Dans son discours d’investiture le 22 janvier dernier, le 24e président du Liberia a promis de s’attaquer aux problèmes économiques et sociaux du pays. Lutter contre la corruption, d’apporter son aide au secteur privé, contribuer à la formation des jeunes, assurer la transparence dans tous les secteurs et assurer le respect des droits et la démocratie, telles étaient les cinq promesses faites par George Weah après son élection.
Après sa prise de fonction, Mister George a dû faire face à plusieurs difficultés, entre les caisses vides et une administration en déliquescence, il fallait une remise à plat pour repartir de bons pieds. Par ailleurs, pour mener à bien la mission pour laquelle il a été porté à la tête de l’État, il a fallu plusieurs semaines à George Weah pour mettre en place son cabinet. Face aux espoirs placés en lui, George Weah a commencé son mandat de six ans avec l’annonce de plusieurs mesures symboliques. Dans son premier discours sur l’État de l’union, fin janvier, il a annoncé une baisse « avec effet immédiat » de 25 % de son salaire et appelé les parlementaires devant lesquels il s’exprimait à suivre son exemple.
Pour ses proches collaborateurs, il est « concentré » et « déterminé ». Cela suffit-il ? Selon Jeune Afrique, l’ex-footballeur tâtonne. Alors que ses premières semaines au pouvoir ont été essentiellement occupées par la constitution d’un cabinet, il a du mal à convaincre. Le président doit faire face au manque de personnels qualifiés au sein de l’administration et pour cause, des novices ont été propulsés dans l’administration. En outre, certaines nominations aux postes ministériels ont fait grincer des dents. C’est le cas, du ministre de la justice, l’ancien avocat, Charles Gibson qui a dû se retirer parce que accusé de détournement d’argent. J.A rapporte que la réforme de la constitution devant mettre fin à l’octroi de la nationalité libérienne aux seuls « gens de couleur » et permettre aux libériens d’avoir une double nationalité n’a pas encore été amorcée. Pas plus que celle censée autoriser les étrangers à posséder des terres, pour attirer les investisseurs.
Mister George a multiplié les voyages de séductions auprès des capitales africaines et en France sans succès pour l’instant. « « A Paris, nous voulions une aide financière d’Emmanuel Macron, mais nous ne l’avons pas reçue. A Abuja, nous sollicitions l’envoi de professeurs nigérians au Liberia auprès de Muhammadu Buhari, mais nous ne l’avons pas obtenu », affirme un membre du cabinet de Weah. Alors que seulement 19% du pays a accès à l’électricité, les travaux ont débuté pour raccorder de nouveaux quartiers. Le président a choisi de reporter l’annonce de son vaste pro-poor agenda (programme pour les pauvres).
Par ailleurs, le nouveau régime est critiqué et pour cause trois frères du président ont été embauchés au port de Monrovia avec des avantages salariaux confortables par rapport aux autres travailleurs. Du népotisme, clament certains Libériens. Un groupe local de surveillance anti-corruption, le Centre pour la Transparence et la Responsabilité au Liberia (CENTAL), a publié, en juin, à Monrovia son premier rapport sur les 100 jours de l'administration du Président George Weah. Ce rapport a fait état de graves manquements au respect de l'intégrité, aux violations des lois sur les nominations et à la déclaration des biens, révèle le site ivoirien, Koaci. Dans le rapport, le CENTAL a estimé que « le Président Weah a nommé des personnes bien intentionnées à divers titres au gouvernement, mais quelques hauts fonctionnaires ont des antécédents médiocres d'intégrité ». Le rapport mentionne deux violations des lois sur les nominations depuis l’entrée en fonction de l’actuel gouvernement, entre autres, la nomination de l'ancien député, Gabriel Nyenkan à la tête du Secrétariat de l'initiative pour la transparence des industries extractives au Liberia et l'ancien président du parlement, Emmanuel Nuquay en tant que directeur général de l'Autorité de l'Aviation Civile du Liberia qui n'a aucune expérience en aviation.
Pour Gerald D. Yeakula, le directeur de programme de CENTAL, l’évaluation faite sur les trois premiers mois de la gestion de Weah n’est pas suffisante, mais le résultat pourrait permettre de révéler des caractéristiques, des préférences politiques, ainsi que des priorités du nouveau régime.