Dans le petit monde du tourisme d’affaires, Kigali a créé la sensation : à l’occasion de la publication du dernier classement de l’International Congress and Convention Association (ICCA), en juin, la capitale rwandaise s’est hissée au troisième rang africain par le nombre de congrès accueillis. « En 2016, nous avons accueilli 42 conférences [dont 18 ont été retenues pour le classement de l’ICCA] et nous visons le chiffre de 50 pour 2017 », explique Frank Murangwa, directeur exécutif du Rwanda Convention Bureau (RCB, l’office des congrès du Rwanda).
Cet organisme a été créé en 2016 pour appuyer le développement du secteur décidé par le gouvernement. « Créateur d’emplois et générateur de devises, le tourisme a été identifié il y a plusieurs années comme un pilier important pour le développement du Rwanda, mais le pays était surtout connu pour ses animaux sauvages et ses parcs naturels. Le tourisme d’affaires, lui, a été plus récemment ciblé comme un segment à fort potentiel. Une stratégie a donc été mise sur pied et adoptée en 2013 », explique Murangwa.
Autonome et structuré comme une société privée, le RCB est aujourd’hui totalement détenu par l’État, mais pourrait ouvrir dans quelques années son capital à des professionnels du secteur. Son directeur exécutif est à la tête d’une équipe de 35 personnes. Leurs missions : veiller à la qualité des conférences, répondre aux appels d’offres pour les grands événements ou encore promouvoir la destination Kigali à travers le monde. Sur le papier, le Rwanda ne semble pas particulièrement propice au tourisme d’affaires : situé dans une zone troublée – avec le risque terroriste en Afrique de l’Est et l’instabilité congolaise à l’ouest –, (très) loin de la mer et pas vraiment au centre des axes logistiques mondiaux. Pour compenser ces faiblesses, le pays table sur son climat doux, ainsi que sur la propreté, la sécurité et l’aménagement de Kigali, qui compte désormais 8 000 chambres. En un an, avec l’accompagnement actif du gouvernement, quatre hôtels 4 et 5 étoiles ont ouvert leurs portes – Radisson Blu, Marriott, Park Inn by Radisson et Ubumwe Grand Hotel –, ajoutant à eux seuls près de 900 chambres. Un Sheraton et un Onomo sont aussi annoncés. Inauguré en 2016 et géré par Radisson, le Kigali Convention Centre offre sous son immense coupole un centre de conférences de standing international doté d’une capacité d’accueil de 2 600 personnes. Cette structure est venue en complément du Kigali Conference and Exhibition Village, qui accueillait jusque-là les principaux événements.
La politique pour l’obtention du visa a également été largement assouplie et les ressortissants de nombreux pays (africains notamment, mais aussi occidentaux) peuvent désormais accomplir cette démarche à leur arrivée dans le pays. La restructuration de Rwandair et son déploiement vers le reste de l’Afrique, et même vers l’Europe, l’Inde, Dubaï et les États-Unis, permettent d’accompagner la stratégie de tourisme d’affaires. Turkish Airlines, KLM ou Brussels Airlines opèrent également sur le tarmac de Kigali. « En 2016, nous avons accueilli 36 000 touristes d’affaires pour 47 millions de dollars de recettes, se réjouit Frank Murangwa. Ce chiffre croît de 25 % par an. »
Il y a trois ans, Kigali se classait au 24e rang africain de l’ICCA, avec environ 15 000 touristes d’affaires. Pourrait-elle talonner demain Le Cap, Mecque continentale des congrès ? « Une attention croissante est portée à la question du coût de ces conférences, indique Corne Koch, directrice de l’office des congrès de la ville sud-africaine. Kigali pourrait utiliser cette tendance et en faire un des principaux arguments pour convaincre les planificateurs qui envisagent des destinations “de second rang”. La capitale rwandaise devrait également continuer à amplifier son offre d’économie du savoir. »
L’avenir de nombreux investissements dépend de la réussite de la stratégie du RCB : le développement du Kigali Convention Centre, qui a pris plus de sept ans, a en effet officiellement coûté 300 millions de dollars (260 millions d’euros), financés par la dette publique. L’État prendra aussi en charge le développement du futur aéroport international de Bugesera, doté d’une capacité d’accueil de 1,7 million de passagers par an, dont la première phase est à elle seule estimée à plus de 400 millions de dollars.
Il y a trois ans, Kigali se classait au 24e rang africain de l’ICCA, avec environ 15 000 touristes d’affaires. Pourrait-elle talonner demain Le Cap, Mecque continentale des congrès ? « Une attention croissante est portée à la question du coût de ces conférences, indique Corne Koch, directrice de l’office des congrès de la ville sud-africaine. Kigali pourrait utiliser cette tendance et en faire un des principaux arguments pour convaincre les planificateurs qui envisagent des destinations “de second rang”. La capitale rwandaise devrait également continuer à amplifier son offre d’économie du savoir. »
L’avenir de nombreux investissements dépend de la réussite de la stratégie du RCB : le développement du Kigali Convention Centre, qui a pris plus de sept ans, a en effet officiellement coûté 300 millions de dollars (260 millions d’euros), financés par la dette publique. L’État prendra aussi en charge le développement du futur aéroport international de Bugesera, doté d’une capacité d’accueil de 1,7 million de passagers par an, dont la première phase est à elle seule estimée à plus de 400 millions de dollars.