«Comme un poison dans l’eau » est le dernier clip issu de l’album Indigo du rappeur togolais Elom 20ce. Dans cette œuvre artistique filmée sur l’île de N’Gor, au Sénégal, l’artiste s’offre la compagnie d’une des pointures de la scène hip-hop francophone, en l’occurrence, Le Bavar, du groupe La Rumeur. Dans ce clip, les deux icônes rendent hommage à Dona Ana Maria et Amilcar Cabral, militants de la cause guinéenne et cap-verdienne.
Pour Elom 20ce, le titre « Comme un poison dans l’eau » signifie que l’art va au-delà du hip-hop et de la musique. Pour lui, les artistes engagés sont« nocifs » pour un système qui avilit l’être humain. Il prend en exemple du continent africain notamment le rôle qu’ont joué les artistes dans la déstabilisation de certains régimes autocratiques. Passé maître dans l’art d’associer les archives visuelles, sonores et les récits des traditions orales, Elom 20ce affirme qu’il essaie de perpétuer la mémoire. « La transmission est un point qui m’intéresse beaucoup dans mon art », ajoute-t-il. Et de rappeler que dans les sociétés subsahariennes en général, l’artiste, le chanteur en particulier n’exprime pas que le beau, il est aussi passeur d’histoires. « J’essaie de projeter mes idées en me basant sur mon héritage culturel et celui de mes propres expériences. L’image, le son, le verbe sont mes outils », explique celui qui se considère comme « arctivist » (activiste musical).
Le rap africain est-il en danger face à la déferlante de la Naija music ? A cette question, il affirme que les médias préfèrent mettre en avant cette musique dansante (la Naija music) en écartant de plus en plus ce rap qui a des contenus militants. Mais il pense qu’il y a de la place pour tous les genres musicaux parce que le public africain et sa diaspora sont assoiffés de ce rap à textes.
Elom 20ce a plusieurs scènes et festivals à son actif, notamment au Togo, au Bénin, au Burkina, au Ghana, en Allemagne (Berlin & Halle), et en France (Paris, Rennes, St Malo, Nantes, Marseille) aux cotés de groupe comme La Rumeur et Ali (45 Scientific). Depuis 2004, il a officié sur plusieurs projets en Afrique, en Europe, aux USA et au Canada.