Michael NGOY, voilà un nom qu'il conviendra désormais de retenir. Celui d'un jeune homme à la fleur de l'âge et d'origine congolaise par son père, qui est le premier et l'unique Black professionnel de hockey sur glace et qui se distingue dans l'équipe nationale suisse. Le Nouvel Afrique a voulu savoir comment il en est arrivé là, au sommet de la gloire et dans une discipline peu commune. Interview.
Le Nouvel Afrique - Mr Michael Ngoy, s'il faut vous présenter à notre grand lectorat africain, comment pouvez-vous vous décrire?
Michael Ngoy - J'ai 26 ans et je suis né à Lausanne en Suisse. Mon père est Congolais et ma mère est Suisse. J'ai commencé quand j'étais petit à jouer de la guitare étant donné que mon père était un guitariste. J'ai alors fait le conservatoire pendant quelques années avant de commencer la guitare électrique. Peu après, j'ai commencé le judo et une année après le hockey. J'étais un enfant qui voulait tout faire en même temps. Il y a eu ensuite les cours de piano, de tambour et de ping-pong. Mais ce qui me plaisait le plus et où j'étais le plus doué, c'était le hockey. Donc à l'âge de 15 ans, à part mes études, j'ai arrêté toutes mes autres activités pour me concentrer sur le hockey. À l'âge de 19 ans j'ai commencé à jouer dans la ligue professionnelle mais à côté, je devais finir mon baccalauréat. J'ai donc eu mon bac à 21 ans et, toujours en étant professionnel au hockey, j'ai commencé l'université en Psychologie, pendant 2 ans. Ensuite je me suis rendu compte que faire du hockey et les études en même temps n'était pas possible, j'ai arrêté l'université que je reprendrai sûrement plus tard. Je suis quelqu'un de très volontaire et acharné. Quand je veux quelque chose, je mets tout en oeuvre pour y parvenir. J'ai un esprit de gagneur, je déteste perdre et cela depuis tout petit déjà.
Comment vous est-elle venue cette passion pour le Hockey sur glace? Avouez qu'elle n'est pas courante chez les ressortissants africains, même pour vous qui êtes à cheval entre les deux cultures (maman suissesse et père d'origine congolaise).
Quand j'étais enfant, ma mère voulait me faire pratiquer un sport, elle m'a inscrit à l'école de hockey. C'est donc comme ça que tout a commencé. C'est vrai que le hockey sur glace n'est pas courant pour les Africains. D'ailleurs je suis le seul Africain dans le championnat suisse. Et c'est aussi parce que je suis Africain dans un milieu vraiment de « suisse » que je suis assez connu dans ce pays. Et je suis aussi le premier Africain dans l'histoire suisse à évoluer dans l'équipe nationale.
Comment vivez-vous cette situation non seulement en Suisse mais partout dans le monde?
Super bien car, comme je l'ai dit, étant le seul Africain dans la ligue, les gens s'intéressent un peu plus à moi qu'aux autres joueurs. Partout où je vais jouer, les gens se souviennent de moi. Et tous les joueurs trouvent drôle qu'un Africain joue du hockey. Mais ils aiment cela et je suis souvent le centre d'attraction. Il faut avouer aussi que j'ai entendu des remarques racistes, comme partout ailleurs, mais très peu.
En votre qualité de sportif de haut niveau et d'homme public, avez-vous le temps de vous occuper de quelques oeuvres caritatives?
Je participe à des oeuvres caritatives en Suisse, pour les enfants handicapés, malades ou défavorisés. Je contribue financièrement dans diverses associations.
Votre famille est très présente dans votre parcours. Ne comptez-vous pas en fonder une en ce moment? Nous vous avons vu dans les bras de la Miss Suisse 2005. Est-ce une page tournée?
Je me réjouis de fonder une famille mais pas en ce moment. A 26 ans, cela n'est pas une priorité. Avoir des enfants change quand même une vie. Je veux donc d'abord profiter de ma jeunesse avant de franchir le pas. Et le plus important est de trouver la femme idéale. Concernant Miss Suisse 2005, nous sommes restés trois ans et demi ensemble et avons rompu l'année dernière, en de bons termes. Nous n'avions pas les mêmes points de vue sur l'avenir. Donc la page est tournée, mais nous continuons à garder le contact.
Vous êtes un exemple de réussite pour toute la jeunesse à travers le monde. Quel est votre secret en la matière?
Le premier secret de réussite est le travail. C'est pour cela qu'un jeune Européen n'a pas plus de chance de réussir au niveau sportif qu'un africain. Il n'y a pas de miracle, le travail est la clé de tout. Il faut ensuite être motivé. La motivation est ce qui vous permet d'avoir la pêche en vous levant le matin et avoir l'envie d'aller vous défoncer à l'entraînement.
Avez-vous un message pour la jeunesse d'origine africaine?
Il faut croire en vos rêves. Accrochez vous à quelque chose dans la vie. Ayez un but et mettez tout en oeuvre pour y arriver. Rien n'est facile dans la vie et ayant été moi-même en Afrique, je sais que pour les jeunes c'est encore plus difficile. Mais fixez-vous un objectif. Si vous voulez devenir un sportif professionnel, entraînez vous dur, si vous voulez devenir médecin, étudiez. Rien n'arrive jamais par hasard et tout travail acharné est récompensé.