Lors d’une interview à la télévision nationale du Zimbabwe, en mars 2016, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, a annoncé sa volonté de nationaliser les mines de diamant pour permettre au pays de profiter pleinement de ses ressources.
Avec les ressources diamantaires qui ont été découvertes (le gisement de Marange), le Zimbabwe produit 40 millions de carats annuels, soit un revenu annuel de quelque deux milliards de dollars (1,56 milliard d’euros). « Mais concrètement, ces gisements sont exploités par la contrebande et l’escroquerie des entreprises étrangères », a affirmé le président du Zimbabwe, Robert Mugabe. Selon lui, il y a de la contrebande et des escroqueries, et les entreprises qui exploitent les diamants volent les richesses du Zimbabwe. « Notre peuple n’en tire rien. Nous avons décidé que ce secteur devait être un monopole que seul l’État est autorisé à exploiter », a-t-il ajouté au journal Le Monde, annonçant ainsi sa volonté remettre sur pied l’économie de son pays et lui permettre de profiter pleinement de ses ressources.
Quel effet cette annonce va avoir dans l’industrie du diamant zimbabwéenne ? Cette décision devrait changer le paysage de l’industrie diamantifère au Zimbabwe, où, sur six compagnies qui exploitent les mines, quatre sont détenues par des investisseurs privés étrangers, deux chinois, un ghanéen et une entreprise de Dubaï. En 2015, le Zimbabwe avait fait part de sa volonté de fusionner les six entreprises extrayant des diamants autour de la zone de Marange au sein d’une seule entité publique, la Zimbabwe Consolidated Diamond Company. En mars 2016, le ministre zimbabwéen des Mines, Walter Chidhakwa, avait annoncé la décision du gouvernement de prendre le contrôle de deux mines de diamant dont les permis d’exploitation avaient expiré.
La mesure sera-t-elle salutaire ? Prosper Chitambara, économiste au sein de l’Institut de recherche sur le travail et le développement économique du Zimbabwe craint que cette décision ne rende le pays moins attractif pour les investisseurs. « Le modèle idéal serait de créer une co-entreprise entre le gouvernement et le secteur privé », a-t-il ajouté à l’AFP. « Les bénéfices ne devraient pas augmenter après cette décision. Ce dont on a besoin, c’est d’institutions fortes qui assurent la transparence dans tout le secteur du diamant », estime Prosper Chitambara.
Un régime fiscal à géométrie variable
Du côté des compagnies étrangères concernées, si l’épuisement des réserves exploitables à ciel ouvert est effectivement une préoccupation, plusieurs opérateurs justifient également leur menace de fermer des sites par la fluctuation continue des codes fiscal et minier zimbabwéens, qui participe largement à rendre leurs opérations de moins en moins rentables.
En 2011 déjà, le gouvernement avait menacé d’expulser toutes les compagnies étrangères opérant à Marange (le principal gisement, situé à l’Est du pays) qui auraient refusé de céder la majorité de leurs parts à des Zimbabwéens (publics ou privés). Le chinois Anhui a affirmé dès 2013 être en mode « survie » au Zimbabwe, en raison d’une baisse de qualité des pierres alluviales extraites. Plusieurs opérateurs ont annoncé en 2014, la fermeture prochaine de leurs mines à Marange, et 400 employés ont été licenciés la même année.
Rio Tinto a, quant à lui, conservé 78% de sa mine de Murowa, dans le centre du Zimbabwe. Ouverte en 2004, la filiale produisait alors 400 000 carats par an. En 2014, la production était de 442 000 carats (dont 344 000 attribués à Rio Tinto, en hausse de 7% sur 2013). Mais déjà, lors de la dernière modification du code minier introduisant un loyer pour le terrain exploité, Rio Tinto envisageait de fermer la mine.
En 2013, le Zimbabwe était le 6e producteur mondial en volume (7e en valeur). Les diamants de la région de Marange (17 millions de carats en 2013, 8 millions projetés pour 2015) ont été interdits d’export de 2009 à 2011, en raison de nombreux meurtres de mineurs informels venus chercher fortune dans la région. Les diamants de Marange ne sont revenus sur le marché d’Anvers (principal marché diamantaire mondial) qu’en septembre 2013.
De nouveaux gisements de diamants découverts au Zimbabwe
Le gouvernement zimbabwéen a annoncé la découverte de nouveaux gisements de diamants. Cette découverte est perçue comme une bouée de sauvetage pour l’économie de ce pays qui est l’un des plus pauvres au monde. La découverte de ces nouveaux gisements de diamants tombe à point nommé. En effet, même si ce pays est l’un des plus gros producteurs de diamants au monde, les gisements actuels étaient en train de s’épuiser.
Les sociétés d’exploitation minière avaient même annoncé la fermeture prochaine des mines de Chiadzwa. La découverte de ces nouveaux gisements de diamants situés dans le bassin d’Umkondo, qui s’étend sur environ 10 000 km2, va donc permettre de sauver l’industrie du diamant au Zimbabwe et injecter des milliards de dollars dans l’économie du pays. Les sociétés d’exploitation minière affirment ne pas avoir les moyens financiers d’effectuer les recherches des nouveaux gisements de diamants dans le bassin d’Umkondo.
Ainsi, le vice-ministre des Mines du Zimbabwe a annoncé que le gouvernement allait puiser dans le budget national pour mener à bien les fouilles et déterminer les endroits où les diamants sont le plus concentrés. Selon des études, le Zimbabwe détiendrait en son sol près de 25 pour cent des réserves mondiales de diamants extractibles.
Source : www.mining.com