxe. Il ne combat plus pendant près de quatre ans, jusqu'à ce que son appel soit finalement reçu par la cour suprême américaine.

Surnommé The Greatest, Mohamed Ali devient le premier triple champion du monde poids lourds. Il a participé à plusieurs combats de boxe historiques7. Parmi ceux-ci, trois disputés contre son rival Joe Frazier sont considérés parmi les plus grands combats dans l'histoire de la boxe, ainsi que son affrontement contre George Foreman à Kinshasa dont il sort vainqueur par K.O au 8e round devant environ 100 000 spectateurs, le 30 octobre 1974. Mohamed Ali est connu pour son style de combat peu orthodoxe pour un poids lourds, incarné par son slogan « vole comme un papillon, pique comme l'abeille, oh, et vas-y cogne mon gars, cogne ! » et employant des techniques telles que le «Shuffle Ali, le « rope-dope », ainsi que la déstabilisation de ses rivaux par les mots, le « trash talking ». Grâce à ses compétences et sa personnalité hors du commun, Mohamed Ali est devenu un des athlètes les plus célèbres dans le monde entier. Intégré à l'International Boxing Hall of Fame, Ali est considéré comme l'un des plus grands boxeurs de l'histoire.

Ses convictions

Les prises de position d'Ali contre le service militaire ou sa conversion à l'Islam le transforment d'un champion fier, mais populaire en l'une des personnalités les plus connues et controversées de son époque. Ses apparitions publiques aux côtés des leaders de la Nation of Islam Elijah Muhammad et de Malcolm X ainsi que ses déclarations d'allégeance à leur cause au moment où l'opinion américaine les considère avec circonspection, quand ce n'est pas avec hostilité, font également d'Ali une cible d'indignation et de suspicion. Il paraît même parfois provoquer de telles réactions en soutenant des opinions allant du support aux droits civiques jusqu'au soutien sans réserve à la lutte contre la ségrégation raciale.

En 1999, il est couronné « Sportif du siècle » par Sports Illustrated et « Personnalité sportive du siècle » par la BBC. Il est nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, précédant Pelé. Il reçoit, à Berlin en 2005, la médaille de la paix Otto Hahn, au nom de l'Organisation des Nations unies « pour son engagement en faveur du mouvement américain contre la ségrégation et pour l'émancipation culturelle des noirs à l'échelle mondiale ». Il est décoré en 2005 de la Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis.

Au-delà de ses performances sportives, il atteint une notoriété inégalée chez un sportif par son goût du spectacle, sa personnalité provocatrice, ses prises de positions religieuses et politiques, puis son destin personnel. Il est atteint de la maladie de Parkinson à partir de 1984, qu'il expose devant le monde entier lorsqu'il allume la vasque olympique à Atlanta en 1996.

Derrière le colosse…

Derrière le colosse provocateur de 95 kilos, ses proches décrivent un homme «doux» et «paisible». Il avait ainsi accepté sa maladie, estimant que c’était Allah qui lui avait donné pour lui rappeler qu’il n’était «qu'un homme comme les autres». Et quand Donald Trump a annoncé qu’il comptait interdire aux musulmans d’entrer sur le territoire américain, le sportif a rétorqué : «Je suis musulman et tuer des gens innocents à Paris, San Bernardino ou n'importe où ailleurs dans le monde, ça n'a rien à voir avec l'islam. Les vrais musulmans savent que la violence impitoyable des djihadistes soi-disant musulmans va à l'encontre des principes mêmes de notre religion. En tant que musulmans, nous devons nous lever contre ceux qui utilisent l'islam pour servir leurs propres intérêts. Les vrais musulmans savent ou devraient savoir que c'est contre notre religion d'essayer d'imposer l'islam de force sur quiconque.» Décédé le 3 juin 2016 à l'âge de 74 ans des suites de problèmes respiratoires, Mohamed Ali, multiple champion du monde des poids lourds, laisse derrière lui sept filles et trois fils, dont un qu’il a adopté, et son épouse Lonnie, sa quatrième femme. Aux États-Unis, un ultime hommage à Mohamed Ali par les fans du boxeur de légende pour un dernier hommage à Mohamed Ali vendredi 11 juin dans une procession. L’inhumation dans sa ville natale de Louisville, au cœur des États-Unis, a été suivie par une cérémonie rassemblant célébrités et représentants de toutes les religions. « Son esprit vivra à jamais »

Les hommages …

Le président Barack Obama : Ces gants sont placés "en-dessous de cette photo iconique de lui - le jeune champion, tout juste 22 ans, qui rugit comme un lion au-dessus de Sonny Liston qui est à terre", précise Obama. "J'étais trop jeune quand elle a été prise que pour pouvoir comprendre qui il était - encore Cassius Clay, déjà détenteur d'une médaille d'or olympique, devant encore accomplir son voyage spirituel qui le mènera à la foi islamique, l'exilera au sommet de son pouvoir et plantera le décor de son retour en majesté avec un nom aussi familier pour les opprimés des bidonvilles d'Asie du sud-est et des villages d'Afrique que pour les foules en liesse de Madison Square Garden. Un homme qui se battait pour nous".

Mike Tyson, ancien champion du monde des lourds, a lui aussi rendu hommage sur Twitter à la légende de la boxe : « Dieu est venu chercher son champion, adieu au plus grand ».
 

George Foreman, ancien champion du monde des lourds, battu par Ali dans l’un des combats les plus célèbres de l’histoire, « The Rumble in the jungle », a déclaré sur Twitter : « Ali, Frazier et Foreman, nous ne faisions qu’un. Une partie de moi s’en est allée, la plus grande partie. »

Floyd Mayweather, ancien champion des welters, invaincu en 49 combats, et jeune retraité, évoque pour sa part « l’héritage Mohamed Ali » :« Nous avons perdu une légende, un héros et un grand homme. Il est l’un de ceux qui m’ont ouvert la voie pour que je devienne celui que je suis. Les mots sont insuffisants pour dire ce que Mohamed Ali a fait pour notre sport. Personnellement, ce qu’il m’a montré, c’est qu’il ne faut jamais avoir peur, jamais arrêter de croire et jamais se contenter de moins. »

Evander Holyfield, ancien champion du monde des lourds. « C’est une perte énorme. Je voulais être comme lui, il m’a inspiré (…). On m’a demandé un jour si je voulais battre son record. Ali a conquis un titre mondial des lourds à trois reprises] et j’ai répondu non, car cela voulait dire qu’il fallait que je perde, mais pour revenir d’une défaite, il faut être plus fort encore et c’est ce qu’Ali a montré durant sa carrière », raconte-t-il.

Kareem Abdul-Jabbar, ancien joueur des Los Angeles Lakers, meilleur marqueur de l’histoire de la NBA, évoque les prises de position salutaires de Mohamed Ali concernant la cause des Noirs américains. « À une époque où les Noirs qui s’élevaient contre les injustices étaient traités d’arrogants et souvent arrêtés, Mohamed a volontairement sacrifié les meilleures années de sa carrière et s’est battu pour ce qu’il croyait juste. En faisant cela, il a fait grandir tous les Américains, Noirs et Blancs. Je mesure peut-être 2,18 m, mais je ne me suis jamais senti aussi grand que lorsque j’étais dans son ombre », confie le basketteur.