La médecine traditionnelle est une aubaine pour l’Afrique. Elle constitue avec ses forces et ses faiblesses, un passeport santé pour les Africains. Loin de faire l’apologie d’une médecine spéciale ou miraculeuse, la médecine traditionnelle africaine doit être ou devrait être ce qu’est la médecine chinoise pour les chinois. Sans tambours, ni trompette, la médecine traditionnelle doit œuvrer, ici et maintenant, à écrire les plus belles pages de son histoire. La particularité de la médecine traditionnelle africaine est le fait de mettre l’accent sur la nature, le mystique et le sacré. Le soin par les plantes occupe la dimension centrale. Pour le tradithérapeute, les plantes constituent les items de son laboratoire. Il communique avec celles-ci et leur donne vie. Grace à sa familiarité avec les plantes et de par son expérience, le tradithérapeute ou le tradipraticien, c’est selon, trouve les remèdes qu’il faut à la maladie identifiée. Mieux, en Afrique, les soins médicaux ne se cantonnent pas seulement à guérir le corps mais aussi l’être tout entier. Cela se rapporte à créer une guérison qui va au-delà de l’individu et touche à sa famille et même souvent à sa lignée. Et, c’est ce que fait ressortir Amadou Hampâté Ba dans Amkoullel, l’enfant peulh : « En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement. C’est pourquoi, lorsqu’on veut honorer quelqu’un, on le salue en lançant plusieurs fois non pas son nom personnel (ce que l’on appellerait en Europe le prénom) mais le nom de son clan : « Bâ ! Bâ ! » ou « Diallo ! Diallo ! » ou « Cissé ! Cissé ! » car ce n’est pas un individu isolé que l’on salue, mais, à travers lui, toute la lignée de ses ancêtres. » C’est l’une des forces de la médecine traditionnelle africaine de soigner le corps mais aussi la lignée familiale lorsque cela s’impose. En Afrique, l’une des forces de la médecine traditionnelle est son accessibilité et son coût moindre. Pour favoriser une meilleure accessibilité de cette médecine à la population, de nombreux pays africains ont créé des cadres de collaboration entre celle-ci et celle moderne. Cette collaboration permet aux 2 médecines de mettre ensemble leurs expériences afin de créer une synergie d’actions à même de soulager les populations. Un exemple atypique des bienfaits de cette collaboration nous vient du Burkina Faso avec la lutte contre la drépanocytose. Selon le journal « Le Monde » : « Le Faca est né de la rencontre d’un étudiant en pharmacie et d’un guérisseur traditionnel burkinabés, au début des années 1990. Ce dernier lui fait découvrir deux plantes, le pommier de Sodome (Calotropis procera) et le fagara jaune (Fagara zanthoxyloides), capables d’atténuer les symptômes des malades atteints par la drépanocytose. De retour à la faculté de Ouagadougou, l’étudiant déclenche, sans le savoir, l’un des plus importants développements pharmaceutiques du pays. Grâce aux financements du gouvernement et de donateurs internationaux, la recherche avance. Une équipe belge identifie des molécules baptisées « burkinabines » en l’honneur du pays. En 2010, le médicament, fabriqué par U-Pharma, une société d’État, est commercialisé. Plusieurs prix nationaux lui sont décernés, le Faca fait la fierté scientifique du Burkina Faso. Valérie Sabatier, directrice des programmes doctoraux à Grenoble Ecole de management et experte en innovation, a mené des travaux sur ce business model unique ou presque : « Beaucoup de personnes que j’ai pu rencontrer sur place sont convaincues des vertus du Faca. Le traitement de référence international, cinq fois plus cher, est moins bien accepté par la population pour des raisons financières, mais aussi culturelles ». De nos jours, le FACA fait la fierté de l’Afrique et apporte de la joie aux familles et aux malades. A travers l’exemple du FACA, la médecine traditionnelle et celle moderne visent le même but : soulager et guérir. Elles doivent de ce fait travailler main dans la main.
Grosso modo, les bienfaits de la médecine traditionnelle sont incommensurables. L’Afrique gagnerait à les exploiter à fond car, lorsqu’on ne met pas en valeur ce que la nature donne gratuitement, il ne faut pas être surpris de voir quelqu’un d’autre se l’approprier.