L’or brille en Afrique. De la Côte Ouest à la Côte Est, en fouillant dans les sous-sols du Centre, du Sud et du Nord, l’Afrique est minée d’or. Cet or fait des heureux. Des centaines de familles tirent leur subsistance de cette manne précieuse même si, au détour, d’une affaire minière, les compagnies s’enrichissent plus que les hommes. Le métal jaune se vend, se traite, et se liquide sur les marchés officiels comme ceux officieux. En Afrique, pour contourner le diktat des grosses firmes, ou pour assurer leur propre subsistance, des jeunes s’organisent, souvent au péril de leur vie, pour affronter les profondeurs des trous. Il n’est pas rare, dans les faubourgs et les recoins reculés du vieux continent comme au Ghana, au Burkina Faso, au Mali ou en Côte d’Ivoire, de voir des jeunes, de jours comme de nuits, fouiller et refouiller, à la quête de leur pitance quotidienne. Les méthodologies et les techniques de recherche donnent souvent froid au dos. Mais pour assurer leur pitance quotidienne face à l’adversité de la vie, confrontés à la dure réalité, ils mettent leur vie en péril, pour relever le défi de la subsistance. Ce défi se conjugue avec le constant tiraillement entre le respect des règles édictées par les autorités pour protéger la vie humaine et l’environnement, et leur désir de se fier à leur propre jugement. Dans cette course à la recherche de Mammon, les premiers arrivés s’en tirent souvent à bon compte. Les seconds, jouent des coudes pour échapper à des éboulements et les plus chanceux, frôlent la mort. Mais, l’adversité de la vie les pousse à reprendre le chemin des trous, souvent avec armes et bagages, femmes et enfants. Leur ténacité dépasse souvent l’entendement. Leur propension au suicide dans la quête du pain quotidien peut souvent révolter. Cependant, leur courage fait bouger les choses, lorsqu’ils parviennent à construire une vie et à créer autour d’eux, un mieux-vivre. Jean Jacques Rousseau disait dans « Émile » ou « De l’Éducation » qu’«il n’y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat.» Ces jeunes d’Afrique ont décidé d’engager le combat car en face, il y a les sociétés minières. Elles se font de l’argent comme dirait l’autre. Il est vrai qu’elles payent les taxes à l’État. Mais, souvent, la non transparence dans la gestion des revenus de ces compagnies minières, jettent le flou sur les retombées réelles de leur présence dans les pays africains. En tout état de cause, grâce à elles, des centaines de milliers de personnes gagnent leur pain. Chapeau bas.
Plusieurs africains extraient le métal jaune de leur sous-sol depuis la nuit des temps. Il s’agit principalement de l’Afrique du Sud (une moyenne de 300 tonnes ces dernières années), du Ghana (plus de 75 tonnes), du Mali (50 tonnes en moyenne), de la Tanzanie (idem), de la Guinée et du Zimbabwe (de 10 à 20 tonnes selon les années), de la République Démocratique du Congo... au total, plus de 34 pays africains produisent de l’or, réalisant une production totale de plus de 600 tonnes d’or par an - soit environ le quart de la production annuelle mondiale. À ces pays précités, il faut ajouter le Burkina Faso qui, depuis quelques années, a vu des compagnies minières s’installer dans le pays. Depuis 2 ans, le métal jaune est devenu le premier produit d’exportation de ce pays dépassant l’agriculture qui emploie 90% de la population. Le continent noir détient la moitié des réserves d’or mondiales identifiées. Après le pétrole, l’or représente un des cinq premiers marchés mondiaux dans le secteur des minéraux : il “pèse” environ 65 milliards de dollars par an. L’Afrique est de plus en plus convoitée par les multinationales d’extraction : outre les réserves d’or importantes, la part des recettes d’exploitation qui revient à l’État a été minorée à l’extrême (20%, voire même 0% comme c’est le cas d’une mine d’or au Botswana). Depuis une dizaine d’années, avec la hausse spectaculaire du cours de l’or, les investissements étrangers montent en flèche dans le secteur aurifère, surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. L’Afrique du Sud est considérée comme le premier producteur d’or dans le monde. En Afrique, il est suivi du Ghana et du Mali.
Grosso modo, l’or nourrit son homme en Afrique. Et, le combat des jeunes africains ne doit pas faire perdre de vue cette assertion de François-Rodolphe Weiss : « la vie est un combat, la difficulté ajoute au mérite, les souffrances forment le bonheur».