Article publié le 2020-09-22 par Christine Haguma Diaspora
L’African Digital Story à Bruxelles
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L’African Digital Story à Bruxelles

Par Christine Haguma

Le musée de Tervuren à Bruxelles a accueilli la dernière étape de la tournée préparatoire du Sommet African Digital Story, en février dernier. Il s'agit du plus grand événement d’Open Innovation d’Afrique francophone. Plus de 100 tech et agents de changement sont venus de différents pays d'Afrique pour rencontrer la diaspora qui veut s'investir et investir dans la tech sur le continent africain. La grande finale du Sommet devrait avoir lieu du 16 au 18 avril à Kinshasa. Toutefois, elle a été reportée à une date ultérieure, suite aux mesures de lutte contre la Covid-19. Matina Razafimahefa, co-fondatrice de Sayna, basée à Madagascar, a remporté le pitch my app de Bruxelles. Elle pourra ainsi participer au Sommet African Digital Story, à Kinshasa.

Quelle collaboration peut-on développer entre les institutions publiques et les acteurs de la tech de la diaspora ? Quels sont les business tech qui marchent en Afrique ? Telles sont des thématiques abordées au cours de cette rencontre. Mais aussi quels sont les défis de l’industrie minière congolaise auxquels répond African Mining Lab ? Ce Lab est un centre d’innovation qui a pour mission d’apporter des solutions dans le futur aux questions stratégiques et opérationnelles des métiers de la mine. Et encore, comment l’incubateur Congolia encourage-t-il la création des startups ?

 

L’événement a été co-organisé par Publicis et Kinshasa Digital, en partenariat avec, entre-autres, la Présidence de la RDC, platinium, Texaf, Facebook Africa, Rawbank, Deloitte, Viva Technology, Brussels Airlines, Orange RDC, CMCT TCG, etc. Plusieurs personnes y ont pris part, notamment Dominique Migisha, conseiller du président de la RDC en charge du Numérique ; Luc Missidimbazi, conseiller du premier ministre RDC ; Thomas Strouvens, co-fondateur de Kinshasa digital ; Jean-Claude Eale, CEO CMCT et bien d’autres encore. Au regard des échanges, il est urgent de former les Africains au numérique pour contribuer au changement de l’écosystème en Afrique. A cet effet, quelques écoles et personnes ont présenté leurs solutions dans ce domaine.

 

Bibi digi, un projet accès sur la jeune fille et le digital, lancé en mars 2019 à Kinshasa, a été présenté par sa CEO, Sara Bopima. Ce projet consiste à sensibiliser la jeune fille congolaise à l’usage du digital. Il consiste à réduire la fracture numérique. Si la jeune fille ne s’approprie pas de cet outil, demain elle passera à côté de beaucoup d’opportunités. Bibi digi a commencé à faire des tournées universitaires pour sensibiliser les jeunes filles sur l’usage du digital. En partenariat avec Kinshasa digital academy, ce projet a offert des bourses à 5 jeunes filles pour qu’elles apprennent le métier du numérique. Mais pour avoir un réel impact, il faut un travail à long terme.

 

 

Comment rapprocher les demandeurs d’emploi du besoin à travers le numérique ?

L’école 241, fondée par Sylvère Boussamba au Congo Brazza, s’occupe de la reconversion pour des personnes qui ont un diplôme. La plupart d’apprenants à cette école sont détenteurs de masters dans des domaines différents mais ils n’ont pas d’emplois depuis quelques années car à peu près 50 % de jeunes sont au chômage. Cette école forme les étudiants de manière accélérée sur des référentiels de développeurs web mobile et de référent digital qui leur permettent de développer des compétences avec une pédagogie active qui les met eux-mêmes au centre de la formation.

 

Au terme d’une formation qui dure 8 mois environ, les apprenants se retrouvent en alternance, en entreprise. Pour la première promotion, l’école a réussi à faire 98 % d’insertion professionnelle. Cette académie s’occupe aussi des jeunes qui sont en situation de décrochage. Ici, le numérique est considéré comme un moyen de réduire les inégalités. L’année passée, trois des apprenants de cette école ont gagné le célèbre (TEF) Tony Elumelu Foundation pour les aider à créer des emplois.

 

Jean-Louis Mbaka, co-fondateur de Kinshasa digital et Kinshasa digital academy, une école des métiers du numérique, a lancé une formation, il y a un mois. Le but est d’insérer professionnellement des jeunes qui n’ont pas réussi à poursuivre des études dans le système traditionnel, faute de moyens financiers. Cette école accueille des jeunes pour les mettre en adéquation avec le marché du travail. Elle demande aux entreprises qui ont besoin de recruter, de sponsoriser leur formation. Sur 1000 personnes qui ont postulé, l’école a pu trouver le financement pour 40 personnes dont 40 % de femmes.

Être compétitive

Par ailleurs, avec schoolap, Pascal Kanik a l’ambition d’influencer le changement dans le système éducatif parce ce qu’aujourd’hui les pays africains ont un problème réel dans l’éducation. Les métiers d’aujourd’hui ne s’adaptent pas au système éducatif actuel. L’école est en train d’être remplacée par les nouvelles écoles. L’Afrique forme-t-elle quel type des diplômés pour quels types d’emplois ? La plupart d’écoles en RDC n’ont ni bibliothèque, ni internet. Elles dispensent le même enseignement aujourd’hui qu’il y a trente ans. Elles ne sont pas compétitives. Par conséquent, la petite expérience dans la diaspora peut s’avérer une grande expérience en Afrique.

 

L’internaute qui tape sur google : « Leçon d’histoire du Congo » est renvoyé sur Wikipédia. Mais qui a mis cette leçon là dessus ? Il l’ignore. Schoolap va mettre du contenu sur l’histoire du Congo. Il se positionne comme Wikipédia de l’enseignement officiel. Il aimerait réduire le temps d’apprentissage avec le numérique et ajouter du contenu qui viendrait des open classrooms. Cette académie a été connue, il y a deux ans, grâce à Kinshasa digital. Aujourd’hui, elle lève des fonds à l’extérieur. De plus, le chanteur compositeur Héritier Watanabe soutient cette initiative. Celui-ci a commandé plus de 200 tablettes pour doter des écoles qui vont impacter plus de 50 000 élèves. Il était présent à la rencontre de Bruxelles.

 

Matina Razafimahefa, co-fondatrice de Sayna, lancée depuis deux ans, a présenté le modèle économique de son académie. Sayna est une académie de codeurs qui déniche et forme les meilleurs développeurs juniors de Madagascar. L’école a formé 130 à 150 étudiants avec 60 à 80 % de taux de placement. Un jeune qui arrive à l’académie vit avec moins d’un euro par jour. Il ressort placé dans les entreprises locales avec 5 à 10 euros par jour. Cette académie ne reçoit pas de subvention. Ce sont des entreprises qui vont donner de l’autonomie aux étudiants pour qu’ils puissent financer leur propre formation. L’académie démarre des formations avec des talents pour lesquels elle va trouver des missions internationales. Ensuite, elle prélève 18 % sur leur salaire pour le remboursement de leur formation. D’autre part, Matina a été la gagnante du pitch my app de Bruxelles. A ce titre, elle pourra participer à la grande finale à Kinshasa. Elle a également reçu l’offre d’Africup et de Deloitte pour aller chercher des investissements à Tunis.

 

Outre le numérique, les industries créatives culturelles constituent des débouchés. Mohamed Zoghlami, co-fondateur d’Africup, a investi en Tunisie, dans une école spécialisée dans la 3D : les animations, les jeux vidéos, les effets spéciaux. L’industrie créative est la première industrie au monde mais elle est méconnue en Afrique. Tous les jeunes qui travaillent dans sa structure sont sûrs de trouver un job, d’après lui. En 8 ans, ils ont formé 10 000 jeunes.