L’accès à l’énergie a toujours été une lutte permanente pour les États africains. Depuis la nuit des temps, avoir de l’énergie à satiété sur le continent semble être un luxe. Pourtant, la ressource est là. Disponible. La problématique de l’accès à l’énergie en Afrique ne se pose pas en termes de disponibilité mais plutôt en termes d’exploitation, en termes de capacité à mettre en valeur ses ressources énergétiques. Des grands lacs au Mali, en passant par la Côte d’Ivoire et en faisant un tour en Afrique du Sud, les ressources énergétiques du sous-sol africain donnent le tournis. L’uranium au Mali est un scandale géologique. Le cobalt, le fer, le coltan sont des eldorados pour les multinationales dans la corne de l’Afrique. Le barrage d’Akossombo au Ghana est un vivier électrique. Avec toutes ces ressources géologiques, énergétiques, il faut le reconnaître, notre continent n’est pas parvenu à s’autosuffire sur le plan énergétique. Or, la révolution énergétique est possible. Elle est même la clé pour le salut des Africains en matière d’accès à l’énergie. Chaque pays africain a, au moins, une source d’énergie qu’elle peut promouvoir pour s’autosuffire. Le Burkina Faso a un soleil de qualité. Le Mali a de l’uranium à crever les yeux. Le Nigeria a du pétrole à gogo. La RD Congo est un scandale géologique. Le sous-sol de la Guinée-Conakry est riche en ressources minérales. Et, la liste n’est pas exhaustive.
Depuis plus de deux décennies, les pays africains se sont tournés vers la promotion des énergies renouvelables. Celles-ci ont conquis le cœur des Africains, au vu des retombées bénéfiques tirées de ces technologies. Les énergies hydraulique, géothermique, éolienne, solaire, et la biomasse s’installent dans le mode de vie d’exploitation quotidienne des particuliers, des entreprises, des industries et des sociétés. Face à la flambée des prix du baril du pétrole, ces Technologies d’Énergies Renouvelables (TER) se présentent comme une aubaine pour l’Afrique. Les coûts d’investissement et d’exploitation de ces technologies, relativement moins élevés, permettent au plus grand nombre de s’en procurer. En 2001, sur le continent, la capacité hydraulique totale installée en Afrique était d’environ 20,3 GW et la production d’environ 76 000 GWh/an. Environ 23 % étaient situés en Afrique du Nord, 25 % en Afrique de l’Ouest et les 51 % restants en Afrique méridionale, centrale et orientale. À cette date, la contribution de l’hydraulique dépassait 50 % de l’électricité dans 25 pays, et plus de 80 % en Angola, au Burundi, au Bénin, au Cameroun, en République Centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), en Éthiopie, au Kenya, en Guinée, au Lesotho, au Congo Brazzaville, au Malawi, au Mozambique, en Namibie, au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie, selon l’étude réalisée par Ayago WAMBILE, Stephen Karekezi, John Kimani, en 2007. Avec l’évolution de la technologie, les zones rurales les plus reculées des pays africains ont accès au biogaz grâce à des installations à moindre frais et subventionnées soit, par l’État soit, par des partenaires techniques au développement.
La solution énergétique de l’Afrique viendra incontestablement de ces technologies. Pourquoi ? Pour trois raisons. Premièrement, les énergies renouvelables coûtent deux fois moins cher que l’énergie thermique. Deuxièmement, le climat africain est propice à l’installation et à l’utilisation de ces technologies. Troisièmement, face aux menaces dues à des changements climatiques, ces technologies se présentent comme le meilleur outil de préservation de l’environnement. Non seulement, elles luttent contre la déforestation, mais aussi, contre la production des gaz à effet de serre. Au sud du Sahara, la technologie du biodigesteur permet de fournir de l’électricité et du gaz à des milliers de ménages en zone rurale. L’énergie hydraulique, par exemple, nécessite la construction de barrages. De grands lacs, tels que celui d’Akosombo au Ghana sont des exemples en la matière. Au mieux de sa capacité, ce genre de retenue d’eau peut produire de l’électricité pour la majeure partie des pays de l’Afrique de l’Ouest. Au Maroc, le plus grand parc d’énergie éolien est capable de produire de l’énergie pour les pays limitrophes du Royaume chérifien. Quant au solaire, il est l’élément le plus disponible sur le continent, et de qualité. Le Burkina Faso, par exemple, dispose de 3500 heures de soleil par an. Avec une radiation solaire moyenne de 4,5 à 6,5 kWh/m² par jour (contre 2,5 en Europe), l’Afrique du Sud a l’un des climats les plus ensoleillés de la planète. Cette ressource est actuellement utilisée dans différentes filières : les capteurs thermiques qui la convertissent en chaleur et les panneaux photovoltaïques qui la transforment en électricité. Comme le disait Georges Bataille dans «la Part maudite», paru en 1949, «la source et l’essence de notre richesse sont données dans le rayonnement du soleil, qui dispense l’énergie - la richesse - sans contrepartie. Le soleil donne sans jamais recevoir...».
Les technologies des énergies renouvelables ont besoin d’être promues en Afrique. Pour cela, il faut non seulement de la volonté politique mais aussi, élaborer des stratégies de développement qui prennent en compte l’installation de ces technologies dans les pays africains. Car, qui veut aller loin ménage sa monture. Si l’Afrique veut aller loin, elle doit ménager ses finances dans le domaine de l’énergie afin d’investir dans celles qui sont moins coûteuses pour les gouvernants et les populations. Le salut de l’accès à l’énergie pour tous sur le continent viendra de la promotion et de l’utilisation des énergies renouvelables.