L’éducation, ce combat perpétuel et arme prééminente, constitue le socle de l’espérance sur lequel s’édifie le singulier modèle d’une nation souveraine et la valeur de sa richesse et de son patrimoine national. Dans le même ordre d’idées, John Fitzgerald Kennedy souligne: «nos progrès en tant que nation dépendent de nos progrès en matière d’éducation. L’esprit humain est notre ressource fondamentale». Avec ce fondement, l’Africain sort du monde profane de l’ignorance pour accéder au monde de la connaissance et du savoir pour être, vivre, grandir et progresser. En lui apprenant les règles de la vie et le savoir être, l’éducation lui permet de changer son propre visage et celui du monde qui l’entoure. Tel est le contour d’une éducation salutaire qui libère l’homme pour vaincre le spectre de la fatalité et construire les radieux chemins de sa propre destinée finale.
Pour ce faire, nos vieux sages conseillent vivement l’école des aïeux et celle de la sagesse pour forger une éducation de qualité en Afrique. Une éducation meilleure, couplée par la tradition et la modernité et, assise sur les investisseurs privés et non sur le rôle envahissant de l’État qui accentue l’échec scolaire et le désastre éducatif monstrueux.
L’initiation est le moyen utilisé par les sages pour enseigner, transmettre et léguer les valeurs ancestrales. Les huttes de palabres sont les lieux d’échanges et de partage où les anciens pétris de sagesse véhiculent leur culture, leur intelligence, leur expérience et leurs témoignages aux jeunes pour comprendre et appréhender les prodiges de la terre, les mystères de la vie et de la mort. C’est tout l’enseignement ancestral que nos aïeux Africains donnaient à leurs progénitures dans cette école des chefferies où le chef du village garant et porteur des vérités cachées dispensaient les cours par le biais des récits, des contes, des fables et par l’entremise des gestes, des paroles et des actes. C’est le principe de l’oralité qui était la voie idéale choisie par ces passeurs pour inculquer à la jeunesse le sens de la vie, le goût du travail, du commerce, de l’épargne, le respect de la nature, des biens publics, de l’autre…
C’est cette éducation incessante fondée sur les socles traditionnels que l’Afrique d’alors privilégiait pour élever l’enfant et lui ouvrir les yeux au bonheur et aux difficultés de la vie. Cette instruction ancestrale donnait à l’enfant né les repères à suivre et les valeurs à appliquer pour mieux se comporter dans la vie privée, sociale et professionnelle et de se conformer aux idéaux nobles et sublimes vantés par la famille. Dans cette école de la maison, l’enfant grandissait avec ses normes et ses préceptes moraux qui élevaient son cœur, sublimaient son âme et transcendaient son esprit en s’identifiant à ses ainés. Les parents étaient les modèles et l’enfant suivait à dessein ces idoles familiales avant de s’identifier aux stars ou héros extérieurs. C’est cette éducation familiale et culturelle traditionnelle que l’enfant suivait depuis son bas âge pour devenir lui-même.
L’Afrique d’autrefois cultivait cette richesse éducative coutumière pour former ses élites ou futurs bâtisseurs de l’Afrique Une. De nos jours cette vision éducative est effacée et disparue de l’école contemporaine arc-boutée dans les manuels alambiqués, hermétiques mimétiques et non didactiques pour construire des esprits et façonner les âmes capables de dépasser les déceptions, de surmonter les obstacles, de vaincre les difficultés, d’élaguer les écueils du chemin et de définir les caps pour forger leur destin de vie.
Cette réalité éducative est occultée par les dirigeants actuels qui n’ont guère fréquenté les écoles de sagesse, de l’amour et de la fraternité. Ces temples de la connaissance millénaire qui faisaient de l’ancien, l’être modèle imbibé d’humilité, de douceur et pétri de générosité et d’amour pour les autres. Ces hommes de lumière guidés par de grands principes. Ces vertus issues de cavernes anciennes où l’éducation socle de l’être renaissant magnifique fondée sur l’aide des rites, des symboles, des savoirs séculaires enfuis dans les annales et mémoires collectives.
A cette école des autres s’ajoutait celle de l’enfant lui-même. Cette école temporaire terrestre…celle où l’enfant apprend seul les rudiments de la vie. Car, «tout homme reçoit deux sortes d’éducation: l’une qui lui est donnée par les autres, et l’autre, beaucoup plus importante, qu’il se donne à lui-même» disait Edward Gibbon. Cette maxime trouve ses racines dans la pensée ancestrale et s’éclaire dans l’idée constructive avancée par Paul Valéry: «L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur…».
Dans ce sillage, l’approche traditionnelle de l’éducation africaine d’antan mettait l’accent sur la sagesse comme l’ultime étape de construction humaine, cette arme symbolique d’une éducation achevée.
L’homme Africain d’alors doit sa victoire et sa gloire par la richesse intérieure née de l’amplification en soi de la vertu de la conscience. Le développement personnel par le biais de la moralité reste l’unique voie de l’ascension de l’être vers les régions supérieures où réside la paix immuable. L’Afrique dépouillée de cette antériorité est vide de sa substance ancestrale qui faisait de lui l’être de sagesse et de lumière. L’illuminé au-dedans par les vérités d’en haut qui gouvernent ses idées et orientent ses actes constructifs. Ces âmes achevées ont disparu dans le monde Africain.
L’Afrique actuelle à la conquête de sa destinée est appelée à reconstruire les cavernes disparues et relancer ses enseignements supérieurs édifiants fondés sur les manuels et instruments ancestraux puisés dans le livre éternel de la nature. C’est le retour à l’antique sagesse… Cette foi à la doctrine et à la philosophie transcendantale de la nature et de l’univers vivant, véritable école de la terre que l’homme africain né dans ce monde de biodiversité que l’éveil de sa conscience s’activera et dynamisera l’énergie serpentine, motrice en lui pour lui faire sortir des chemins ombreux. - Car L’essentiel dans l’éducation, c’est l’éveil.- C’est cette prise de conscience morale et spirituelle que l’homme Africain trouvera une éducation élective et éminente qui lui permettra de comprendre le sens véritable de sa vie, et être un Homme construit, complet, achevé capable d’innover, d’inventer des stratégies opératoires pour sortir de la géhenne et de sa propre crise. -Un esprit jadis vide transformé en esprit ouvert-. Cet être accompli par l’éducation intégrale qui est à même de bâtir des projets rentables, de définir les ambitions certaines et gouverner le monde avec un idéal élevé d’unité et de paix sociale.
L’éducation salvatrice passe par l’insertion de l’homme dans les filières de l’informatique, du sport, de l’art, de l’économie, du droit, des sciences, des lettres et des sphères morales, spirituelles, cosmiques dans sa mission d’être et de vie.(– Léonard de Vinci était à la fois ingénieur, mathématicien et artiste, Léopold Sedar Senghor fut un homme d’état, écrivain et poète, Mandela prix Nobel de la paix, un avocat et un homme politique de premier plan-). Cet esprit de beauté et de lumière qu’il pense, rêve être et devenir pour se réaliser et s’accomplir sur cette terre. L’homme Africain est appelé à mettre en avant cette éducation éminente et globale pour vaincre ses peurs, ses angoisses, ses atermoiements, ses indolences, ses complexes et son pessimisme ambiant. C’est en se débarrassant de ce vétuste manteau que l’Africain nouveau deviendra l’artisan rayonnant de son propre développement intérieur et le bâtisseur d’une croissance économique, sociale, culturelle qui fera de l’Afrique un continent puissant, inégalé et incomparable. A la hauteur des grands champions qui ont vaincu le spectre de la dette, du chômage et de la misère sociale.
En somme, la vraie éducation en Afrique passe par le retour aux principes d’hier et aux valeurs cardinales des anciens. L’éducation arme de liberté et de l’émancipation d’un esprit asservi, devient avec l’Afrique changée, métamorphosée par la prise de conscience collective, une Afrique nouvelle au visage étincelant. Une Afrique émergente assise sur le socle doctrinal d’une éducation traditionnelle élevée et éclairée par les lumières de la modernité. C’est de ce savoureux et délicieux mélange de deux principes que l’Afrique sortira du cercle nébuleux d’un tourbillon éducatif. Dans l’ère du numérique, de «l’éducation réinventée»[1], l’Afrique a besoin des reformes de fond pour améliorer son système éducatif et être dans le temps. Il importe de se doter des matériaux sophistiqués ou de hautes technologies (ordinateurs, vidéos…), d’insérer les nouveaux rythmes scolaires et d’incorporer les activités périscolaires (populaires, gratuites) pour orienter l’enfant vers les disciplines sportives ou autres activités (loisirs).
Le système éducatif actuel est renfermé dans les méandres du modèle étatique qui étouffe l’énergie galvanisatrice du secteur privé. Cette source est propice et productrice d’une éducation de qualité fondée sur les investissements rentables. C’est le fameux triptyque chéque-éducation, apport de la diaspora et aide des institutions mondiales ou bailleurs internationaux qu’il faut privilégier en Afrique pour répondre positivement au slogan de l’éducation pour tous (EPT). Cet objectif majeur soutenu par l’UNESCO et appuyé par les États Africains pour sortir l’éducation africaine de sa somnolence née de la montée de l’illettrisme, de l’alphabétisme et du lancinant problème des échecs scolaires qui touchent les populations pauvres.
L’Afrique doit mettre sur pied les systèmes éducatifs qui donnent la plus grande place au rôle des parents dans l’investissement de l’école de leur enfant et de donner plus d’autonomie aux enseignants de participer plus activement à l’élaboration des programmes qui répondent aux besoins des enfants. -Ces enseignants doivent être bien formés dans les écoles spécialisées-. C’est la décentralisation qui est l’approche stratégique favorable pour donner à l’éducation en Afrique la chance de réussite et de succès. Longtemps orientée par l’État, l’éducation cherche à se doter de moyens substantiels pour se développer.
La diaspora africaine est un recours précieux pour améliorer le système éducatif du continent. Les flux financiers issus de la diaspora ne cessent d’augmenter vers l’Afrique. De nombreux États africains ont bénéficié des mannes suscitant l’initiative privée et créant des unités de productions génératrices d’emplois. Ces enfants africains vivant à l’étranger ont un rôle capital à jouer dans l’essor de l’éducation du continent. Leur aide a, considérablement, permis de construire les écoles privées dotées des matériaux modernes issus de nouvelles technologies et des programmes crédibles à l’image des grandes écoles occidentales.
Avec l’aide de financement des institutions financières (FMI et Banque mondiale), des ONG, les organes bénévoles, caritatifs et d’autres bailleurs internationaux, l’éducation en Afrique s’est améliorée et présage des lendemains meilleurs. Des campagnes d’aide et de sensibilisation aux victimes de sida et d’autres maladies endémiques ont permis à ces populations de bénéficier des formations utiles. L’éducation favorable à la santé a été opératoire pour sauver ces malades et les maintenir en forme et en vie. L’apport de ces nombreux flux étrangers favorise amplement le développement de l’éducation en Afrique. En soutenant les plans et programmes de l’enseignement et de formations sur place et en apportant des matériaux nécessaires pour sortir l’éducation africaine de sa léthargie, de la pénurie, de soutien d’aide et de construction.
L’éducation en Afrique est fort capitale pour endiguer la crise qui la cisaille et la pauvreté qu’elle sécrète. Avec la priorité accordée à l’éducation de base, l’homme africain sera à même de s’élever, de grandir et d’évoluer en devenant un acteur capable de créer des modèles de développement et de croissance économique. L’éducation est la boussole qui oriente l’Afrique devenue libre et non asservie de construire sa vie en conduisant le train de sa destinée. Cette œuvre édifiée passera par la primauté accordée à l’initiative privée pour mener à bien les stratégies et systèmes éducatifs libéraux et constructifs. Ce modèle est générateur d’emploi et du capital humain essentiels pour l’essor d’une éducation meilleure impulsée par la dynamique de l’approche libérale. L’avenir de l’éducation en Afrique repose sur les piliers des investissements rentables de la diaspora, des institutions financières internationales et des organes privés mondiaux. L’école africaine d’aujourd’hui qui marche s’élabore, s’enrichit et se développe avec ces flux riches et substantiels reculant l’alphabétisme, engendrant l’élite, l’expert, le décideur et l’Homme d’Etat capable de construire l’Afrique Une. En un mot, le sublime rêve créateur d’une éducation pour tous, riche et prospère.
[1] Voir le livre de SALMAN KHAN : l’éducation réinventée édition JC Lattès, Paris 2013