Article publié le 2014-03-11 par Innocent Ebodé Economie
Innovation technologique Un jeune Congolais invente un Smartphone 100% africain [10-11/2013]
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Vérone Mankou est un jeune homme de 27 ans qui veut marcher sur les pas des géants américains de l’informatique, Steve Jobs, le fondateur d’Apple, ou Bill Gates, le créateur de Microsoft. Il a lancé successivement, la première tablette tactile africaine et le premier Smartphone africain. L’aventure de ce surdoué de l’informatique, est en train de prendre la forme d’une success-story à l’américaine.

Les ambitions de Vérone Mankou sont claires : permettre aux Africains de disposer d’outils technologiques qui leur soient propres. Plus besoin pour eux de se procurer des tablettes et Smartphones américains (Apple) ou sud-coréens (Samsung Galaxy) qui sont souvent hors de prix.

Le nom de baptême des produits issus du génie créateur du Congolais, traduisent cette volonté. Le nouveau Smartphone s’appelle Elikia (espoir, en lingala, langue nationale au Congo). Sa société créée en 2009 et spécialisée dans les technologies mobiles, a pour nom VMK (Vumuka, « réveillez-vous » en Kituba, deuxième langue nationale). Quant à la tablette tactile, elle est baptisée Way-C (« lumière des étoiles », dans un dialecte du nord-Congo). La campagne promotionnelle du Smartphone, repose sur un slogan suggestif : « Soyez différent, premier Smartphone africain, conçu avec nos valeurs. » Tout un programme.

L’Africanité de ces projets technologiques étant fièrement affichée, ne reste plus qu’à mesurer leur fiabilité, leur performance et leur accessibilité. Elikia dispose de fonctionnalités qui n’ont rien à envier à ses ainés occidentaux ou asiatiques : écran tactile de 3,5 pouces ; mémoire RAM de 512 M0 ; processeur de 650 Mhz ; mémoire interne de 256 M0 (extensible jusqu'à 32 Go) ; appareil photo d'une capacité de 5 mégapixels. Il faut ajouter à ces fonctionnalités un gyroscope, une géolocalisation GPS et une connectivité sans limite grâce à son wifi et son Bluetooth.

Vérone a également soigné le design d’Elikia. Il est disponible en trois couleurs : blanc, rose et noir. Les principales applications (Facebook, Twitter, YouTube...) y sont consultables. Les trois principales compagnies privées de téléphonie mobile basées au Congo, se sont engagées à commercialiser la marque. Les coûts de ce Smartphone se veulent le plus démocratique possible. Elikia sera cessible à hauteur de 85 000 FCFA (près de 130 euros). A titre de comparaison, à Brazzaville (capitale du Congo), le prix d'un Blackberry avec toutes ces applications varie entre 150 000 FCFA (228 euros) et 300 000 FCFA (450 euros).

L’unité à 150 euros

Pour ce qui est de Way-C, la tablette tactile lancée en janvier, l’unité est vendue à 100 000 FCFA (150 euros). Il s’est, de l’avis même de son concepteur, bien comporté sur le marché : « La tablette Way-C a atteint ses objectifs à 100%. Pour preuve, nous n'avons plus de stock. Actuellement, nous travaillons sur le projet d'une nouvelle tablette qui sera disponible au premier trimestre 2014. La prochaine tablette pourra rivaliser avec les grands noms du secteur et demeurera accessible au plus grand nombre de gens. Son prix ne devra pas dépasser 300 dollars ».

Le jeune inventeur ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Après la tablette tactile et le Smartphone, il vient de mettre sur le marché, un téléphone plus basique : Elikia Mokè. Pourquoi se lancer dans le segment du téléphone de monsieur tout-le-monde ? Vérone répond simplement : « Dans un pays où le pouvoir d'achat est faible, les gens aiment faire des achats utiles. Il y a aussi d'autres consommateurs qui ont jugé qu'un téléphone tactile était compliqué à utiliser. Raison pour laquelle nous nous sommes mis à réfléchir sur un téléphone plus basique avec des fonctionnalités avancées. Notre vision est de permettre à tout le monde d'accéder à la technologie, à moindre coût ».

C’est à partir de l’âge de 7 ans que la passion de l’informatique s’empare de Vérone Mankou. Il a obtenu son bac en 2003. En 2005 il est admis au BTS, filière informatique. En 2006, son diplôme en poche, il rêve d’un projet d’informatique typiquement africain. Mais les moyens lui font défaut : « J'avais l'idée de faire un ordinateur portable qui serait vendu à 200 dollars. Je me suis rendu compte ensuite de la complexité et de la cherté du projet, car il fallait beaucoup de logistique, de fournisseurs et de travail. J'ai décidé en 2007 de faire une tablette à la place de l'ordinateur en supposant qu'elle serait plus simple et coûterait moins cher. L'internet m'a permis de faire avancer le projet jusqu'à le finaliser en 2009 ». Vérone est la preuve vivante que la jeunesse africaine a un potentiel et des atouts pour faire de l’Afrique un continent d’avenir.