Les Egyptiens votaient pour des élections municipales sans enjeu immédiat mais boycottées par l'opposition islamiste et se déroulant sur fond d'une violente contestation sociale qui a fait au moins un mort fin mars-début avril. Faute de vraie concurrence, le parti du président Hosni Moubarak est certain de remporter les élections mais le régime est confronté à un mécontentement qui a éclaté notamment dans une ville industrielle du nord de l'Egypte, Mahalla. Un adolescent de 15 ans y est décédé après avoir été touché par un tir de la police lors de heurts. Il s'agit dans l'opération de l'élection des maires des 52.000 localités de ce pays de près de 80 millions d'habitants, dont 35,6 millions d'électeurs. Les élections concernent 30% des sièges à pourvoir, 70% des maires n'ayant pas de concurrent, selon l'agence officielle Mena. Déjà mis de facto hors jeu par le pouvoir, les Frères musulmans, dont les candidats ont été victimes de rafles ou empêchés de se présenter, ont appelé à boycotter le scrutin. Le parti du président Moubarak, le Parti national démocrate (PND), est présent partout avec ses 52.000 candidats qui submergent un millier de candidats d'un camp adverse divisé, du parti libéral Wafd aux communistes du Tagammou. Les municipales se tiennent dans un climat tendu, en raison d'une flambée de prix et d'une pénurie de pain subventionné, aliment essentiel pour près de 40 % des Egyptiens vivant autour du seuil de pauvreté. Cette consultation avait été reportée en 2006, le pouvoir redoutant de voir se rééditer une percée des islamistes. Officiellement interdits mais tolérés, les Frères musulmans, principale force d'opposition du pays, avaient remporté un siège sur cinq aux législatives de 2005. La participation était faible et les forces de sécurité, très présentes, empêchaient la presse d'interroger des votants et tentaient d'intimider ces derniers.