Les travaux du 45e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont déroulé les 10 et 11 juillet 2014 à Accra, la capitale ghanéenne, en présence de la majorité des chefs d’États de la zone. Des dossiers sanitaires, économiques, sécuritaires, entre autres, ont été débattus de cette rencontre de deux jours.
Des motifs de satisfaction et d’inquiétudes animent les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). À l’ouverture du 45e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’institution, le jeudi 10 juillet 2014, à Accra, les différentes interventions ont permis de cerner cette réalité. Devant la dizaine de ses pairs présents, y compris le chef de l’État burkinabè, Blaise Compaoré, le président du Ghana, président en exercice de la CEDEAO, John Dramani Mahama, a souligné les progrès réalisés dans l’espace communautaire. Il a évoqué l’adoption du Tarif extérieur commun (TEC) à compter du 1er janvier 2015, la bonne conduite du projet de la monnaie commune (l’Eco), l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et les efforts consentis, çà et là, en matière de libre circulation des biens et des personnes. Et sur ce dernier aspect, John Dramani Mahama s’est réjoui de la proposition d’introduire une carte biométrique commune pour les citoyens de la CEDEAO. Néanmoins, le président ghanéen a appelé tous les États-membres à étudier les voies et moyens pour lever les entraves (rackets, nombreux contrôles routiers…) afin de renforcer les échanges commerciaux. Ce qui ne fera que renforcer l’intégration, à son entendement. Toutefois, le président en exercice de la CEDEAO n’a pas fait mystère de ses angoisses, au sujet des attaques terroristes dans la sous-région, notamment avec la secte BokoHaram au Nigeria et l’occupation du Nord-Mali par des islamistes armées. Pour autant, il a affiché la « ferme » volonté de l’institution, dont il préside momentanément aux destinées, de continuer ses efforts dans la recherche de la paix et de la sécurité. L’autre cauchemar de John Dramani Mahama, c’est le virus Ebola, cette maladie foudroyante et contagieuse, qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest. En moins de six mois, a-t-il regretté, la pathologie a fait plus de 500 morts au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Conakry, selon les chiffres officiels. Ainsi, il a exhorté les uns et les autres à la poursuite des efforts pour contenir ce mal sans remèdes et sans vaccin. Le chef de l’État ghanéen a surtout plaidé pour que les institutions de recherche sanitaire, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fassent de leur mieux pour trouver la solution à ce problème. De son côté, le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, a partagé les avancées énumérées par le président ghanéen. Les inquiétudes aussi. Il dit ne pas perdre de vue les importants défis à relever par la communauté ouest-africaine. Il s’agit, notamment, de la continuation de la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé, la promotion de la régionalisation des projets et programmes de développement des pays, et la nécessité d’appliquer totalement les protocoles sur la libre circulation des biens et des personnes, en vue de l’accroissement des échanges commerciaux intracommunautaires. À l’endroit des chefs d’État, Kadré Désiré Ouédraogo a martelé ceci pour finir son speech: « Je voudrais vous donner l’assurance que les conclusions issues de vos délibérations seront mises en œuvre, par la commission, avec toute l’efficacité requise ».
Des progrès remarquables loués
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, lui également, a loué les « progrès remarquables » de la CEDEAO, dans la stabilisation du Mali et de la Guinée-Bissau. Non sans demander à l’institution de poursuivre dans ce sens. Il a eu la même invite, en ce qui concerne le développement économique et les efforts déployés pour contenir le virus Ebola. Au sujet de la lutte contre la secte BokoHaram, Said Djinnit a signifié le « plein » soutien de l’ONU au gouvernement nigérian. La porte-parole de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Dr Elham Ibrahim, n’est pas moins fière des progrès accomplis par la CEDEAO. À l’entendre, l’organisme ouest-africain, tout comme l’UA, a la vision d’une Afrique « pacifiée », « intégrée » et « économiquement développée ». Au nom de cette convergence de vue entre les deux organisations, elle a insisté sur la disponibilité de l’UA à coopérer avec la CEDEAO pour l’épanouissement du continent africain. Pour les travaux proprement dits, les chefs d’État se sont retirés pour un huis-clos, tout juste, après l’ouverture du Sommet. Et à s’en tenir à l’ordre du jour, ils ont à examiner le rapport préliminaire du président de la Commission de la CEDEAO, ceux de la 72e session ordinaire du Conseil des ministres, et de la 32e session du Conseil de médiation et de sécurité. D’autres préoccupations, telle l’épidémie d’Ebola, qui secoue la zone ouest-africaine et la situation au Nord-Mali, qui fera l’objet d’un dialogue entre le gouvernement malien et les groupes armées à Alger à partir du 16 juillet 2014, sont au programme. Mais d’ores et déjà, rien n’a filtré des échanges entre les chefs d’État, appelés à prendre des décisions à même de renforcer les acquis de l’espace CEDEAO.
Les présidents mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, tchadien, Idriss Déby, et camerounais, Paul Biya, ont été invités à ce Sommet pour leur contribution « inestimable » au combat contre le terrorisme, mais tous se sont fait représenter.