Depuis quelques années, Farida ZOUJ, auteure, compositrice et interprète, explore l'art de la scène et ne cesse de ravir son public avec son imaginaire poético-comico-sensuel. En 2006, elle participe à la bande de son de la pièce théâtrale de Pietro Pizzuti «Le silence des mères». L'année suivante, elle sort son premier album intitulé «Chienne de vie». Farida profite de l'occasion de la Commémoration des 50 ans de l'immigration marocaine en Belgique, pour présenter son nouveau spectacle « Ici Mimouna ». Un hommage artistique brillamment ficelé par Véronique Castanyer, qui signe une mise en scène régressive, touchante et originale, où cohabitent deux réalités, deux personnages féminins: Mimouna, la mère de première génération (1964) et Jamila, sa fille universitaire maroxelloise de la deuxième génération (2014). Seule en scène, Farida arpente l'espace où jaillissent musique, textes, témoignages filmés et surtout des émotions. À découvrir absolument dès janvier 2014.
Enfant, à l'écoute de Jacques Brel, Mireille Mathieu, Gérard Lenormand ou encore Claude François, Farida rêve de devenir chanteuse «Rêve que j'ai réalisé!» dit-elle.
Adolescente, elle se prépare à suivre des études pour devenir professeur d'éducation physique. Mais, immobilisée suite à un accident à la jambe, Farida choisit, bon gré, mal gré, de changer d'orientation professionnelle.
Farida : « Pendant cette longue période de convalescence douloureuse, je me suis posée un tas de questions : que vais-je faire, que vais-je devenir, qu'est-ce que j'aime faire ? ».Toutes ces interrogations m'ont amenées à opter pour des études en psychologie et en psychothérapie. Je me suis découverte être quelqu'un orienté introspection ».
Parallèlement à son parcours de thérapeute familiale, elle touche du doigt son rêve de devenir chanteuse. Elle est déterminée à s'exprimer sur scène. Elle chante en arabe, en français et en espagnol ses textes, ceux des autres, ce qui importe, ce sont les bouleversements que procurent les mots, chez elle, chez son public. La nostalgie s'avère être un moteur pour l'écriture. Lors de ses concerts, Farida se livre sur sa vie de femme belgo-marocaine, issue de la communauté musulmane, sur les inégalités, les injustices, sur ses joies et ses peines. Tout en métaphore, elle offre un beau déploiement scénique et visuel. Quand on lui pose la question à quoi fait référence « Chienne de vie », le titre de son premier album sorti en 2007 ? », Farida répond : j'ai eu un vrai coup de cœur pour un texte intitulé « Chienne de vie » de l'auteure Evelyne Bruyère. Un texte qui dénonce à la fois la rudesse et la beauté de la vie. Après ma rencontre avec l'auteure, j'ai choisi de mettre ce poème en chanson et de le placer en-tête de mon album. Un CD de douze titres, avec des chansons en français et en arabe, qui révèle un univers poétique, intimiste et une musique éclectique, qui flirte avec le Jazz et le répertoire classique. Lors de concerts, elle se produit avec beaucoup d'aisance, de passion et d'engagement, souvent accompagnée d'une ribambelle d'artistes belges.
De projet en projet, son envie d'échanges et de dialogues avec le public s'amplifie. Alors, tout naturellement, elle donne naissance au personnage de Jamila, puis à celui de Mimouna. Afin de mieux apprivoiser sur scène les deux héroïnes qu'elle porte en elle, Farida fait appel, en 2012, à la metteuse en scène, Véronique Castanyer. Farida : « Mimouna est un personnage totalement fictif, un concentré d'enthousiasme, de générosité, de bons sens et d'accents de toutes les mamans marocaines - y compris la mienne - rencontrées en Belgique et au Maroc, à des moments de ma vie. Au bout du compte, Mimouna est devenue un personnage joué en prélude à chaque chanson, pendant ses concerts, servant de passerelle entre les cultures pour son public, composé majoritairement d'Occidentaux. Farida : «Je suis fière de jouer ce personnage truculent ..., plus que Jamila, qui est un personnage plus cérébral, fille de deuxième génération élevée en Belgique, elle se pose continuellement des questions identitaires ..., un rôle plus proche de moi, en réalité».
Son désir de poursuivre la parenthèse des personnages « Jamila et Mimouna » l'amène, de fil en aiguille, à la création d'un projet « Ici Mimouna », en hommage aux 50 ans d'immigration féminine marocaine en Belgique. Par ce biais, elle compte aborder des sujets, tels que la transmission transgénérationnelle et intergénérationnelle, l'exil perçu par les femmes, la question de l'émancipation des femmes d'hier à aujourd'hui.
Savoir d'où l'on vient pour comprendre qui on est afin d'avoir conscience de son cheminement, tel est le principe du voyage initiatique.
Inéluctablement, Farida se laisse guider par son idée de départ, celle de raconter l'histoire de sa mère et de revoir son lieu de naissance. Elle décide donc d'organiser un voyage initiatique, dont l'objectif est de parcourir en sens inverse l'itinéraire suivi par sa mère dans les années 60 pour atteindre la Belgique.
Christian Van Cutsem du CVB-Videp prend part à ce retour aux sources, en tant que témoin et observateur externe. Il filme la mère et la fille, ainsi que les lieux, les instants de grâce, les rencontres et les retrouvailles. Ensemble, ils partent en voiture, plusieurs semaines en Algérie et au Maroc, en passant par Avignon, Marseille, Oran, Tlemcen, Ghazaouet, Almeria, Nador,Tanger, etc. Farida : « Un parcours douloureux, mais tellement réparateur pour ma mère. Par ailleurs, j'ai trouvé intéressant le fait de filmer tout le processus de création du spectacle « Ici Mimouna » et le voyage dans le but de les intégrer ensuite au contenu d'un coffret pédagogique, que je suis en train de développer en partenariat avec des organismes d'éducation permanente. D'une part, il y a le spectacle musical qui s'adresse à un public large, peu importe son histoire personnelle. Tout le monde peut s'identifier à Jamila et à Mimouna, car ce sont des figures qui suscitent toutes sortes d'émotions. Ce n'est que du bonheur ! D'autre part, il y a les outils du coffret pédagogique, qui visent à créer le débat et à faire réagir, à travers des jeux de rôles encadrés, la jeune génération issue de l'immigration marocaine. Dans son intégralité, ce projet a pour vocation profonde de laisser une trace de ces vies amenées un jour à disparaître, de soutenir aussi le dialogue interculturel, de renforcer l'identité auprès des jeunes, de désenclaver les inhibitions liées aux multiples cultures ou encore de promouvoir la cohésion sociale ». Clairement, le propos est assumé.
Le théâtre de la Place des Martyrs à Bruxelles sera donc le point de départ de lancement du spectacle «Ici Mimouna», dans le cadre de la Commémoration des 50 ans de l'immigration marocaine en Belgique. Le début d'une longue aventure, semble-t-il. Farida ZOUJ désire que le spectacle tourne tant en Belgique qu'en France, idéalement à Avignon.
L'interview arrive à sa fin et elle répond à la toute dernière question posée « une chose dont vous ne pouvez pas vous passer ? » «La conscience de soi-même, une notion très importante pour moi. Chaque jour, j'ai besoin de donner du sens à ce que je fais, à ce que je vis.»
Mise à l'honneur pour son parcours de femme exceptionnelle.
Il ne reste qu'à l'encourager, notamment pour sa nomination dans la très belle catégorie « Femme de l'année » aux Diwan Awards 2013-2014, dont la vision est de mettre en lumière et de récompenser les parcours remarquables et les actions phares souvent méconnus, des citoyens belgo-marocains. Le vote s’est définitivement clôturé le 28 décembre 2013.
Au Théâtre de la Place des Martyrs de Bruxelles, du 16/01/2014 au 15/02/2014.
Scénographie et mise en espace :
Véronique Castanyer.
Créations sonores :
Pascale Snoeck.
Créations images :
Christian Van Cutsem, Sophie Quinet et Philip Mullier.
Complicité musicale :
Sébastien Taminiaux et Rui Salgado.
Musiciens live :
Quentin Dujardin (guitare), Jalal El Allouli (violon et chant).
Production :
Interstices asbl avec le soutien du CAPT.
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