Article publié le 2015-03-18 par Par Daouda Émile Ouédraogo Editorial
La renaissance [02/2015]
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Dans l’histoire de toute nation, survienne des événements heureux ou douloureux qui transforment la marche de cette nation. Dans le firmament de leur désir de réécrire l’histoire du Burkina Faso, le peuple burkinabé a opéré une révolution populaire les 30 et 31 octobre 2014. Dans le pays de l’ombre, une lumière a jailli. Le scintillement de cette lumière a fait renaître de nouveaux souffles de vie dans la marche de cette nation. Après 27 ans de rêves anéantis, de vies brisées, d’espoirs déçus, un peuple exsangue essaie de rebâtir une nation démocratique où, le loup dormira avec l’agneau. C’est le défi d’un peuple conduit par une autorité transitoire afin de convertir les souffrances en larmes de joie, afin de transformer les hésitations économiques en des lueurs d’espoirs et de vérités. L’expérience du peuple burkinabé face à l’avènement d’un nouvel ordre politique dans ce petit pays d’environs 16 millions d’habitants, doit faire école. Face à la dictature d’un clan, au musellement de l’économie par un groupuscule de personne, le peuple, comme un seul homme a sonné la fin de la récréation. Un nouvel air souffle dans les entrailles du « Pays des Hommes intègres ». Désormais, toutes les nations du Nord comme du Sud, verront que les Africains sont capables de prendre leur responsabilité, lorsqu’il s’agit de revendiquer des droits relatifs à la liberté, à la justice, à la bonne gouvernance et à la paix. Comme le disait l’auteur français Jean Jaurès « le premier des droits de l’homme c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.» La renaissance du Burkina Faso est en marche. Cependant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La révolution populaire des 30 et 31 octobre 2014 ouvre la voie vers la concrétisation des rêves enfouis dans le cœur des centaines de milliers de jeunes, d’hommes et de femmes, pour un lendemain meilleur. Désormais, plus rien ne sera comme avant au Burkina Faso. Désormais, aucun homme politique, aucun Président démocratiquement élu ne voudra modifier la constitution pour s’éterniser au pouvoir. Le pays tourne l’ère de la dynastie Compaoré et enclenche celui d’une nouvelle génération de dirigeants. Il est vrai, il faut le reconnaître, durant ces 27 ans de pouvoir, des actions de développement ont été menées. Différentes actions ont été entreprises pour faire rayonner le Burkina à travers le monde. Tout ce qui a été fait n’a pas été mauvais en soi. Mais, le désir ardent de «coloniser la patrie, économiquement et politiquement» a fait resurgir les vieux démons de la revendication pour un avenir radieux au Faso. En droite ligne de Pérriclès reconnaissons qu’« il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.» Et on ne peut renaître que si l’on est mort en soi-même. Le peuple burkinabé, durant la révolution populaire des 30 et 31 octobre a sacrifié ses filles et fils pour se donner la chance de construire une autre vie que celle connue avec le Président Blaise Compaoré. Des dizaines de personnes y ont laissé leurs vies, en particulier les jeunes. C’est une leçon à retenir afin de comprendre que toutes les luttes, les sacrifices pour un monde meilleur dans la vie d’un individu ou d’une nation, sont sujettes à des souffrances avant d’obtenir des résultats souhaités. Comme le grain semé en terre ; s’il ne meurt pas, il ne peut pas produire un arbre, encore moins du fruit. Le régime de Blaise Compaoré a fait son temps. Il a essayé de construire le Burkina avec ses imperfections et ses qualités. Son tort est de ne pas avoir su rendre le tablier à temps, afin que se poursuive le cours d’une histoire écrite depuis des générations : travailler à édifier une nation pleine d’espoir, de vie et de liberté. Le peuple burkinabé est fier de lui-même et avec lui, l’Afrique toute entière.