Si les défis sont encore nombreux, avec un développement du continent à plusieurs vitesses, le renforcement de l'environnement concurrentiel, l'augmentation du volume des échanges et la création de nouvelles opportunités sont autant de signes que le continent s'insère de façon durable dans les échanges internationaux. La croissance des économies africaines n'est pas un épiphénomène mais une tendance structurelle forte. Ce nouveau souffle est également imputable aux pays émergents. Ceux-ci ont perçu, avant les pays développés, les dynamiques en gestation et le potentiel de croissance du continent africain. Aujourd'hui, les exportations africaines vers les Émergents participent significativement à la croissance industrielle du continent.
La Chine, le Brésil et l'Inde se sont imposés comme des partenaires de choix de cette nouvelle Afrique. Les échanges commerciaux sino-africains représentaient 10 milliards de dollars en 2000 et ont été multipliés par vingt depuis lors. Le Brésil y a triplé sa représentation diplomatique et y investit durablement grâce au lancement du plus grand fonds d'investissement d'Afrique. Le total des exportations de l'Afrique vers le Brésil, l'Inde et la Chine dépasse désormais celui à destination de l'UE. Aujourd'hui, ce sont la Turquie, la Corée du Sud, les pays de l'ASEAN ou encore du Golfe persique qui mettent en œuvre des stratégies africaines.
La France est-elle encore un acteur majeur en Afrique ?
Alors même que les Émergents portent un regard neuf et désinhibé, la France, elle, tend à se banaliser en Afrique. Les parts de marché de l'Hexagone sur le continent sont passées de 16 % en 2000 à 8 % en 2010. Plusieurs facteurs peuvent expliquer un tel recul : trop faible prise de risque entrepreneuriale, manque de compétitivité dans les appels d'offres internationaux, mais aussi un manque de lisibilité et de coordination dans l'action des pouvoirs publics français.
Il n'est pas trop tard pour réagir. La France dispose d'avantages comparatifs sans pareil en Afrique : une proximité culturelle, linguistique et géographique, ainsi que d'importants atouts liés à une présence historique et à l'expérience des acteurs économiques. Par ailleurs, la France détient toujours le premier stock d'investissements en Afrique, plus de trois fois celui de la Chine, qui ne se place qu'au sixième rang. La France dispose aussi de plusieurs entreprises leader sur les marchés africains : le transport maritime, la logistique, la téléphonie mobile, le transport aérien, les matières premières... Si leur nombre est actuellement restreint, ces groupes, implantés de longue date, sont aujourd'hui rejoints par d'autres dans le domaine de la distribution, du luxe ou encore de la pharmacie. Cette présence de grands groupes très implantés est un atout considérable mais des formules de partenariat restent à inventer afin que celles-ci puissent entraîner dans leur sillage les entreprises hexagonales de tailles intermédiaires. Les entreprises françaises devraient aussi considérer les sociétés des pays émergents comme des partenaires potentiels. Les groupes français peuvent également s'appuyer sur ce qui demeure encore le premier réseau diplomatique du continent.
Au final, la France dispose des atouts nécessaires pour demeurer un acteur majeur en Afrique.